Telle est la question.
C’est en tous cas la question du moment chez les Fabuleuses. Depuis quelques semaines maintenant, on vous parle d’aide, d’écoute active, d’entraide entre mamans. On vous a concocté un ebook, on prépare même un événement.
On vous explique que vous pouvez aider.
Pour apporter ma petite pierre à ce nouveau fabuleux édifice, j’ai envie de vous raconter une petite histoire. Celle d’un coup de fil reçu au printemps dernier.
Voici la situation : je profite d’une semaine sans enfants – chose rare et précieuse – pour m’offrir une balade sur la plage après le travail (car oui, si je n’ai ni la chance de pouvoir sortir au théâtre un soir de semaine ni la possibilité de me faire livrer des sushis à domicile, j’ai le privilège d’habiter près de l’océan).
C’est alors que mon téléphone se met à vibrer.
Sur l’écran s’affiche le nom d’une personne que j’admire infiniment, que je côtoie depuis un petit bout de temps grâce à mon métier de journaliste et avec qui j’ai commencé à collaborer sur des projets d’écriture. Hélène Bonhomme.
Résumé de la discussion ?
« On a besoin de toi ! Au-delà de ta casquette de journaliste, on est sûrs que tu serais d’une grande aide pour les mamans. »
Moi, aider les mamans ?
Retour quelques semaines en arrière. J’étais au show d’Hélène Bonhomme à Paris et, assise à côté de ma plus vieille amie, je pleurais. Je pleurais d’émotion. Celle de se sentir comprise, rejointe dans ce que je vivais et dans ce que j’avais traversé. Certes, il y avait les mails du matin, puis les formations proposées par Hélène, et surtout, celle du Village : un parcours de formation plus long, et surtout, un soutien précieux entre mamans.
Mais là, tapie dans le noir de ce théâtre, je me sentais connectée, comme jamais auparavant, à d’autres femmes qui, comme moi, en avaient bavé, en bavaient encore et continueront d’en baver, mais qui avaient décidé de sourire.
Ce show des Fabuleuses fut pour moi le signe d’un retour à la vie, une sorte de nouvelle naissance. Une étape dans ma vie de femme et de maman, en mode « avant/après ». Avant : il y a eu la maladie, ma longue convalescence, le retour au travail, la construction de mon couple, l’arrivée de mon premier enfant, le départ de Paris, l’arrivée à la campagne, le chamboulement de la découverte du handicap, l’arrivée du second…puis une vague, une bonne grosse vague dont j’ai bien cru qu’elle aurait raison de moi.
Ces matins où la boule au ventre se fait sentir alors que j’étais encore sous les draps. Ces soirs où je criais sur mon enfant autant que je pleurais sur la vie à laquelle il me fallait dire adieu pour accepter le quotidien d’une maman fatiguée, d’une maman qui fait face comme elle le peut à la différence de son enfant, à l’éloignement de sa famille et de ses amis, et à la découverte d’un nouvel environnement.
Ces moments où je me trouvais nulle, pas à la hauteur, « pas assez », alors que j’avais désormais la responsabilité – certes partagée – d’un mariage et de deux enfants.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce qu’aujourd’hui, 6 mois après avoir rejoint l’équipe des Fabuleuses, j’ai compris. J’ai compris ce qu’Hélène m’a dit ce jour-là alors que je me promenais, seule, sur la plage : oui, je peux aider !
Oui, je peux accompagner les mamans ; je peux être une oreille attentive ; je peux répondre à leurs messages, à leurs petits coups de mou ; je peux leur sourire ; je peux leur écrire et « mettre des mots », parce que…
Parce que « moi aussi »
Moi aussi, j’ai eu des hauts et des bas. J’en ai d’ailleurs encore et j’en aurai toujours. Moi aussi, je me sens débordée, dépassée par leur énergie, par leurs cris, par leurs demandes incessantes d’attention, par les taches quotidiennes à effectuer, par les démarches administratives qui ne s’arrêtent jamais, par la fatigue…et je pourrais continuer !
Mais je sais, parce que j’ai cheminé – seule et en me faisant accompagner – que mes hauts sont désormais plus hauts et mes bas moins bas.
Alors, oui, bien entendu, je ne serai jamais une professionnelle de l’écoute au sens strict du terme, comme peuvent l’être un psychologue, un coach ou un psychiatre.
Mais, à mon niveau et toujours avec prudence, je peux aider.
Et l’aide que je prodigue, la motivation que j’envoie aux Fabuleuses qui suivent les formations d’Hélène, les interactions que je peux avoir avec les participantes au programme de formation du Village, les textes que j’écris, bref, tout ce que je « donne », tout cela m’apporte également et vient renforcer les zones encore un peu fragiles : ces zones d’ombre contre lesquelles j’ai cessé de lutter mais que j’ai fini par accepter car elles font partie de ma vie, de la vie.
Même si aujourd’hui elle va mieux, ma vie est encore compliquée…mais ça ne m’empêche pas d’aider avec authenticité et vulnérabilité.
Comme un boomerang lancé sur la plage qui revient miraculeusement, l’aide prodiguée vient comme renforcer l’aide reçue et confirmer l’envie irrépressible de continuer à écouter, à dire « moi aussi », à sourire, à prendre le temps, à mettre des mots sur nos maux. À continuer d’aider à mon propre niveau, en fonction de mes capacités et de mes talents propres.