Avec mon mari, nous faisons partie de ceux qui ne fêtent jamais la Saint-Valentin. Ce n’est pas dans nos habitudes. Rien. Ni même une rose. Mais si je rembobine l’histoire de nos 20 ans de mariage, je ne tarde pas à trouver où se nichent nos meilleures déclarations d’amour.
Comme dans Alice au Pays des Merveilles et les « non-anniversaires », nous sommes devenus adeptes des « non-Saint-Valentin ». D’abord, parce qu’elles sont nombreuses, les « non-Saint-Valentin ». Plus encore, parce que ces déclarations tacites ou explicites sont devenues au fil des ans l’élite de nos rendez-vous extra conjugaux. Je m’explique.
Je suis pour :
- Pour, que du train-train quotidien puissent s’extraire des instants de récréations. Des moments hors-temps, des parenthèses exotiques, du pimenté-salé-sucré qui viendra réchauffer les veines.
- Pour que l’on redevienne amants, pour goûter à l’interdit, au frisson du renouveau.
- Pour que chacun puisse redécouvrir l’« extra » perdu au milieu de la liste de courses, le plein d’essence, les poubelles, les machines à étendre et le repassage. Être infidèle à la routine et lui filer un pied de nez. Sans changer de bien-aimé.
- Je suis pour que chacun puisse s’étonner de trouver encore chez l’autre, les dix mille facettes originales, amusantes, touchantes, déconcertantes et surprenantes qu’un seul amant ne saurait pas même embrasser.
Je suis pour la fantaisie, le glamour et l’humour. Ouvrez grands vos oreilles, voici quelques conseils :
Leçon n°1 : Faites monter le désir.
Envoyez un texto à votre aimé pour l’avertir que ce soir, c’est « son » soir. Sa curiosité piquée au vif le poussera à obtenir des précisions que vous ne donnerez qu’au compte goutte, bien entendu : histoire de l’émoustiller et de le faire languir. Le rendez-vous est pris ? Préparez vos cœurs et vos corps. Vivez l’impatience des retrouvailles qui nourrit le désir.
Leçon n°2 : Allumez le feu.
Ou plutôt les bougies afin d’adoucir la lumière. Humm ! Prenez le temps de découvrir vos corps mutuels au gré des ombres chaleureuses. Si vous craignez de perdre la tête dans un élan orgasmique et de mettre le feu au sommier, optez pour les petites guirlandes électriques. Restez prudents : il s’agit d’embraser vos corps, hein, pas la maison.
Leçon n°3 : Déshabillez-vous
Vous ne l’avez jamais tenté ? Imposez le strip-tease à votre fabuleux. Montez le chauffage à bloc pour qu’il ne prenne pas froid. Au pire, prévoyez un cache-nez ^^.
Et chiche : montez le son avec la voix langoureuse de Juliette Gréco sur « Déshabillez-moi ». Torride ?
Leçon n°4 : Variez le décor
Changer de lieu éveille le désir. Je pense à une cliente et son mari qui ont choisi de faire l’amour sur le tapis, « planqués » derrière le canapé du salon, ces derniers trouvant leur chambre trop proche de celles de leurs enfants. L’idée de la cachette est excitante, la crainte d’être surpris, tout autant. Risque et libido font bon ménage, l’habituel devient inattendu.
Leçon n°5 : Jouez !
Devenez des musiciens de la caresse et variez votre tempo : lento, adagio, andantino, moderato, allegreeeeeetto!!!!!! (Bon, je m’arrête.)
Effleurez la peau de l’autre avec vos doigts ou vos lèvres, « guilitez » vous, massez-vous avec gourmandise, variez le toucher de vos étreintes pour mieux prendre conscience de vos corps et de la joie d’être ensemble. Batifolez !
Dans un souci de discrétion, évitez les vocalises, mais si vous avez la chance de pouvoir vous éclipser sur une île déserte ou dans une malle confinée, ma foi, jouez de la voix et lâchez-vous !
Leçon n°6 : Dormez nus.
Oui, nus comme deux vers allant se baigner. Entortillez vos cœurs et vos corps. Ayez les mains baladeuses, indiscrètes et coquines.
Les peaux communiquent, se racontent des choses que l’on ne sait pas, deviennent amies, apprivoisent les odeurs, les douceurs ou les piquants de l’autre, les formes qui changent, les rides qui s’invitent.
Le corps à corps permet de tisser une enveloppe corporelle unique à chaque couple, une enveloppe dans laquelle il sera doux de se glisser les jours de disette affective. Une enveloppe précieuse qui favorise l’attachement : le plus longtemps possible.
Leçon n°7 : Posez des interdits.
« Est-il possible de désirer ce que nous avons déjà ? », s’interroge Esther Perel. Imaginer des limites est une autre façon de penser sa sexualité, de l’élargir. Dans ce lieu intime, si tout est dû et possible, la rencontre devient automatique et le désir s’émousse. Elle se transforme en câlin-doudou dont le but serait de se détendre pour mieux s’endormir.
Variez les règles et interdisez la pénétration, l’orgasme, les caresses sur telle partie du corps, censurez la vue (et donc, bandez-vous les yeux !) … Imaginez un protocole et devenez exigeants ! Se priver est une façon de ne pas tout ramener au plaisir, à la compétence, à la réussite, au sexe brut. Quel sera donc votre « scénario sexuel » ou votre langage amoureux ?
J’ai espoir de vous faire grimper au rideau. C’est une métaphore, n’est-ce pas ! Évitez de vous balancez à la tringle, même pour une séance de Pole Dance*. Et même si tout cela est excellent pour le cardio, il s’agit avant tout de passer un bon moment ensemble, loin de l’agitation journalière, à distance des kilos de choses à faire, des soucis qui nous encombrent.
Être infidèles au quotidien pour un temps de retrouvailles extra…conjugales ? Je dis oui ! Mille fois oui, et pas que le jour de la Saint-Valentin.
… Alors, attendez demain : le désir n’en sera que plus ardent !
*Je n’ose même pas imaginer la tête des pompiers qui viendraient vous sortir de ce mauvais pas. Prendre son pied est une chose, mais ne le prenez pas n’importe comment.