Ce qui est bien avec la « maman-copine », c’est que la plupart du temps, elle s’abstient de tout commentaire concernant l’évolution de ton enfant – ou du moins elle essaie – pour ménager ta susceptibilité. Je ne te parle pas de la « maman-tout-court » : si tes enfants ne marchent pas encore à 4 pattes alors que le sien oui – et depuis des mois ! –, alors elle dissimule à peine son sentiment de supériorité.
Ouais, mes filles ont 9 mois et elles ne rampent pas encore, c’est vrai. Par contre, elles récitent l’alphabet en biélorusse et à l’envers.
Après la phase angoissante du « Est-ce qu’elles ont un problème, est-ce-que c’est grave docteur ? » et celle de la culpabilité intense « Je n’ai pas dû les stimuler assez, je fais tout de travers, je suis nulle » (là, en fond sonore, le bruit du fouet sur mon épaule meurtrie), j’en suis arrivée à m’approprier le concept de motricité libre.
Soyons honnête, c’est là ma dernière carte pour
- me rassurer,
- rester hype et bobo,
- ne pas perdre la face en société.
Chacun son rythme, certes.
La bienveillance, d’accord ; mais il faut le dire, ça manque quand même d’authenticité. Eu égard au « Elles ne rampent pas encore, mais c’est pas des feignasses du dodo au moins, haha ! », balancé en riant, devant les puéricultrices et autres animatrices mi-médusées mi-étonnées par mon langage fleuri. Réflexion que je me suis, évidemment, reprochée pendant de longues minutes :
« Oh My G**, j’ai traité mes filles de « feignasses », je suis une mauvaise mère ! »
Au fond, on a beau dire qu’on se moque de l’avis des autres, que chacun doit trouver son rythme, qu’il n’y a pas de meilleure façon d’être maman que celle avec laquelle tu es à l’aise blablabla…, et ben tu ne PEUX PAS t’empêcher de laisser s’immiscer Madame Comparaison (la sœur de Miss Compétition), et de te la péter grave si ton enfant à toi, dort 12h la nuit, lui.
Mais si, tu sais bien, ce petit sourire au coin des lèvres, l’air de dire « J’suis trop la plus forte », qui sous-entend que le développement de ton enfant relève uniquement de ta responsabilité. Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes : l’évolution de ton enfant n’est pas une jauge mesurant ta « génialité » de Maman. Si on poursuit ce raisonnement, plus il marcherait tôt, plus incroyable tu serais…
Mais ton enfant a sa propre trajectoire…
…et ça, tu ne le maîtrises pas non plus, ma cocotte ! Ce qui ne t’empêche pas d’être hyper soulagée quand tu constates que ton enfant fait déjà tout ce que d’autres ne font pas…
Cependant, dans ma lutte acharnée contre ce concept de Maman Parfaite, je suis forcée d’avouer que céder aux sirènes de la comparaison, c’est tout simplement un travers de l’être humain : imparfait… Donc même si aujourd’hui je dénonce le réflexe de la comparaison, je le comprends et l’accepte (je confesse qu’il m’arrive même de le pratiquer…).
Mais est-ce qu’on ne pourrait pas juste se foutre la paix ?
À soi et aux autres ? Juste s’aimer avec ses travers et ses failles, et laisser la nature faire son boulot ? Dans quelques années, on se moquera de savoir qu’elle a marché à 10 mois et fait ses dents à 5 ! En fait, nous on voudrait juste que toutes les mamans du monde se tiennent par la main, se sourient et se soutiennent, pour partager leurs doutes, leurs craintes, leurs réflexes primaires mais débiles, leurs joies et leurs peines…
Ton enfant a 18 mois et ne tond toujours pas la pelouse en récitant du Verlaine ? Don’t worrry, and be Fabuleuse !