Cette année, c’est peut-être la première fois que tu fêtes Noël différemment de toutes les années précédentes.
Premier Noël sans ton aîné, qui le passe dans sa belle-famille,
Premier Noël sans la maison de famille, parce qu’elle a été vendue,
Premier Noël sans l’un de tes parents, parce que tu as perdu cette année ton père ou ta mère,
Premier Noël sans tes enfants, parce que c’est le jeu de la garde alternée toute fraîche,
Premier Noël sans ton conjoint, parce que cette année, tu as vécu une séparation,
Premier Noël sans alcool, parce qu’il a fallu prendre une décision radicale pour une raison X ou Y,
Premier Noël sans ta famille, parce que tu es hospitalisée,
Premier Noël sans ton bébé, parce que tu traverses le deuil de cet enfant.
Noël est le jour qui entérine, qui marque dans une forme de permanence les changements, les bouleversements qui ont agité l’année. C’est parfois le moment douloureux où l’on compte ses absents, celui qui souligne le temps qui passe et les renoncements auxquels il nous force.
Chère Fabuleuse, à toi qui vis Noël comme un passage douloureux,
sache que : « Tu n’es pas seule. Tu n’es pas la seule », selon la formule consacrée d’Hélène Bonhomme. Noël est ce jour où nous accueillons nos blessures en sachant qu’elles vont peu à peu cicatriser pour devenir ces marques qui vivront avec nous. Un jour, elles ne saigneront plus, c’est une promesse que je te fais.
Peut-être regrettes-tu le Noël précédent, celui pendant lequel tu n’imaginais pas une seconde que tu te tenais en équilibre sur un fil fragile, celui que tu as vécu dans l’insouciance la plus totale. C’était un Noël précieux, mais celui de cette année ne l’est pas moins car il marque un passage, une nouvelle saison, et il ouvre la porte à toute une série de fêtes de Noël “avec”.
Alors laisse-moi te tendre un mouchoir, te serrer un peu fort l’épaule ou le genou, si tu nous imagines assises côte à côte dans un café. Laisse-toi envelopper un peu par les émotions consolantes de toutes celles qui pourraient aujourd’hui te dire : “moi aussi” parce qu’elles, leur ‘ »premier Noël sans”, c’était il y a un, deux, dix ans. Et elles sont toujours là, elles ne pleurent plus en emballant les cadeaux, elles ont le coeur en paix ou en voie de l’être. Elles ont surmonté et elles te disent que tu vas y arriver aussi.
Des années plus tard, elles gardent un souvenir particulier de ce “premier Noël sans” :
doux amer peut-être, étrange, ou étonnement paisible, parce que ce “Noël sans” était paradoxalement un “Noël avec” quelqu’un ou quelque chose qui, depuis, s’en est allé. C’est peut-être impossible aujourd’hui d’imaginer l’après, parce que ce Noël-ci, tu le visualises comme le bord d’un précipice au bout d’une longue pente caillouteuse. Mais crois-moi, s’il te plaît, il y a quelque chose après. Chaque saison qui s’invite dans ta vie apporte avec elle un lot de cadeaux et tu vas retrouver petit à petit la joie de goûter tous ces “avec” qui vont continuer de s’inviter dans ta vie, et tu vas les vivre avec d’autant plus d’intensité que tu auras expérimenté le “sans”.
Premier Noël dans ce nouvel appartement qui devient un nouveau foyer pour toi,
Premier Noël avec cet enfant nouveau-né, qui n’était pas là l’an passé,
Premier Noël avec ce Fabuleux à qui tu as décidé de faire une place dans ta vie,
Premier Noël avec cette belle-fille, ce beau-fils, à qui tu ouvres ton coeur et ta maison,
Premier Noël avec cet ami, cette amie, qui était seul(e) et que tu as choisi d’inviter,
Premier Noël avec cette greffe qui t’a permis de reprendre vie,
Premier Noël avec cette blessure que tu gardes en toi mais qui a cessé de te faire souffrir le martyre,
Premier Noël en paix avec les Noëls passés,