Marianne ne sait pas dire « non ». Elle réalise au fil de nos séances qu’elle a tendance à dire « oui » même quand elle pense « non ». Elle dit oui à une invitation à dîner même quand elle rêve de se coucher tôt, elle dit oui pour organiser une sortie avec 12 enfants alors qu’elle aspire à se promener avec ses 3 enfants à elle, elle dit oui pour dépanner une amie alors qu’elle-même aurait bien besoin d’aide en ce moment.
Elle se retrouve avec son mari dans une nouvelle expatriation qu’elle ne souhaitait pas.
Elle lui en fait le reproche en même temps qu’elle s’en veut de cette attitude qui l’empêche d’avancer.
Marianne est d’une intelligence rare, et a besoin de se sentir stimulée par les gens de son entourage. Elle valorise énormément l’intelligence cérébrale. Si elle réfléchit à une vitesse fulgurante, ses relations en revanche peuvent être source de grande frustration.
Pendant l’accompagnement, elle prend conscience que ses relations se trouvent sûrement biaisées par une forme de court-circuit qu’elle provoque en disant « oui » alors qu’elle pense « non ».
Elle comprend qu’elle évite de dire « non » pour une raison : la peur de déplaire.
Ou le besoin vital de se sentir appréciée.
Ce jour-là, il lui apparaît évident que sa façon d’entrer en relation est basée sur un court-circuit. Elle admet que sa motivation « être aimée », dont elle n’était pas consciente jusque-là, ne sert pas vraiment la relation.
Elle me pose alors la question : « Que faire de cette peur d’être rejetée ou du sentiment d’être mal aimée ? ».
C’est précisément l’objet de notre travail ensemble : que Marianne apprenne à s’apporter seule ce qu’elle cherche éperdument chez les autres : une forme d’amour de soi.
Ce chemin vers l’amour de soi que je lui propose d’emprunter va peu à peu lui permettre de créer elle-même un matelas d’affection revigorant.
Oui, la plus belle source de reconnaissance, c’est elle qui va apprendre à se l’apporter.
Je lui réponds : « C’est un chemin, nous sommes dessus. Il va nous faire traverser différentes régions : celle de l’écoute de tes besoins fondamentaux, celle de la congruence, qui te permettra de dire “non” quand tu penses “non” et “oui” quand tu penses vraiment “oui”, celle de la compassion, celle du pardon, celle de l’acceptation de toi telle que tu es ».
Une première étape peut être de s’observer.
Je propose à Marianne de compter le nombre de fois dans une journée où elle se juge. « J’ai été nulle, j’ai encore râlé toute la soirée », ou « Je voulais discuter avec mon mari et voilà j’ai pris la mouche et maintenant on est fâchés, je ne suis bonne à rien ».
Je lui suggère aussi d’observer ce qui se passe la prochaine fois qu’elle entre en relation avec une nouvelle personne : « Si tu sens que certaines de tes phrases ont pour but de plaire à l’autre, ou si tu te sens « nulle » à côté d’elle, tu peux l’identifier et noter intérieurement : “Ah oui, ça c’est mon talon d’Achille, qui vient me titiller à chaque fois que je me sens fragilisée. Mais je sais qu’il ne correspond pas toujours à la réalité”. Cela peut être une façon de ne pas laisser ce sentiment tout envahir ».
Ces nouvelles façons de réagir vont l’aider à passer d’une attitude d’auto-jugement sévère à une observation d’elle-même.
M’observer ne veut pas dire me justifier : « Oui ben je suis comme je suis et puis c’est tout ».
M’observer ne veut pas dire me soumettre : « J’ai explosé, je n’y peux rien, c’est toujours pareil, ma vie est foutue ».
M’observer, cela veut dire tenter de comprendre le mécanisme qui fait que j’ai pris la mouche. « Tiens, me voilà en colère. Qu’est-ce qui a provoqué ma colère ? »
Veux-tu essayer, chère Fabuleuse, de t’observer sans te juger ?
T’observer pour comprendre ce qui se passe en toi, avec la conviction que dans cette attitude réside un levier de transformation puissant.
T’observer avec la conviction que tu peux apprendre à aimer celle que tu es, sans la juger.
Ce qui aura pour conséquences une plus grande facilité à accepter que les autres soient comme ils sont, sans vouloir les changer.