J’ai abandonné les bonnes résolutions prises dans l’euphorie du passage à la nouvelle année. Elles s’évaporent aussi vite que les bulles du champagne que l’on partage ce soir-là… Pourtant, le vrai service que je pourrais me rendre à moi-même – et à toute la maisonnée, le fameux effet papillon – ce serait de prendre du temps pour moi, non négociable.
Vital pour ma santé mentale autant que pour les tympans de mes enfants.
Tu vois de quoi je veux parler ? Ce fameux arrêt sur image où tu t’extrais du cadre et que tu te vois, ou plutôt tu t’entends, crier ? Peut-être que ce n’est pas occasionnel, que c’est même devenu ta façon de parler (et la mienne aussi, depuis quelques temps). Et c’est moche mais bien compréhensible si tu additionnes :
- La culpabilisante ritournelle des choses urgentes à faire (et il n’y a que des urgences, bien sûr) qui te vrille la tête à longueur de semaine
- Les virus de l’hiver qui ne te laissent aucun répit (je ne comprends pas qu’il n’y ait pas programme fidélité chez le médecin, avec une consultation gratuite comme récompense et une boîte de paracétamol offerte chez le pharmacien)
- Les nuits interrompues
- Le rythme fou au travail
- La répétition infinie des tâches quotidiennes, celles que tu menaces d’arrêter de faire, si ça continue : “Je ne plierai plus ton linge et tu vas voir c’que tu vas voir !” Bien sûr, une demi-heure après ce coup d’éclat, tu plonges dans le tambour du sèche-linge, à la recherche des chaussettes orphelines.
Pas le temps, prise dans les eaux bouillonnantes de la routine journalière, d’être avec soi. Même pas dans l’intimité des toilettes où mon délicieux petit dernier croit indispensable de me rejoindre pour faire office de distributeur de papier-toilette.
Que faut-il invoquer, pour obtenir ce privilège de n’avoir que soi et ses propres aspirations à penser, une fois de temps en temps ? La lune ?
Nous sommes mercredi : la fabuleuse journée des enfants.
S’il est un mot que le mercredi a banni de mon vocabulaire, c’est « ennui ». Et son ami « repos » par la même occasion. Mais, tu vas comprendre pourquoi, c’est une journée que j’aborde à présent avec sérénité.
On a trouvé le “truc”, avec mon Fabuleux. Et, c’est bien connu, “Quand maman va, tout va”.
C’est donc sans (trop) vriller que j’aborde le mercredi matin :
- Devoirs pour l’école (ça fait 4 mois qu’en CE2 ils apprennent la table de 3)
- Révisions pour les cours de formation musicale (l’appellation en Novlangue de notre bon vieux solfège)
- 3 tournées de lessives à plier et ranger
- Dépôt de l’un au roller et l’autre au tennis, au même horaire mais à deux endroits différents
- Manipulation de l’enfant champion de contorsionnisme dès qu’il aperçoit l’embout du mouche-bébé s’approcher de son nez
- Réitération de cette prouesse face à la chorégraphie (un brin agressive) des membres inférieurs percevant la menace du traditionnel suppositoire de Nifluril ®. La petite histoire de la fusée qui part pour la Lune laisse l’enfant perplexe et hurlant
- Elaboration du repas
Mmmh, un petit filet mignon et sa ribambelle de pommes de terre dansant dans une rivière de beurre, ça s’annonce parfait… Oui, parfait, sauf le timing. Au moment où je m’intéresse au sujet épineux des estomacs mécontents, il est déjà midi. Les pâtes au gruyère avec un peu de tomate façon Heinz ®, c’est bien, aussi. L’eau bout. Je suis encore en tenue de nuit (pudiquement couverte d’un manteau lorsque j’accompagne les grands à leurs activités sportives), les cheveux coiffés avec la même pince qu’hier matin et, la nuit étant passée par là, j’ai un petit air de Bonnie Tyler après deux heures de concert. Nuance de taille : à l’époque, la crinière façon jument permanentée, c’était à la mode… Mon petit malade ressemble à un clown aux pommettes groseille à force d’enduire de morve la tendre peau de ses joues à l’aide d’une manche de pull. Accroché à ma jambe, il me demande pour le 35ème fois en 10 minutes de sa voix enrouée : « Mange quoi, Maman? ». Et pour la 35ème fois, je réponds, comme si je vantais les saveurs délicates d’un mets étoilé : « des pâtes au gruyère, mon amour« , et je souris. Image Ricoré ® ?
Pourtant je suis passée à la moulinette toute la matinée, comme toi. C’est que j’ai un truc 😉
Je vois l’horloge du four afficher 13h. On se rapproche lentement mais sûrement du moment où mon Fabuleux devrait franchir le seuil de la maison et où je pourrai faire la même chose, en sens inverse, et profiter d’un temps pour moi, hors les murs.
Cette escapade solitaire est le fruit d’un travail de longue haleine sur le planning hebdomadaire familial, entre mon mari et moi.
Le mercredi après-midi : c’est ma respiration.
13h12. Une notification de message. Instinctivement, une voix intérieure perfide me souffle “Ah, mon Fabuleux est en train de m’annoncer qu’il ne peut pas se libérer”.
J’ouvre le message, résignée, et je lis. « Je rentre. Et je ne fais rien cet après-midi. Tu es libre ! ». Un second message suit. Trois mots, aussi grands qu’ils sont courts : « Je t’aime ».
Je t’ai livré ma recette. Elle n’est pas infaillible, mais elle est le résultat concret d’une prise de conscience à deux :
si je vais bien, tout va bien.
Il arrive régulièrement que mon Fabuleux me plante, à cause d’impondérables, de réunions, de travail urgent qui justifient que je sacrifie mon bien-être à celui de ma famille. Cela ne me réjouit pas, tu t’en doutes, de devoir réaffirmer l’importance de ces moments pour notre équilibre commun. Mais l’intention est là et nous allons progresser tous les deux.
Ça te semble inatteignable ? Impossible à mettre en place vues tes / vos contraintes ? Tu n’es pas en couple avec le père de tes enfants ? Il y a peut-être d’autres pistes à explorer… Va donc regarder comment Hélène Bonhomme s’y prend pour aider des milliers de mamans à avancer petit pas après petit pas sur ce chemin. Elle a créé le programme du Village, et tu as jusqu’au 5 avril pour t’y inscrire. C’est un vrai premier pas, très concret, pour te sentir plus épanouie dans ta vie de maman. Chiche ?
Ce texte nous a été transmis par Emilie, une fabuleuse maman.