À l’heure où il est coutume d’égrener ses bonnes résolutions de l’année et de pratiquer le “dry january” (littéralement : “janvier sec”) après les excès des fêtes de fin d’année, pourquoi – soyons fofolles ! – ne pas prendre la bonne résolution d’engager son foyer dans une “dry year” ? Je te rassure tout de suite : il ne s’agit ni d’alcool, ni de déficit hydrique.
Envisageons plutôt une conception extensive de la sobriété, à savoir une baisse volontaire de notre consommation familiale, appliquée bien au-delà de notre seule consommation de boissons !
Rien qu’à l’idée de penser aux 2 tonnes de CO2 annuelles qu’on ne devrait plus dépasser d’ici quelques années, pour laisser une planète à peu près habitable à nos enfants (la moyenne actuelle est de 10 tonnes par an), tu as envie d’aller te recoucher direct ? (Et si, avant d’aller te coucher, tu as envie de te situer, tu peux faire le test ici)
Et si en 2023, on arrêtait de subir la crise énergétique et climatique pour en devenir actrices,
en apportant notre modeste (mais décisive) pierre à l’édifice ? Si, plutôt que de céder aux sirènes de l’éco-anxiété ambiante, on prenait les sirènes par la queue et on tordait le cou à (entourer la bonne réponse) :
A- notre politique de l’autruche
B- notre culpabilité paralysante
C- notre éco-anxiété déprimante
Comme le disait déjà Henry David Thoreau, en des temps pourtant plus cléments : « À quoi bon avoir une maison si l’on n’a pas de planète acceptable où la mettre ? »
Je t’entends d’ici rétorquer : « Non mais allôôôôô, quoi ? »
Déjà ensevelie sous les innombrables diktats de la pseudo mère parfaite,
la Fabuleuse version 2023 devrait en sus se farcir une injonction de sobriété ? Déjà qu’elle n’arrive pas à sortir la tête de l’eau entre ses multiples casquettes de maman – femme – amie – collaboratrice – fille de – voisine – etc., il lui faudrait en plus être sobre, maintenant ?
Alors certes, je ne te vendrai pas que “consommer moins, mais mieux” est totalement indolore… Mais les “pertes” sont à mettre en corrélation avec les “gains” ! Pour cela, je te propose de lutter contre quelques idées reçues :
Idée reçue #1 : la sobriété, ça prend du temps
Certes, le chemin de la sobriété n’est pas exempt d’efforts : consommer local, de saison, en minimisant les emballages et contenants à usage unique… peut nécessiter un effort intellectuel voire une logistique et des déplacements supplémentaires. Exigeant, si tu t’imposes de les faire à pied, en vélo ou transports en commun, pour rester cohérente.
Mais consommer différemment, c’est aussi privilégier les achats immatériels et expérientiels. Ça fonctionne mieux avec les cadeaux qu’avec la nourriture, je te l’accorde.
La Mère Noël te le dira : il est moins coûteux en temps et en énergie de commander une place de spectacle, un abonnement au théâtre ou un cours de chant/cuisine/poterie/composition florale et j’en passe… que de se ruer dans les magasins bondés un 23 décembre, en quête de cadeaux last-minute pour toute la famille.
De même, pour l’anniversaire des copains de classe, il est plus chronophage (et énergivore) de partir en quête d’un cadeau avec sa progéniture sous le bras que de participer à une cagnotte en ligne pour un beau cadeau commun. Cela flattera l’éco-responsabilité de tes enfants à qui tu pourras expliquer que, grâce à cette démarche, vous venez d’éviter à son ami(e) de recevoir une profusion de mini-cadeaux “made in China” suremballés qui finiront vite aux oubliettes, voire à la poubelle.
Consommer autrement mais surtout consommer moins : au final la sobriété c’est du temps épargné ! Rien de plus efficace en l’espèce que la bonne vieille “méthode BISOU” développée par Marie Dublin et Herveline Verbeken dans le livre J’arrête de surconsommer (moyen mnémotechnique pour se souvenir des 5 questions à se poser avant tout achat) :
Besoin : quel besoin cet achat vient combler en moi ?
Immédiat : est-ce qu’il me le faut maintenant ?
Semblable : est-ce que je n’ai pas déjà quelque chose de similaire chez moi ?
Origine : d’où vient le produit ?
Utile : est-ce qu’il va réellement me servir ?
La réponse étant, réflexion faite, souvent dissuasive, on se déleste d’un besoin de consommation qui n’était finalement pas vital. Et tout le temps qu’on ne prend pas à consommer, c’est autant de temps gagné pour un moment de qualité pour soi ou avec les siens !
Idée reçue #2 : la sobriété, ça coûte cher
Dans l’inconscient collectif, “écolo” rime encore souvent avec “bobo”, à savoir la Fabuleuse urbaine CSP+ pétrie de bonnes intentions qu’elle peut se permettre.
Or par définition, moins consommer, ça fait non seulement gagner du temps mais aussi de l’argent !
Certes, consommer autrement peut générer quelques frais supplémentaires, par exemple lorsque l’on privilégie les produits de qualité et de proximité au hard discount, notamment sur le plan alimentaire. Mais si l’on prend le cas de la viande, aliment au bilan carbone le plus élevé, le surcoût des produits est compensé par le fait d’en manger moins souvent et de faire davantage appel aux protéines végétales qui sont beaucoup moins coûteuses en CO2, mais aussi en pépètes !
Idem pour les produits ménagers ou cosméto Do-It-Yourself : quelques ingrédients de base bon marché dans le placard (bicarbonate de soude, vinaigre blanc, cristaux de soude, savon de Marseille, huile végétale…) suffisent pour prendre soin de soi et de sa maison, à des prix défiant toute concurrence.
Enfin, consommer autrement, c’est privilégier une dynamique d’économie circulaire. Or jusqu’à preuve du contraire, la seconde main ou les équipements reconditionnés, ça coûte moins cher que le neuf ! Et sur ce sujet-là encore, nos enfants se révèlent souvent beaucoup plus ouverts d’esprit que nous : je te mets au défi de les voir s’offusquer d’un cadeau de Noël ou d’une “nouvelle” garde-robe ayant déjà vécu une première vie… Ne projetons pas sur eux nos propres appréhensions !
Idée reçue #3 : la sobriété, c’est has been et pas fun
Non, la fabuleuse sobriété n’a pas vocation à te transformer soudainement en femme des cavernes ou en amish armée de sa lampe à huile (comme dirait l’autre…) ! Il ne s’agit pas de se métamorphoser du jour au lendemain, mais de se mettre en chemin, progressivement, sans culpabilité aucune sur nos limites, qui sont légitimes.
Et bonne ultime nouvelle, la sobriété c’est pas forcément chiant ! Surtout lorsqu’elle est pratiquée à plusieurs, ce qui est au passage plus efficace, ça tombe bien. Pourquoi ne pas embarquer ta moitié et ta descendance dans l’aventure ? Faire de ces actions un jeu : réduire, chiffres à l’appui, la consommation énergétique du foyer, suivre l’évolution de l’empreinte carbone familiale, inventer et déguster de nouvelles recettes moins consommatrices en CO2… et même pisser sous la douche, si ça peut aider à la cohésion d’équipe ?! Autant d’occasions de défis familiaux voire de challenges avec la famille élargie, les voisins, les copains, l’association de proximité, le club de sport ou toute autre communauté extrafamiliale !
Mieux vaut agir modestement maintenant que radicalement dans 10 ans.
Mieux vaut une armée de milliers de Fabuleuses qui se mettent en marche doucement mais sûrement sur les chemins d’une plus grande sobriété, qu’une poignée de Fabuleuses ayatollah de l’écologie qui montent dans le train d’un mode de vie radical, pendant que les autres restent sur le quai de la gare (ou plutôt en l’espèce, sur le parking de l’hypermarché !).
Allez, chiche ? Happy dry year to you !
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Alice.