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Vie de famille

Vivre le deuil loin de ses proches

Alice Corbaz 9 avril 2020
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La pandémie de coronavirus et le confinement qu’elle nous impose ont des impacts nombreux et variés sur nos vies : école à la maison, télétravail, incertitude professionnelle et économique, isolement de ses proches, pétage de câble avec ses enfants, avec son conjoint, etc. etc. etc.

Et il y a aussi ces choses auxquelles on ne pense pas forcément :

La maladie (Covid-19 ou non) et le deuil. Deuil d’une personne décédée à cause du virus ou de toute autre raison : accident, vieillesse, maladie foudroyante ou antérieure à cette crise, fausse-couche, départ inexpliqué. Car ne l’oublions pas, la vie continue malgré cette crise, malgré ce confinement, et si la vie continue, cela veut dire que la mort continue aussi.

Dans un temps de confinement, d’isolement social, de séparation d’avec ses proches, le deuil est d’une difficulté inimaginable.

  • Comment pleurer le départ de son papa sans pouvoir serrer sa maman dans ses bras ?
  • Comment réaliser que sa meilleure amie a quitté ce monde sans qu’on puisse lui dire un dernier adieu ?
  • Que dire lorsque c’est son enfant qui s’en va et que l’on ne peut avoir ses proches pour nous soutenir ?
  • Et même s’il s’agit d’une personne plus éloignée, comme un collègue de travail, un voisin ou l’entraîneur de basket de sa fille, comment vivre cela seul.e chez soi ?

Car s’il y a bien un moment dans la vie où nous avons besoin des autres, c’est lorsque nous sommes dans la peine à la suite du départ d’un proche.

Nous avons besoin de pouvoir dire notre peine, et que celle-ci soit entendue.

Nous avons besoin de nous rappeler de la vie de la personne décédée, de partager des souvenirs, des anecdotes. Pour ne pas oublier, peut-être même pour sourire et rire un peu. Nous avons besoin des autres, pour nous rappeler ensemble que la vie continue, malgré la douleur, malgré la souffrance, malgré les difficultés, la vie continue. 

Quelles que soient ses convictions personnelles et ses croyances religieuses, l’être humain a, je le crois, un besoin de relation et d’appartenance. Dans un tel moment, nous avons besoin de dire et d’entendre le nom de la personne décédée, besoin de dire au revoir, besoin d’espoir, et cela non pas tout seul, mais avec d’autres personnes qui partagent notre peine.

Et pourtant, aujourd’hui, ce n’est pas possible…

Bien sûr il y a le téléphone, bien sûr il y a internet et les appels vidéos, mais rien ne peut remplacer le contact physique, la présence concrète ! Sans parler du soutien pratique dont on peut avoir besoin pour ne pas avoir à se préoccuper de certaines choses, comme les repas, le ménage, les courses, lorsque l’on est en proie à des émotions si fortes. Non, tout ça n’est pas possible aujourd’hui. 

Vous n’imaginez pas comme je suis triste au moment d’écrire ces lignes ! Des frissons me parcourent le corps, rien que de penser à toutes les personnes qui vivent aujourd’hui cela seules chez elles. Un collègue pasteur me partageait l’autre jour son émotion lors d’une cérémonie d’adieu dans une église avec 8 personnes, séparées dans des bancs différents, et surtout le moment de sortir, chacun à 2 mètres les uns des autres, sans pouvoir se prendre dans les bras, ni même se prendre la main.

Que c’est dur !

Lorsque cette thématique a été évoquée chez les Fabuleuses et qu’il a été demandé si l’une des chroniqueuses ou contributrices avait une idée d’article là-dessus, je me suis dit :

« Tiens, peut-être que j’ai quelque chose à en dire, en tant que pasteure. »

Mais très rapidement, je me suis retrouvée devant une page blanche… que dire, alors qu’il n’y a rien à dire ? Que proposer, alors qu’on ne peut pas changer la réalité ? Je n’ai pas de solution miracle à offrir aux Fabuleuses qui traversent une telle épreuve… Comme j’aimerais, pourtant ! Mais comme beaucoup d’autres, comme tous les autres en fait, je suis impuissante.

Et puis, j’ai réalisé qu’il y avait une chose que je pouvais faire. Une toute petite chose, minuscule, insignifiante même, qui ne va peut-être pas avoir d’impact, ou très peu. Mais c’est ce que je peux faire là, maintenant :

Avoir une pensée pour les endeuillés. 

Chère Fabuleuse qui pleure la mort d’un proche, de là où je suis, en écrivant ses lignes, je pense à toi. Et je suis certaines que de nombreuses personnes pensent à toi également en ce moment, te portent dans leur coeur, dans leur prière, dans leur temps de silence aussi. 

Les églises de Suisse – catholiques, protestantes et évangéliques – ont décidé de lancer cette action jusqu’au Jeudi Saint : allumer une bougie le jeudi soir à 20h, pour allumer un océan de lumière, d’espérance. Désormais lorsque j’allumerai cette bougie, je ferai ce que je fais maintenant, cette petite chose qui est la seule que je peux faire :

Je penserai à toutes les Fabuleuses qui sont en deuil.

Et je vais  continuer de le faire même après Pâques, jusqu’à la fin de cette crise en tout cas, et peut-être même au-delà. Une bougie, ce n’est pas grand-chose, c’est une petite flamme qui réchauffe, une petite lumière dans les ténèbres, le signe d’une présence rassurante. Mais c’est quelque chose quand même.

Chère Fabuleuse, toi qui es dans la peine aujourd’hui, sache que tu n’es pas seule. Par la pensée, nous sommes nombreux et nombreuses autour de toi, à te soutenir, à t’aimer, à te porter. Et lorsque tout cela sera fini, des bras t’attendront pour t’enlacer et te dire ces mots si précieux :

« Je suis là, tu peux me dire comme tu as mal, je t’écoute, et oui, ça va aller ! »

Note de la rédaction : nous vous invitons à découvrir la plateforme Mieux traverser le deuil, qui se mobilise pour soutenir les endeuillés pendant le drame du confinement.



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Cet article a été écrit par :
Alice Corbaz

Maman de deux enfants nés en 2018 et 2021, Alice est pasteure en Suisse et travaille principalement auprès des jeunes. Elle apprend chaque jour à conjuguer un peu mieux sa vie professionnelle et personnelle, aux côtés de son fabuleux mari. Passionnée par les questions de déculpabilisation, de découverte de soi et d’épanouissement personnel, Alice a plaisir à poser sur le papier et à l’écran ce qui habite ses pensées.

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