Cette année, je m’offre un truc unique, hors de prix, du jamais vu… Cette année, je sors le grand jeu, je mise le tout pour le tout, je donne TOUT…
Cette année, alors que je regarde les bougies brûler sur la table basse, les loupiottes des voisins qui brillent la nuit… je mets le plus beau des cadeaux sous le sapin et il sera pour moi !
Cette année, je cale mon nez dans mon écharpe, je laisse la pluie caresser mon visage, je marche contre le vent et je me m’empêche de fuir face à la tâche…
Cette année, je retourne ma veste, je sucre mon café, je croque la vie à pleines dents, je me jette à l’eau…
Cette année, pour Noël, je m’offre LE PARDON !
Cette année pour Noël, j’efface l’ardoise de mes factures personnelles, celles dont je me fais encore payer le prix le plus fort.
Cette année pour Noël, j’ouvre la main et je lâche les débris de l’assiette que j’ai cassée… et si ma main saigne encore, si les reproches que je me fais sont comme des croutes que j’arrache avant qu’elles ne guérissent, eh bien je vais soigner mes blessures et leur laisser le temps de guérir : je laisse cicatriser.
Cette année, j’ose me dire :
« C’est bon, finie la guerre interne : on pose les armes »
Cette année, je jette au feu les rancunes qui rythment inlassablement mes pensées les plus noires.
Cette année, le plus beau cadeau, ce sera le mien et je me le donnerai moi-même.
D’une voix douce mais ferme, je me murmurerai à l’oreille :
« Tu as foiré, c’est vrai. Ton erreur a des conséquences (et pas seulement pour toi), peut-être même que ce qui s’est ce qui s’est passé est très grave et la souffrance causée énorme… Mais, c’est passé. C’est fini, ne te punis plus pour ça. »
Cette année, je prends en main les erreurs qui me tourmentent, je les regarde, j’admets que j’ai failli.
Peut-être que c’est aussi le moment de faire des excuses à certaines personnes… Je ne détourne pas le regard, je ne relativise pas, mais ces excuses, je les pose pour de vrai.
Cette année, alors que la culpabilité me ronge peut-être encore au plus profond de moi, je respire un instant plus profondément et je fais le deuil.
Le deuil de quoi ?
Je fais le deuil d’être toujours une « bonne personne » qui prend toujours de « bonnes décisions » et qui ne fait jamais de mal aux autres…
Je fais le deuil de cette version de moi-même « première de classe », « Jackie Kennedy » ou « supermaman ».
J’accueille celle que je suis avec ses erreurs (les grandes et les petites), ses bourdes, les coups bas qu’elle a faits, les occasions qu’elle a ratées, les mots qui sont sortis trop vite et que l’on regrette une vie durant.
Cette année, je m’assieds à côté de moi, je pose la main sur mon épaule et je me parle gentiment :
« C’est passé, je te pardonne. Ça arrive. D’ailleurs, c’est arrivé et les conséquences, tu en fait les frais. Alors, ne rajoute pas encore plus de douleurs à la douleur qu’il y a déjà. »
Cette année, je me pardonne. Je soulève le vieux sparadrap collé sur mon cœur et je laisse sortir le pus qui s’est accumulé : je laisse respirer la plaie.
Mais comment faire, me diras-tu ?
Comment peut-on faire ça ?
Chère Fabuleuse, je suis bien incapable de te donner une méthode que j’aurais testé et dont je pourrais te promettre l’efficacité à tous les coups.
En fait, je n’en sais rien, je veux juste essayer. En vrai, cette méthode, je voudrais la vivre pour montrer à mes filles qu’on peut se pardonner.
J’aimerais tant qu’Ann-Céline, Emma et Pia sachent que nous savons qu’elles feront des erreurs dans la vie, peut-être même très graves, mais qu’il est possible de se pardonner à soi-même.
Dernièrement, je leur ai raconté l’histoire d’une ancienne camarade d’université qui avait provoqué en accident ayant causé la mort d’un jeune garçon.
Je leur ai dit :
« Vous voyez, on fait tous des erreurs et on doit vivre avec leurs conséquences. Tout simplement parce que nous sommes humains et que parfois, les humains font des bêtises : moi aussi, vous aussi, cette étudiante aussi. C’était terrible pour elle. J’espère d’ailleurs qu’elle a pu retrouver un peu de paix malgré cet accident et la culpabilité qui l’accablait et menaçait de l’engloutir. J’espère qu’elle a pu se pardonner. »
Mais mes mots sur le pardon ne valent rien si je ne leur montre pas que je peux le vivre.
Les enfants connaissent nos tourments, ils savent comment nous nous rongeons les sangs pour certaines mauvaises réactions que nous avons, ils lisent entre les lignes.
Alors, j’aimerais tant leur montrer que c’est possible.
Cette année, je veux me donner le cadeau du pardon au lieu de tenir une liste personnelle d’auto-accusation.
Je veux m’écrire à moi-même une lettre bienveillante. Cette lettre, ce sera comme une clé dans la serrure du pardon, pour ouvrir la porte d’une liberté plus grande.
Alors voilà ce que je te propose :
Décider (et reprendre cette décision aussi souvent que nécessaire) de t’offrir ce cadeau.
Tu peux « l’emballer » dans une chanson que tu aimes et qui sera ta « chanson du pardon ».
- Certaines aimeront en faire une prière, d’autres auront besoin d’en parler à une personne de confiance (parce que si la honte rend muet, la parole libère),
- Certaines aimeront brûler leurs « factures » dans la cheminée et voir le tout disparaître,
- D’autres auront besoin de beaucoup de temps pour oser s’aventurer sur ce chemin (et ça n’est pas un problème : les cœurs ont besoin de temps pour guérir, les blessures sont parfois très profondes et nous sommes parfois nos pires bourreaux).
Osons la bienveillance envers nous-mêmes…
Osons les mots suivants :
« Ma chère Rebecca, je connais bien la liste des tes gaffes, de tes bourdes, de tes erreurs, je sais que tu es la première à te les remémorer quand tu te plantes de nouveau…
Mais cette année, pour Noël, je t’accepte comme tu es, et je t’invite à laisser la culpabilité s’en aller pour tenter de trouver la paix avec toi-même.
Tu sais, tu es juste une personne humaine avec tout ce que cela implique et c’est bien comme ça. Si tu peux apprendre de certaines erreurs que tu as faites, alors apprends tout ce que tu peux. Si tu fais encore et toujours la même erreur sans sembler t’en sortir, cherche un peu d’aide, un nouveau chemin, un guide… Ne sois pas si dure avec toi. Je te demande juste de faire un pas vers toi, un petit pas à la fois, avec patience et bienveillance.
Et je m’engage à te pardonner toujours de nouveau. Je ne te laisserai pas tomber.»