Une colère nécessaire - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Une colère nécessaire

Alice Corbaz 16 mars 2022
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Il y a quelques mois, j’ai vu émerger en moi la colère. Une émotion assez nouvelle pour moi, ou en tout cas nouvelle de cette manière-là : c’était une colère très forte, trop forte, trop virulente, qui ne m’a pas plu. Cette colère m’a bouleversée et je voulais absolument en sortir. Heureusement, grâce au repos et à du temps pour moi, j’ai réussi à sortir de cet engrenage de colère trop destructrice, trop violente pour moi, qui me faisait trop de mal à l’intérieur.

Mais en fait, je ne peux pas dire que je suis sortie complètement de la colère.

Au dedans de moi, il y a encore cette émotion qui est présente, qui sort parfois, moins fort, mais qui sort tout de même. Et j’en suis venue à me dire que c’est une bonne chose.

Ces dernières semaines, je me suis mise en colère à plusieurs reprises.

Une fois l’émotion passée, j’ai pris conscience qu’en fait, cette colère avait non seulement toute sa raison d’être, mais elle m’avait également fait du bien. Et même fait du bien aux autres, je crois.

Je réfléchis beaucoup aux émotions depuis quelques années.

Non seulement pour apprendre comment accompagner mes enfants dans ce qu’ils vivent, mais aussi pour moi-même et dans mon travail. J’ai découvert la nécessité des émotions, et surtout le fait qu’il n’y en a pas de négatives et positives, mais bien plutôt des agréables et désagréables. 

La colère, qu’on définit généralement comme une émotion négative, est désagréable.

Pas de doute là-dessus. Mais elle est aussi utile. Je le savais. Intellectuellement, je le savais.

Mais là, je l’ai intégré. Je l’ai compris, dans mes tripes. La colère, c’est l’émotion qui émerge quand les valeurs ne sont pas respectées, quand les limites sont dépassées. Elle vient dire que la situation n’est plus acceptable, et elle met en mouvement pour rétablir une situation acceptable.

Quand ma fille est sans arrêt en train de me solliciter, pour tout et rien, qu’elle est d’humeur ronchon depuis plusieurs heures, qu’elle part au quart de tour pour la moindre petite frustration, et que tout cela arrive dans une journée où moi non plus je ne suis pas bien, alors mes limites sont restreintes, et la colère émerge. 

Dans un premier temps, j’avais tendance à me dire que je devais faire le maximum pour éviter la colère, autrement dit être aussi bien que possible pour que mes limites soient plus étendues, et donc que la colère vienne moins vite, voire pas du tout.

Et surtout, si par malheur la colère était venue, je devais m’en excuser après. 

Et puis, face à la réalité qui est ce qu’elle est, autrement dit un quotidien rempli de déclencheurs à colère, et aussi à mesure que ma fille grandit et devient capable de gérer ses propres émotions, je réalise que non, parfois, j’ai aussi le droit de me mettre en colère et de dire stop, sans pour autant m’en excuser après. M’excuser si mon comportement a été trop virulent, oui, mais pas du simple fait de m’être mise en colère.

Cela ne m’est pas arrivé seulement dans le cadre de ma vie de maman, mais aussi avec d’autres personne. L’autre jour, je faisais face à une situation qui devenait insupportable pour moi, je n’en pouvais plus de voir le même événement se répéter encore et encore, je me sentais vraiment mal. Je sentais l’émotion monter en moi, et tout à coup la colère est sortie :

stop, je ne peux plus supporter ça, je pars !

Là aussi, j’ai commencé par me sentir mal d’avoir laissé la colère m’envahir. Mais très rapidement, j’ai compris que c’était véritablement une mesure de protection, que mes valeurs à ce moment-là n’étaient plus respectée, et que moi seule pouvait poser ma limite. Je me suis excusée d’avoir crié, mais pas de m’être mise en colère. J’ai expliqué, tout en disant clairement que je n’allais plus accepter cela par la suite. 

Je me suis sentie soulagée d’avoir pu dire stop, tout simplement.

D’avoir compris que ma limite était dépassée, et d’avoir pu me protéger ainsi. 

En écrivant ces lignes, j’ai l’impression d’enfoncer des portes ouvertes. C’est ce que j’ai maintes fois lu et entendu ici ou là : la colère est une protection lorsque mes valeurs ne sont pas respectées, elle vient ainsi me dire des choses sur moi-même et me permettre de comprendre où sont mes limites, et de les faire respecter par les autres.

Mais encore une fois, cela fait partie de ces choses que ma tête savait, mais que mon corps, mes tripes, mon coeur n’avaient pas encore découvertes. 

Ma colère, lorsque je prends le temps de l’accueillir, de chercher à la comprendre, et de me mettre en mouvement avec elle, elle est utile, elle est même nécessaire. 

Alors bien sûr, ce n’est pas toujours possible. Bien souvent, la colère part beaucoup trop violemment pour que je puisse en faire quoi que ce soit. Je sais bien que le chemin est encore long, pour réussir à l’apprivoiser, à la comprendre, et à ne pas la laisser me submerger. Je sais bien aussi que ça va me demander d’accepter que peut-être des personnes vont m’aimer moins, voire pas (et la peur de ne pas être aimée est grande chez moi…). 

Néanmoins, savoir que ce n’est pas juste le pétage de câble de la maman fatiguée,

mais que c’est aussi un signal d’alarme à écouter, ça me fait énormément de bien ! Savoir que c’est aussi une armure de protection, et que cela permettra probablement de rétablir une relation saine avec les autres, ça me soulage, ça me rend confiante. Réaliser que la colère est une manière de me respecter moi-même et de me faire respecter par les autres, ça me met une bonne dose de bienveillance envers moi-même, pour toutes ces fois où je me mets en colère.

Chère Fabuleuse, t’arrive-t-il de te mettre en colère ?

(Bon, je connais sûrement la réponse à cette question^^)

Si oui, arrives-tu à identifier quand ces colères sont utiles et nécessaires, et quand elles le sont moins ? Arrives-tu à entendre le signal d’alarme qu’elles sont en train de tirer ? C’est un travail long, et qu’il est parfois bon de faire avec une autre personne.

Mais ce dont je suis sûre, c’est que la colère, si désagréable soit-elle, ne change rien à la Fabuleuse que tu es ! 



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Cet article a été écrit par :
Alice Corbaz

Maman de deux enfants nés en 2018 et 2021, Alice est pasteure en Suisse et travaille principalement auprès des jeunes. Elle apprend chaque jour à conjuguer un peu mieux sa vie professionnelle et personnelle, aux côtés de son fabuleux mari. Passionnée par les questions de déculpabilisation, de découverte de soi et d’épanouissement personnel, Alice a plaisir à poser sur le papier et à l’écran ce qui habite ses pensées.

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