…Et pourquoi ça n’est pas grave.
Ces jours-ci, mon Fabuleux et moi fêtons nos dix ans de mariage. Dix ans à apprendre à se connaître, dix ans à apprendre à se disputer (et ce point-là n’est pas le moindre^^), dix ans à surmonter ensemble les petits et grands bobos de la vie.
Bref, dix ans à éprouver quotidiennement ce « oui » que nous avons échangé un bel après-midi de printemps, dans une petite cabane de pêcheurs sur une presqu’île bretonne.
À l’approche de cette date, je me suis prêtée à l’un de mes exercices préférés depuis toujours : le bilan.
C’est quoi, les critères pour un bilan de dix ans ?
Une colonne « plus » et une colonne « moins » et après on compte les points ? Une fois le résultat posé en bas de la page, on décerne à l’autre une palme d’or pour tout ce qu’il a « bien » fait, mais on n’oublie surtout pas de lui mettre le nez dans tout ce qu’il n’a pas fait, dans tous ses manquements, dans toutes ses limites, dans tous ses défauts qui, chaque jour, nous horripilent et nous transforment en furie, jusqu’à, parfois, nous faire regretter ce « oui » ?
Si cette décennie m’a bien enseigné une chose, c’est que compter les points, dans une relation de couple, ça ne mène à rien de bon. Ça peut certes défouler, sur le moment, en mode « On pète les plombs et après, une fois l’abcès crevé, ça va mieux », ça peut aussi avoir les dehors d’une saine émulation dans une optique d’amélioration, en mode « Pas question de se résigner ». Mais, au fond, ça ne fait pas avancer. Ça ne fait qu’entretenir cette idée : « Je fais toujours mieux et surtout toujours plus que l’autre ».
La preuve par les faits
Pour cette occasion, comme presque chaque année, nous avons caressé l’idée de partir quelques jours en amoureux. Je dis « caressé l’idée » : dès que ce genre d’idée passe au stade de projet à concrétiser, c’est autre chose.
Adieu, la semaine sur une plage de sable fin ou dans une capitale européenne ensoleillée et trop fun ! Bonjour la réalité : il faut caser les enfants, trouver un vol pas trop cher, une destination pratique pour ne pas prendre deux avions et trois trains afin de récupérer les enfants (et le chien^^) chez les gentils grands-parents qui se sont dévoués pour nous permettre de prendre soin de nous deux.
Pourtant, j’aurais tellement aimé avoir la surprise. J’aurais tellement aimé recevoir ce texto de ma moitié :
« Ce soir, prépare tes bagages pour 4 jours et ne me pose aucune question »
J’aurais adoré partir aux Canaries, ou à Madère, ou à Malte, ou à Istanbul. Ce sera quatre jours pas trop loin, organisés de main de maître par…moi.
Mais pourquoi moi ?
Parce que. Parce que ces dix ans partagés avec mon Fabuleux m’ont ouvert les yeux sur une sacrée quantité de qualités, et sur quelques limites. Ses qualités, je ne vais pas les énumérer ici, je les garde pudiquement pour mon cœur amoureux. Elles sont nombreuses. Elles sont infiniment précieuses. C’est notamment grâce à de telles qualités que j’ai pu avancer en toute confiance sur mon chemin de bienveillance envers moi-même.
Ses qualités, passées par le feu des épreuves, me permettent, aujourd’hui d’accepter véritablement ses limites. Parmi elles, son incapacité à se projeter quand il s’agit d’organiser des vacances, un dîner ou un tête à tête avec moi. Mon homme vit dans l’instant présent. Mais quelle qualité ! J’aimerais tellement en être pourvue… Et c’est ce sur quoi j’ai décidé de me concentrer. Regarder le côté « face » de ce trait de caractère plutôt que son côté « pile ».
Ah, mais quel manque de romantisme !!
Oui, peut-être. Sûrement, même. Cela m’a d’ailleurs rendu bien malheureuse – et la tentation se présente presque chaque jour – mais après des soirées à faire la gueule et des nuits à ne pas en dormir, j’ai décidé de ne pas fixer mon attention sur ce point-là qui, au regard de ces dix dernières années, brille plutôt par son insignifiance.
Et puis, rendons à César ce qui est à César : j’aime tellement organiser les choses que si par hasard mon homme avait organisé ce week-end d’anniversaire, j’aurais bien trouvé le moyen de critiquer ^^.
Donc : mon Fabuleux ne m’organisera pas cette escapade en amoureux, et ça n’est pas la fin du monde. C’est même plutôt un joli début pour une nouvelle décennie de notre « oui », signe que nous la passerons à vivre notre amour chaque jour et non à le rêver.