- Merci d’avoir été fumeuse, en retard à l’école et de mauvaise humeur avant de prendre ton café le matin. À aucun moment tu ne m’as fait croire qu’il fallait absolument être parfaite pour être une mère suffisamment bonne.
- Merci d’être venue t’excuser pour avoir crié trop fort contre mon frère et moi. Nous avions été tellement relous que nous nous sommes regardés, interloqués, en nous disant que c’était le monde à l’envers. Ça m’a appris à faire de même quand c’était nécessaire.
- Merci de ne pas avoir joué avec nous par devoir. Nous nous sommes très bien débrouillés tout seuls pour nous construire des mondes en Lego et des cabanes dans les cartons de déménagement stockés dans le garage. Aujourd’hui je ne joue avec mes enfants que si j’en ai vraiment envie et je ne me flagelle pas de les voir s’ennuyer parfois.
- Merci de nous avoir mis dehors par tous les temps, et peu importait si nous revenions boueux, la goutte au nez, les joues griffées par les ronces et les poches pleines de clous piqués dans ton atelier. Nous avons goûté à la liberté totale et à la certitude qu’un enfant sale est un enfant heureux.
- Merci d’avoir monté des plateaux repas dans ma chambre lorsque j’avais la grippe, même alors que j’avais dépassé quinze ans. Le souvenir des steaks hachés trop cuits que j’étais incapable d’avaler m’émeut encore.
- Merci d’avoir accepté de bousculer tes projets pour rappliquer dare-dare quand je t’ai appelée à l’aide à l’autre bout de la France pour garder nos garçons et nous permettre de nous retrouver à deux avec mon Fabuleux.
- Merci pour le goût des livres, des fleurs, de l’espagnol, des fripes, des amitiés au long cours et de l’honnêteté.
- Merci de m’avoir pardonné ces mots méchants dits à cinq, à quinze ou à trente-cinq ans. Non, je ne te pousserai pas dans les escaliers quand tu seras vieille, non, je ne considère pas que ta vie au foyer a été au ras des pâquerettes, non, je n’ai pas le monopole de la prise de décision rapide et efficace. Je m’apprête à devoir pardonner à mon tour et j’espère savoir le faire aussi bien que toi.
- Merci d’avoir accueilli mon Fabuleux et mes belles-soeurs avec tant de générosité. Grosse pression pour l’avenir, quand la belle-mère, ce sera moi.
- Merci de ne pas nous avoir caché que la vie était parfois inexplicablement cruelle, que le couple c’était du boulot, que les blessures d’enfance ne cicatrisent pas toujours mais qu’on peut vivre quand même avec et qu’on a le droit de s’épanouir et de dire “non, ça ne m’arrange pas” sans attendre d’autorisation particulière.