Pauline Perrolet : “J’ai eu peur d’avoir gâché ma vie” - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Pauline Perrolet : “J’ai eu peur d’avoir gâché ma vie”

Marie Chetrit 11 octobre 2023
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Propos recueillis par Marie Chetrit

Pauline Perrolet est la dessinatrice hilarante qui croque sur Instagram les frasques de ses fils, jumeaux de 4 ans, sous les traits de deux petits diablotins. Je la suis depuis plusieurs années maintenant, parce qu’elle est vraiment très drôle et a le don pour voir l’humour des situations quotidiennes, même catastrophiquement  énervantes. Regarder les vignettes de Pauline Perrolet, c’est réaliser que les autres mères sont aussi paumées et dépassées que j’ai pu l’être, et ça fait du bien ! 

D’où viens-tu, Pauline ?

Je viens d’une famille somme toute classique. Mes parents sont toujours mariés, et j’ai une sœur. La particularité de ma famille est que mon père était diplomate, et j’ai beaucoup voyagé jusqu’à l’adolescence : j’ai passé une grande partie de mon enfance en Afrique du Sud, puis plusieurs années aux Comores, et au Canada. Mes parents sont ensuite partis vivre au Kazakhstan et je suis restée faire mes études à Bruxelles. Maintenant, j’habite avec mon mari et nos enfants en France, à la campagne.

Comment es-tu venue à l’illustration ?

L’écriture et le dessin me plaisaient, j’ai donc fait un bac littéraire puis une classe préparatoire pour entrer en école d’art. Être illustratrice n’est pas un métier facile : j’ai été tour à tour caissière et serveuse, j’ai fait des sondages téléphoniques, avant de parvenir peu à peu à trouver ma place dans le milieu de l’illustration. À côté de mon activité sur Instagram, je réalise des bandes dessinées, et je fais également des illustrations pour la presse et le milieu de l’édition. Maintenant, j’en vis correctement, mais cela n’a pas toujours été le cas.

Tu es maman de jumeaux. Comment as-tu vécu cette grossesse et ce post-partum ?

À l’annonce de la grossesse, les sentiments qui ont dominé ont été l’incrédulité et la peur. Ma grossesse a été très difficile, car j’ai cumulé les galères, avec des nausées très fortes et un diabète gestationnel, pour finir sur une pré-éclampsie et une césarienne d’urgence. Les garçons étaient prématurés, il fallait les nourrir toutes les trois heures, avec la dette de sommeil que cela implique.

Mon mari étant marin, je me suis rapidement retrouvée seule une semaine sur deux. J’ai parfois cru que j’allais mourir de fatigue. Pour surmonter cette période, j’ai fait le dos rond et attendu que ça passe. Je n’avais pas de possibilité de relais, et étant sollicitée par les deux bébés en même temps, je n’ai pas eu d’interaction unique avec chacun d’eux. J’ai le sentiment d’avoir raté de nombreux moments avec eux et de ne pas avoir vécu ces moments de complicité que l’on peut avoir avec un bébé unique. Honnêtement, j’ai eu peur d’avoir gâché ma vie et je n’étais pas très heureuse. Maintenant, nos fils ont 4 ans, ils parlent, ils sont drôles et je trouve cette période de la maternité beaucoup plus intéressante pour moi ! Je n’ai aucune nostalgie de la période “bébé”, et je suis ravie de les voir grandir !

illustration pauline perrolet

Tu es très présente sur les réseaux sociaux, où tu publies des petites vignettes sur ta vie de maman de jumeaux. Que penses-tu des discours éducatifs qui y sont véhiculés ?

Les contenus partagés sur les réseaux sociaux sont souvent très idéalisés. Mais maintenant, il me semble que tout le monde le sait. Après c’est un débat complexe : parfois, les lectrices disent que la réalité est décourageante, comme ce que je  raconte sur les débuts de ma maternité. Faut-il dire la vérité sur les difficultés de la vie de mère, ou garder une certaine réserve ? C’est une vraie question . Est-ce que cela peut décourager certaines femmes ? Sur mon propre compte Instagram, j’ai surtout des retours positifs, mais parfois aussi des leçons de morale. Mais globalement, mes abonnées ont de l’humour !

illustration pauline perrolet

Tu as réalisé plusieurs dessins sur le courant de l’éducation positive appliqué à la vraie vie. 

Pour moi, l’éducation positive est un concept flou et je ne sais pas chez qui ça marche. Si ça consiste à expliquer, je suis d’accord. Si c’est subir en permanence, ça ne me va pas. Je pense aussi à notre famille, à notre couple et à ce que je veux vivre, personnellement : je refuse de me sacrifier. De ce que je perçois de l’éducation positive, de ce qui en est diffusé, je trouve que c’est culpabilisant et qu’on n’a pas droit à l’erreur. Heureusement, il me semble que l’on commence à arriver à quelque chose de plus raisonnable, de mieux équilibré.

Est-ce que la notion d’ambivalence maternelle te parle ?

Je me pose régulièrement la question de ce que je ferais si je n’avais pas d’enfant. J’ai souvent envie de partir prendre l’air, c’est un sentiment assez culpabilisant. Mais je constate que je ne suis pas la seule à éprouver l’envie de me débarrasser d’eux de temps en temps, et on commence à moins placer la maternité sur un piédestal. C’est une bonne chose.

Quel serait ton conseil à une maman de jumeaux ?

Il est important de ne pas idéaliser la relation d’enfants jumeaux : elle n’est pas forcément idyllique. Elle est certes très fusionnelle, mais il y a aussi beaucoup de disputes. J’essaye de les ouvrir à des relations extérieures et je les encourage à exister indépendamment l’un de l’autre. Concernant le rôle de maman de jumeaux, mon conseil le plus important serait d’accepter toute l’aide qui est proposée, de qui que ce soit. Ne jamais refuser par fierté, par timidité, par besoin de se prouver quoi que ce soit. Il est aussi fondamental de ne pas se mettre la pression, d’accepter que les enfants passent toute la journée en pyjama ou ne prennent pas leur bain… ce n’est pas grave.

Comment t’organises-tu pour exister pour toi-même ?

Mon travail d’illustratrice est très important pour moi, je m’y investis beaucoup. Et trois fois par an, je pars seule à Bruxelles faire la fête avec des amis. C’est indispensable quand je sens que j’étouffe et que j’en ai marre d’entendre “Mamaaaan !” environ 900 fois par jour. Mon mari, qui est maintenant professeur des écoles, part aussi en week-end de son côté.

Quelle est ta fabuleuse astuce pour survivre à une journée bien pourrie ?

Manger des bonbons, mettre les enfants au lit tôt, et zou ! Boire un verre sur le canapé devant une bonne série.



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Cet article a été écrit par :
Marie Chetrit

Scientifique de formation et de profession mais littéraire de cœur, Marie Chetrit partage sur son blog de petits textes sur les moments rigolos ou exaspérants de sa vie familiale. Elle et son fabuleux époux ont chacun un grand d’une première union et deux petits diablotins ensemble.
https://prgr.fr/

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