Pendant presque 30 ans, je ne me suis pas aimée. Je m’en suis voulue à mort, à chaque fois que j’ai dit n’importe quoi. Je me suis fait beaucoup de reproches, à chaque fois que je me suis trompée. Je me suis mise des bâtons dans les roues. Je me suis faite passer après les autres. J’étais convaincue que les gens qui me rabaissaient avaient raison de le faire.
Et puis j’ai eu des enfants.
Quand ils disent n’importe quoi, je les trouve marrants.
Quand ils s’énervent pour un rien, je les trouve mignons.
Quand ils se prennent pour les chevaliers qu’ils ne sont pas, je les applaudis.
Quand un petit morveux les bouscule à la sortie de l’école, je me retiens de lui casser la gueule.
J’ai eu des enfants, et j’ai décidé d’aller voir une psy. Pour apprendre à m’aimer. Pour eux.
Comment les aimer si je ne m’aime pas ?
Comment les comprendre si je ne me comprends pas ?
Comment accepter leurs défauts si je ne n’accepte pas les miens ?
Et célébrer leurs qualités si je ne sais pas reconnaître les miennes ?
L’amour pour soi, c’est quoi ?
(d’après Dr Kristin Neff, self-compassion.org)
1. De la bonté envers soi-même
Se montrer bienveillant et compréhensif envers soi-même quand on souffre, quand on connaît des échecs ou quand on ne se sent pas à la hauteur, au lieu d’ignorer sa douleur ou de se complaire dans l’autoflagellation.
Nous les mamans, lorsque nous allons mal, notre premier réflexe est de chercher en quoi tout est de notre faute. Nous avons cette incroyable capacité à nous triturer l’esprit pour définir le plus précisément possible en quoi nous sommes la pire mère du monde.
Il y a urgence à ce que nous changions de dialogue intérieur : « Tu es très bien comme tu es. », « Tu n’as rien à prouver. », « Quoi qu’il arrive, tu as de la valeur… »
2. Un sentiment d’humanité
Reconnaître que la souffrance et le sentiment d’insuffisance font partie de l’expérience humaine. En gros, reconnaître que tout le monde passe par là !
Lorsque nous avons l’impression de ne pas être au niveau, d’être moche ou d’être nulle, de ne rien réussir et encore moins notre vie de famille, nous avons toujours cette même sensation : la sensation d’être séparée du reste du monde.
La pensée que tous les autres y arrivent sauf moi. Que je suis la seule à souffrir. Que mon mari ne peut pas comprendre.
La vérité, c’est qu’elle souffre, la pimbêche qui se dandine avec ses gosses tout sages au supermarché. Elle doute d’elle-même, elle aussi ! Elle a peur, elle aussi. Ah que c’est bon de le savoir.
3. De la pleine conscience
Développer une attitude équilibrée envers les émotions négatives, qui ne doivent être ni ignorées ni exagérées non plus. Apprendre à faire preuve de curiosité face à la souffrance, et commencer à regarder ce qui se passe à l’intérieur de nous, comme si on regardait un animal sauvage lors d’un safari.
Et, au fur et à mesure que l’on trouve cet équilibre en soi, on se met à regarder ses enfants avec ces mêmes yeux curieux. Sans les ignorer, sans les juger non plus. Juste essayer de les comprendre…
Pour mieux aimer ses enfants, il faut d’abord s’aimer soi-même.
Le mot de la fin est à Vianney :
Qu’aiment les hommes qui se s’aiment pas
Je me suis souvent demandé
Ce qu’aimaient les hommes qui ne s’aiment pas
Moi je m’envole, je m’en vaisJ’fais comme Dumbo
Je ne fais que voler
Au-d’ssus d’mes défauts
Je fais comme Dumbo
Je ne fais que volerUn éléphant roi, se trompe parfois
Et danse aussi mal que vous et moi
En éléphant, moi, je ne me trompe pas
Quand je me dis qu’il faut qu’on s’aime, soi