« Pourquoi tu ne t’intéresses pas à moi ?”
Les enfants sont quand même sacrément doués pour poser des questions qui tuent.
On sort de 20 minutes de Lego, je suis en train de l’aider à s’essuyer le derrière, je me suis mise en retard dans mon boulot pour lui trouver la ficelle dont il avait absolument besoin pour fabriquer son robot en carton, je suis encore crevée de la nuit pourrie que j’ai passée à cause de sa toux, et mon fils de 6 ans me reproche de ne pas m’intéresser à lui.
J’ai envie de lui balancer à la tête que s’il y en a bien UNE qui passe son temps à s’occuper des autres dans cette maison, c’est MOI !
Mais juste avant d’exploser de frustration, j’ai la bonne idée de lui demander des précisions :
“Qu’est-ce qui te fait dire que je ne m’intéresse pas à toi ?”
Tout s’explique : avec moult détails, il me raconte une scène qui date de plusieurs semaines.
Toute ma famille était réunie à l’occasion des 60 ans de mon papa. Je jouais à la dînette avec mes nièces chéries. Mon fils, qui a peu l’habitude de me voir m’éclater avec d’autres enfants que lui ou son frère, s’était visiblement senti rejeté à ce moment-là… Et depuis des semaines, il avait nourri dans son esprit la pensée que si sa maman jouait avec d’autres que lui, c’est qu’elle “ne s’intéressait pas à lui”.
Comment lui expliquer que jouer à la dînette avec mes nièces n’efface en rien mon amour pour lui ?
J’ai alors pensé au Conte chaud et doux des chaudoudoux de Claude Steiner, que Yolande Ziegler-Schwab nous a fait découvrir dans un récent module du Village. Pour faire court, c’est une histoire de “chaudoudoux” qu’on se distribue les uns aux autres, gratuitement et en illimité…
Et quand on reçoit un chaudoudou, on se sent tout chaud et tout doux. C’est un monde parfait, où il y a toujours assez de chaudoudoux pour tout le monde. Sauf qu’une méchante sorcière s’en mêle… et l’histoire dégénère au moment où elle parvient à faire gober à un petit garçon le mensonge suivant :
“Et s’il n’y en avait pas assez pour toi” ?
Commence alors une nouvelle ère de méfiance, de jalousie, de comparaison et de “froids-piquants”.
En clair : dès qu’on commence à croire que ce ne sera pas suffisant, c’est le début des emmerdements…
Y’en aura pour tout le monde !
Ça vaut pour les enfants, et ça vaut pour moi la première :
- Quand je me sens menacée parce que mon mari sort avec ses amis… Y’en aura pour tout le monde.
- Quand je me sens menacée parce que telle autre réussit… Y’en aura pour tout le monde.
- Quand je me sens rejetée parce que l’autre se fait complimenter… Y’en aura pour tout le monde !