Interview : Thérèse Hargot, sexologue - Fabuleuses Au Foyer
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Interview : Thérèse Hargot, sexologue

Hélène Bonhomme 8 avril 2014
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«Lors de vos dîners trop guindés, vous pourrez maintenant raconter que vous connaissez une sexologue, belge. » C’est ce statut partagé par un ami Facebook qui a éveillé ma curiosité. Depuis, je suis devenue accro aux billets de Thérèse Hargot. Jamais auparavant je n’aurais pensé passer des heures sur le blog d’une sexologue !

Comment s’organise ton travail ?

Mon activité professionnelle s’articule autour de 3 grands piliers :

  • La formation : je travaille au collège Stanislas à Paris, et j’interviens dans quelques autres écoles. Je développe un projet pilote qui a pour objectif de fournir une éducation affective, relationnelle et sexuelle aux élèves de tous niveaux, de la maternelle aux classes prépa. Ma mission est éducative et préventive. Elle consiste à développer « l’intelligence émotionnelle » des élèves.
  • L’accompagnement : pendant un autre tiers de mon temps, je reçois des personnes qui cherchent de l’aide pour des questions de sexualité. En fait, la sexualité est un prétexte pour aller chercher beaucoup plus loin dans les profondeurs de la personne. Par exemple, une femme qui n’arrive pas à avoir d’orgasme est une femme qui ne parvient pas à « se lâcher ». Ou alors, une personne infidèle est une personne qui a un problème avec le mensonge.
  • Le discours public : le reste du temps, je donne des conférences ou j’écris sur mon blog !

Comment es-tu devenue sexologue ?

J’ai toujours été intéressée par les questions de l’amour, de la sexualité, de la famille, de la femme… Vers 15 ans, j’avais déjà trouvé ma mission de vie : travailler « à l’amour », « à ce que les gens s’aiment » !

Puis j’ai fait un M2 de philosophie. Je me suis toujours intéressée aux grandes questions sur la personne humaine. Or la sexualité, la recherche de l’amour sont d’excellents motifs pour parler de la personne humaine. Elles en touchent toutes les dimensions : physique, spirituelle, affective, artistique…

Pendant mes études, j’ai rencontré celui qui est devenu mon mari, et j’ai eu mon premier bébé. Puis j’ai commencé à travailler.

Aujourd’hui, je suis toujours fidèle à ce que je voulais faire étant ado. En fonction des étapes professionnelles, les activités étaient différentes : animation radio, conseil, interventions dans les écoles… mais il y a toujours eu cette immense cohérence par rapport à ma mission de départ.

Tu as eu tes enfants en étant étudiante. Quel effet cela a-t-il eu sur tes études ?

J’emmenais mon fils à la fac, je le portais contre moi, je l’allaitais en cours. J’ai dit que c’était comme ça et pas autrement. Il n’a jamais pleuré, je n’ai jamais dû sortir de cours !

Le fait d’avoir eu mes enfants à cette période a eu un impact direct sur mes études. L’expérience de la maternité est une expérience humaine et spirituelle énorme.

Pourtant, il n’y a pas de philosophes qui en parlent ! C’est pourquoi mes thèmes de recherche étaient la grossesse, l’accouchement, la contraception.

Pour toi, que veut dire « être d’abord maman » ?

Equilibrer mes différentes vies. C’est toujours à refaire ! Aujourd’hui, mes enfants ont 8, 6 et 2 ans. Être maman fait partie de moi, ce n’est pas une activité en plus. Cela va forcément impacter toute ma réflexion.

Tu as vécu à New-York… Que peux-tu nous dire sur la mentalité des mamans américaines ?

Dans les parcs de New-York, si on entend un parent crier sur son enfant, c’est forcément un Français ! Les mamans françaises papotent sur leur banc avec des copines ou fument une cigarette. Si leur enfant fait une bêtise, elles crient depuis leur banc.

La mère américaine, c’est tout le contraire.
On la surnomme « helicopter mum », toujours à tourner autour de son enfant.

On ne la verra JAMAIS papoter avec une copine à l’aire de jeux. Elle est tout entière donnée à son enfant, comme si elle disait : « Regardez comme je suis une bonne mère ! »

L’organisation parfaite et les cookies faits maison de Desperate Housewives ne sont pas des clichés. Il y a un vrai culte de la bonne mère aux Etats-Unis. C’est le culte de la perfection et de la réussite. L’enfant a à peine 5 jours, et on se demande déjà dans quelle université on va l’envoyer ! La maternité est vue comme une compétition. Forcément, cette pression se fait sentir sur les enfants…

Cette pression existe-t-elle aussi en France ?

Oui. Depuis la généralisation de la contraception, la notion de réussite a envahi la sphère familiale et privée : « Cet enfant, tu l’as choisi, donc tu DOIS être une bonne mère. » Il faut se méfier cette exigence. Car dans la vie, il y a des épreuves, des ratés, des imprévus…

Quelle est la plus grande problématique des mères au foyer qui viennent te voir ?

Aujourd’hui, l’enfant est vu comme un projet. On le désire, on en a envie. On voit l’enfant comme une réalisation personnelle. Or l’enfant, c’est avant tout le fruit d’un amour.

Notre mission de vie ne doit pas être d’avoir et d’élever des enfants. Elle doit être beaucoup plus profonde.

Prendre soin de l’enfant n’est pas une fin en soi. Sinon, on vit sa vie au travers des enfants. On ne va pas être nourri personnellement. Les femmes donnent, donnent, donnent constamment… Nombreuses sont celles qui s’épuisent. Elle font un burn out et là, ça part dans tous les sens. Je vois énormément de cas d’infidélité féminine dûs au fait qu’à force de mettre leur identité dans les enfants, les femmes ne savent plus qui elles sont.

Bien sûr, la mère prend soin de ses enfants. Mais le danger est d’en faire sa vocation. Cela n’a rien à voir avec la quantité de temps qu’on donne à ses enfants. L’épuisement peut concerner les mères au foyer autant que les mères qui travaillent.

Qu’est-ce que la « mission de vie » d’une maman ?

Il est fondamental pour une mère de ne pas TOUT investir pour ses enfants ou même pour son couple. Beaucoup de jeunes femmes racontent comment elles ont vu leur mère s’écrouler quand les enfants sont partis de la maison.

La mission de vie, ou la vocation, c’est : « Qu’est-ce que j’ai envie de réaliser sur terre ? Quel est le sens de ma vie ici ? Qu’est-ce que j’ai envie de donner aux autres ? Comment je contribue à rendre la société plus humaine ?… »

C’est une vocation purement personnelle, qui n’est pas liée directement à un métier précis et qui ne doit pas dépendre de notre situation affective ou familiale.

Cette mission est la raison de notre présence sur terre. Elle ne nous épuise pas.

Je crois qu’il est essentiel de la trouver, parce que c’est elle qui nous rend véritablement heureux et qui nous permet d’avoir une relation beaucoup plus juste et appropriée avec l’homme de sa vie et les enfants qu’on met au monde.

Être maman, est-ce un sacrifice ?

L’amour des parents pour leur enfant, c’est un amour très spécial. Tu l’aimes pour qu’il soit capable de te quitter ! La suite de la réponse à cette question sur mon blog : aimer son enfant pour qu’il nous quitte

Chroniques philosophiques d’une sexologue

Un blog qui s’adresse à tous : célibataires, en couple, mariés, parents, ados…. Et qui traite avec beaucoup d’audace mais aussi de pudeur les vraies questions qui nous taraudent !



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Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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