Clara me pose cette question, juste avant de commencer notre deuxième séance : « Comment tenir un objectif jusqu’au bout, et me sentir fière de moi ? » Clara est une jeune femme intelligente, déterminée, sensible, et qui veut vivre une belle vie. Elle m’a contactée car elle se sent fragile, dans sa relation à ses enfants, avec son compagnon dont elle se sent loin, et avec ses collaborateurs au travail.
Elle ne sait plus sur quel pied danser, elle crie souvent, elle n’aime pas celle qu’elle devient, elle a besoin de reprendre confiance en elle.
Et le fait de se fixer un objectif sans arriver à l’honorer fait chuter encore plus l’indice de sa confiance en elle. Sa question est teintée d’urgence :
Comment me sentir fière d’avoir tenu bon ?
En l’occurrence, elle a subi une opération de la hanche qui nécessite des séances de rééducation. Le kiné lui propose une séance hebdomadaire au cours de laquelle il lui montre les gestes et mouvements de nature à rétablir sa hanche. Il estime qu’elle doit refaire cette séance seule chez elle chaque jour pendant 30 minutes. Clara ne trouve jamais le moment ni l’envie, et voit s’égréner les jours sans séance. Elle n’ose plus retourner chez le kiné, et surtout, elle se maudit un peu plus chaque jour :
« T’es nulle, mais pourquoi t’es pas capable de t’y mettre, t’es vieille, tu te pourris ta hanche toute seule, etc.. »
Je propose de refaire avec vous le chemin que j’ai fait avec elle, pour lui transmettre ma méthode pour tenir son objectif.
Elle consiste à se poser trois questions :
- Pour quelle raison ?
- De quelle façon ?
- À quel moment ?
Le premier point consiste à chercher la raison précise de votre décision.
Si l’objectif est de vous remettre au sport, savez-vous exactement pour quelle raison ? Quels bénéfices pouvez-vous espérer de cette reprise ? N’hésitez pas à noter vos réponses dans un cahier.
Clara me répond facilement : « Je veux pouvoir avancer en âge en pleine santé, et retrouver une mobilité aisée de la hanche est une motivation forte pour moi. »
La deuxième question est parfois plus difficile.
Elle consiste à se demander : « Comment vais-je m’y prendre pour rendre cet objectif atteignable ? ». C’est souvent la réponse à cette question qui vous fait abandonner vos efforts. Car il s’agit non pas de vouloir franchir la montagne en une seule fois, mais de déterminer des étapes.
Ici, Clara se rend bien compte qu’elle n’arrive pas à se mettre à ses séances seule. Pourquoi ? Elle ne sait pas vraiment. Elle évoque un ennui à procéder à ces gestes, un intérêt plus grand pour d’autres tâches, un manque de temps.
Je lui dis : « Actuellement, au lieu de faire une séance de 30 minutes par jour, tu ne fais rien. Si tu faisais, pour les jours qui viennent, une séance de 10 minutes par jour, est-ce que cela te semblerait plus facile ? ».
Elle s’exclame : « Ah oui ! ». Je suggère, lors du prochain rendez-vous avec son kiné, de lui demander les gestes les plus importants à faire pour une séance de 10 minutes. Quand cette séance sera devenue une habitude, libre à elle de l’allonger. Je ne serais pas étonnée que ce soit son corps qui le lui réclame.
C’est ce que j’appelle fractionner l’objectif en étapes.
Puis je la questionne : « Toi qui parles d’ennui, qu’est-ce qui t’aiderait à en faire un moment plaisir ? Qu’aimes-tu quand ça se passe chez le kiné ? » Elle répond qu’elle est sensible aux massages. Je rebondis : « Et si tu commençais ta séance par 2 minutes de massage de la hanche avec ton huile préférée ? Te vois-tu lui parler, à cette hanche, pendant que tu la masses, en lui disant : “tu vas voir ma belle, je te chouchoute, tu vas revivre, toute huilée, toute rajeunie et me porter jusqu’à mes 80 ans !” »
Et pourquoi ne pas mettre de la musique pendant ce temps-là ? Je vois un sourire se dessiner sur son visage, ses épaules se redresser : nous sommes sur la bonne voie !
Le troisième point est tout aussi important :
Trouver une plage de temps dans son agenda pour cette séance hebdomadaire. Il s’agit de prendre en compte le rythme de chacune : est-ce le soir ? le matin ? lors d’une pause en plein milieu de la journée ? à des moments variés selon les jours ?
Clara décide rapidement de son moment : « Ça sera le matin, en rentrant de l’école où je dépose mes enfants. Ça me fera bouger un peu avant d’attaquer la journée. Et c’est une bonne raison pour m’offrir un moment pour moi. »
Je propose à Clara de l’inscrire dans son agenda, chaque jour.
Son objectif lui semble-t-il réalisable ainsi ? Elle a le sourire aux lèvres et les joues rouges. « Oui ! », me dit-elle. Et de me demander : « J’ai un autre objectif en tête : celui de trouver un accord avec mon compagnon sur la façon dont nous exerçons notre autorité sur nos enfants. On peut faire le même travail ? ».
Oui !
Ce cheminement peut vous aider à rendre n’importe quel objectif réalisable.
Quand vous aurez formulé votre objectif avec des mots, clarifié votre motivation, fragmenté les étapes pour y parvenir, trouvé une façon qui vous amuse ou qui vous fasse plaisir, puis décidé du moment le plus propice pour le faire, posez-vous la question :
« Est-ce que je me sens prête, est-ce que ça me paraît plus facile ? »
Reste un ingrédient de haute importance : l’indulgence !
En vous engageant dans la réalisation de votre objectif, je vous recommande de bien garder à l’esprit que vous pouvez à tout moment revoir vos ambitions, vous autoriser à louper un jour ou deux, essayer autrement si ça ne fonctionne pas, continuer à chercher, demander de l’aide si besoin.
Et surtout, surtout, regarder le chemin que vous aurez parcouru…