Un jour, tu as regardé « Les 10 commandements ». Le vrai, celui de 1956, avec la tonsure de Yul Brynner et le menton carré de Charlton Heston. Sont-ce les effets spéciaux qui ont vieilli ? Ou bien ta vie de maman a-t-elle tanné ton cuir ? Quoi qu’il en soit, tu as poussé un long soupir et tu as dit :
– Ils me font marrer les Égyptiens, avec leurs plaies. Ils n’ont jamais passé trois semaines de vacances avec moi !
Et en effet, que vaut une nuée de sauterelles affamées face à l’insolation de Jean-Kévin ou à une invasion de moustiques tigres ? De la gnognotte, on vous dit !
1. La piqûre de frelon
Tu étais bien, à la fraîche, pieds nus dans l’herbe, à faire quelques mouvements de yoga avant le réveil de la maisonnée. Oh quelle chance, le camping est bordé par un verger et un joli figuier tend vers toi ses branches chargées de délicieux fruits mûrs à point. Portée par cette naïve illusion qu’en été, tout le monde est gentil et de bonne humeur, tu tends la main et la retires avec un cri : un frelon embusqué s’en mettait jusque là de jus de figue sucré, et il n’a pas apprécié la douce pression de ton index sur son abdomen. Avec un peu de chance, ta main va enfler au point que tu ne pourras plus du tout éplucher de concombre, ni de rien. La campagne, c’est Koh Lanta.
2. La brûlure au troisième degré
C’est que ça colle, un chamallow fondu. Ce n’est pas Marie-Lo qui dira le contraire, elle qui passait une soirée très bon enfant avec ses copains de plage, assise en rond autour des flammes, une pique à brochette à la main. C’est son voisin qui a embroché trois chamallows dessus pour qu’elle les fasse fondre. Ça gloussait à qui mieux mieux quand le jeune homme s’est penché, soi-disant pour lui retirer un cil qui venait de lui tomber sur la joue. Surprise, elle a lancé sa pique à brochette qui a atterri pile sur son front bronzé. Le garçon a eu le bon réflexe : il a décollé le chamallow et un bon bout de peau avec. Bilan : cicalfate, écran total et pas de soleil pour le reste des vacances. Pas de flirt non plus, déso Marie-Lo. Éradiquons le campisme de nos vies.
3. L’érythème
Tu pensais que ce mot était réservé aux fesses de nourrisson ? Que nenni ! Le premier jour de plage te l’a vite fait comprendre : ton Fabuleux avait refusé avec énergie que tu lui appliques de la crème solaire.
– Mais si, mon chouchou, ta peau a besoin de s’habituer au soleil, après une année sous les sunlights de ton open space.
– Justement, je suis blanc comme un c…loporte, laisse-moi bronzer !
Tu l’as laissé. Résultat : à 23 heures, tu le retrouves en train de gémir sous une douche glacée :
– Ça piiique, ça gratte, mets-moi de la Biafine ! Enlève-moi la Biafine, ça brûle encore plus ! Mais qu’est-ce qui se paaaaasse ?
Ce qui se passe, c’est qu’il fait une réaction au soleil, et ça s’appelle un érythème solaire. À bas le soleil !
4. Les mycoses
On est sympas chez les Fabuleuses, on a rassemblé toutes les mycoses dans un seul paragraphe. Parce qu’il y a celles que tu attrapes dans le pédiluve et que tu vas traîner entre les orteils toute l’année (souvenir de vacances). Avec un peu de chance, elle va migrer et devenir une mycose de l’ongle, histoire de définitivement te faire passer l’envie d’enfiler des sandales. Il y a celle que tu attrapes à force de passer ta journée en maillot de bain humide. Et celle qui se développe là où il y a des bourrelets à cause de la transpiration qui macère… Bref, on va arrêter là. Exit la piscine et ses ersatz.
5. L’oursin, la vive, la méduse
Ces charmants organismes marins ont en commun de nous gâcher la joie des bains de mer. Te souviens-tu avoir scruté le sable avant de poser ton pied par terre, terrorisée à l’idée de marcher sur une vive ? On en a parlé plus qu’on n’en a vu en vrai, mais le résultat est là : se baigner = se piquer, et si ce n’est pas sur le dos d’une vive, ça sera à cause des longs filaments gélatineux d’une méduse passée inaperçue. Fuyons le bord de mer.
6. L’inflation estivale
Tu aurais pourtant juré que cette paire de brassards valait 3€45 dans ton Carrefour Market préféré. Sauf que là, on est à Hossegor et que le cours du brassard est manifestement soutenu par une scandaleuse spéculation à la hausse. La bouche en cul de poule, tu vas longuement soupeser le risque réel de noyade de ton bambin de 4 ans face au prix démentiel de ces deux vessies plastifiées. Bannissons le littoral français.
7. Les photos mensongères
C’était bien noté « lit deux places » sur l’annonce. Tu avais zoomé autant que possible pour vérifier que le matelas était assez épais pour absorber le bruit de vos retrouvailles sensuelles avec ton Fabuleux. Malheureusement, il y a un changement de programme : c’est finalement un clic-clac en 140 au matelas fin comme une chambre à air en fin de course qui sera l’écrin de vos nuits passionnées. Rien ne vaut son chez-soi.
8. Le dérèglement climatique
Pour fuir le cagnard vous avez évité le sud, le sable, la réverbération, le versant ensoleillé des Alpes et le climat continental à l’est de l’axe Lille/Toulouse. Il vous restait un petit bout du Cantal. Vous avez loué un buron charmant à 1 954 m d’altitude, près des vaches Salers et loin de la canicule. Résultat, vous avez vu le sommet des monts le premier jour, entre 17h45 et 18h13, et depuis vous naviguez entre bruine et brouillard. Le top au mois d’août. La hargne, ça vous gagne.
9. Les voisins pas discrets
Au début vous l’avez trouvée charmante, à vous proposer le petit verre de bienvenue. « Dans la résidence, tout le monde se connaît ». C’était chaleureux et sans chichi. Mais quand Marjolaine (« Tout le monde m’appelle Marjo ici ») est revenue à 8h12 pour vous demander si vous vouliez participer à la commande de croissants qu’elle se proposait d’aller chercher à vélo pour tout le monde, vous avez eu un doute. Après l’apéro de 11h45, le goûter pour lequel elle a fait sauter 234 crêpes et un deuxième apéro, vous n’en aviez plus. Cette femme est un crampon. On sait les voisins qu’on quitte, on ne sait pas ceux qu’on va trouver.
10. Les cahiers de vacances
Vos enfants ont tout essayé : les « oublier » à la maison, faire tomber la grenadine dessus, les laisser à portée de croc du doberman du gardien, les utiliser pour allumer le barbecue, vous avez tenu bon : ils vont les faire, ces pu… n de devoirs de vacance ! Huit crises de larmes, deux attentats au stylo 4 couleurs et quelques doutes sur le résultat de 543 +76/12 plus tard, vous jetez l’éponge. C’est vos vacances aussi, après tout.
Chère Fabuleuse, les 10 plaies d’Égypte n’ont qu’à bien se tenir.
Si cette liste de calamités ne te fait pas peur, ça signifie que tu es prête à plonger dans le 14 juillet-15 août sans brassard. On aura fait le maximum pour te prévenir.