Tu vois le burn-out arriver, mais tu ne sais pas quoi faire ? - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Tu vois le burn-out arriver, mais tu ne sais pas quoi faire ?

Tu vois le burn out arriver
Valérie de Minvielle 2 octobre 2024
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Aujourd’hui j’ai fait usage d’une certaine brutalité

Je recevais Eléonore, 35 ans, mère de trois enfants en bas âge, et responsable juridique à la tête d’une équipe de douze personnes. Elle venait chercher auprès de moi la réponse à sa question :

« Comment mieux équilibrer ma vie pro et ma vie perso ? Je me sens épuisée, l’équilibre n’est pas bon » 

Je l’écoute me parler de sa vie professionnelle, à la tête d’un service d’une grande entreprise. Elle décrit qu’il y règne une atmosphère si délétère que sa supérieure hiérarchique directe vient de quitter son poste, ainsi que cinq personnes de son équipe. Eléonore me dit d’une voix fatiguée : « je me retrouve à faire le job de ma boss en plus, la charge de travail est énorme et on me dit en haut lieu qu’il faut faire avec ». 

Je pense en mon for intérieur qu’il s’agit plutôt pour Eléonore de faire « sans ».

C’est-à-dire sans la moitié des membres de son équipe, sans boss directe et sans reconnaissance financière du travail supplémentaire accompli. Un peu plus tard, elle me dit : « mon travail me mine ». Elle pleure à plusieurs reprises, je la sens très émotive, sans énergie.

Je lui demande ce qui est le plus dur pour elle en ce moment. Elle répond en pleurant : « le pire, c’est qu’alors que j’adorais mon boulot, j’ai perdu l’envie de travailler ».

Sa vie personnelle n’est pas en reste dans l’équation.

Eléonore élève trois enfants dont l’aîné a sept ans. Elle s’en occupe seule la semaine puisque son mari travaille pour l’instant en dehors de la ville où ils vivent. Elle me dit : « j’avance comme un robot, je fais tout ce que j’ai à faire mécaniquement, mais je n’y suis plus vraiment ».

Au fur et à mesure qu’Eléonore décrit sa vie, je vois les lumières rouges du « burn-out » s’allumer dans ma tête. 

C’est là que j’ai été directe, lui disant avec fermeté : « si j’étais médecin, je vous ferais un arrêt de travail, là, tout de suite, pour un mois ». Ses yeux et sa bouche se sont agrandis, et elle a répondu : « Ah non ! Je ne peux pas m’arrêter : je suis en plein recrutement pour étoffer mon équipe, et puis je ne peux pas les laisser comme ça. Non ! »

Le burn-out ne concerne pas les gens qui s’en fichent. 

Il concerne ceux qui sont engagés, qui veulent bien faire ce qu’ils font, qui aiment que ça roule, qui, même débordés, vont chercher à décharger les autres. Et c’est pour cela qu’ils continuent d’avancer, même quand ils n’ont plus de réserve du tout

Cette incapacité à diminuer la cadence ou à s’arrêter est l’un des signes caractéristiques du burn-out.

Il y en a d’autres : une plus grande irritabilité, une baisse conséquente de l’énergie, des difficultés pour se concentrer accompagnées du sentiment d’être inefficace, l’impression d’agir de façon mécanique, même pour les choses ou les gens qui nous tiennent à cœur, et puis une chute vertigineuse du sentiment d’accomplissement personnel au travail et à la maison. 

En résumé, tout ce qu’Eléonore formulait lorsqu’elle disait : « l’équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle ne me convient pas ». En cherchant plus loin, je découvre qu’elle est tout près du burn-out. Comme beaucoup de personnes dans son cas, elle minimise la gravité de son état : « ma situation n’est pas si grave, et puis les vacances arrivent bientôt, ça va aller ». 

Je constate souvent combien reconnaître que l’on est en train de faire un burn-out est difficile.

Comme Eléonore, nombre de jeunes femmes que je reçois sont tellement absorbées par leurs responsabilités et leurs engagements qu’elles ne veulent pas admettre qu’elles sont dépassées. La peur de l’échec, la peur du jugement des autres est forte. Notre société valorise l’action, le fait d’être productif et de se débrouiller seul. Comment dans ces conditions entendre ses limites ?  

Je lui explique combien différente est la route pour celles et ceux qui s’arrêtent à temps. À temps, c’est-à-dire avant que leur corps ne les arrête. Avant de « se prendre le mur  », celui qui les interrompt net.

Je lui explique : « pour celles qui identifient les signaux lorsqu’ils sont répétés et qui les écoutent, la pente est beaucoup moins longue et dure à remonter. Pour celles qui attendent que ce soit leur corps, complètement consumé, qui dise « stop »le chemin est beaucoup plus ardu et demande, pour se relever des dégâts physiques et émotionnels subis, de s’inscrire dans le temps long. »  

S’arrêter à temps, mais comment ? Quand sait-on qu’il est temps ?

En effet, le burn-out, s’il semble arriver soudainement, est un processus : en amont du jour où tout s’arrête, des signes avant-coureurs l’annoncent. Blessures, difficultés à se lever, larmes fréquentes, douleurs de dos et de ventre qui s’installent, etc. Autant de maux qui ne sont pas entendus, parfois même pas perçus par chacun et chacune.

C’est ainsi que certaines se retrouvent un beau jour immobilisées : littéralement incapables de se lever de leur lit, ou hospitalisées pour des douleurs invalidantes auxquelles les médecins ne trouvent aucune cause. 

Que va-t-il se passer après cette séance ? Eléonore va-t-elle choisir d’aller consulter son médecin ? Ou préférera-t-elle continuer jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus se lever de son lit ? 

Je ne le sais pas, mais je lui souhaite ardemment de se mettre à l’écoute de ses douleurs et signes de fatigue, de prendre un petit peu plus soin d’elle chaque jour, de s’offrir quelques minutes de récupération quand elle a dépensé beaucoup d’énergie. Je lui souhaite de comprendre comment s’est installé ce système qui consiste à taire ses propres désirs au profit de ceux des autres.

Je lui souhaite d’apprendre à mieux connaître ses besoins et à les honorer.

Je lui souhaite d’avoir le courage de s’arrêter avant que son corps ne tombe en panne sèche. Je lui souhaite de réaliser que sa nouvelle vie peut commencer maintenant. C’est le moment pour elle de se mettre en chemin vers un changement de son rapport à elle-même et aux autres, pour retrouver santé, équilibre et joie.



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Cet article a été écrit par :
Valérie de Minvielle

Psychologue clinicienne, Valérie de Minvielle fonde après 20 ans d'expérience professionnelle "Ma Juste Place", une méthode d’accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent se sentir à leur juste place dans leur vie de couple, en tant que mère, et dans leur vie professionnelle et sociale. Elle est également l'auteur de "Trouver ma juste place - dans le quotidien de 7 femmes inspirantes" paru en janvier 2020 et de "Imparfaite mais heureuse", paru aux éditions Mame en 2023.

https://www.majusteplace.com/

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