Partir seule, et si tu osais ? - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Partir seule, et si tu osais ?

femme qui sort d'un taxi et qui tient la portière
Sandra Aubert 15 mai 2023
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Chère Fabuleuse,

T’est-il déjà arrivé de vouloir partir ? Seule ?

Quelques heures, quelques jours ou pour toujours ? Loin ? Voire très loin ?

Et qu’as-tu fait de ce désir ardent ? L’as-tu écouté ? L’as-tu étouffé ? 

En as-tu eu peur ? Honte ? 

À l’heure où je t’écris, je suis installée dans une petite chambre d’un hôtel sans prétention niché entre les Vosges et l’Alsace. J’ai déposé ma valise à roulettes il y a quelques heures à peine dans ce havre de paix où le temps s’est arrêté. Sur les murs tapissés de motifs géométriques, je n’ai trouvé aucune horloge et les aiguilles de ma montre se sont arrêtées sur 13 h 40. Je goûte le silence des lieux depuis mon arrivée. Je ne sais pas encore quel sera le programme de ma journée, je sais simplement que j’essaierai d’en savourer chaque minute. Et que je prendrai le temps d’écrire. C’est la promesse que je me suis faite en quittant la maison ce matin. 

Depuis quelques semaines, une petite voix résonnait en moi.

« J’ai besoin de partir. M’éclipser. Juste quelques jours. Une petite parenthèse pour vivre un tête-à-tête avec moi-même. » 

Alors je l’ai fait. Je suis partie. Seule. Le temps d’un week-end. 

Il m’arrive une à plusieurs fois par an de ressentir ce besoin d’ailleurs. Cette envie de m’extraire de mon quotidien de maman pour reprendre mon souffle et recharger mes batteries.

La première fois, j’ai eu peur, voire honte, de ce que je ressentais. « Vouloir partir, est-ce que c’est prendre la fuite ? Est-ce que cela fait de moi une mauvaise mère ? Et si je n’avais pas envie de rentrer ? Et que va-t-on penser de moi ? Qui prendra le relais durant mon absence ? Je ne PEUX pas partir, c’est impossible. J’ai la responsabilité de ma famille. »

Avec les années, j’ai compris et appris à accueillir ce besoin vital, sans le juger, sans le nier.

À ne pas attendre d’être épuisée pour y répondre. À écouter cet appel, avant qu’il ne grandisse et ne prenne toute la place dans mon esprit. Car je sais que c’est en le respectant que je reste à l’équilibre. Je me suis peu à peu détachée de cette culpabilité qui me rattrapait sans cesse. 

J’ai appris à étancher cette soif de liberté intérieure.

J’ai compris que c’était en la respectant, en lui donnant vie, que je lui évitais de devenir envahissante, voire dévastatrice. Qu’elle était simplement un signal, une alerte que j’avais besoin d’une pause.

La première fois que j’ai osé partir, c’était à une période où je m’interrogeais beaucoup sur la place à donner à ma vie professionnelle. J’avais un choix à faire. Et j’avais besoin de silence, de temps et d’espace pour prendre une décision importante.

La fois où je suis partie le plus longtemps, c’était à la fin du premier confinement, en juillet 2020. Après des mois d’école à la maison, de privations et de stress, j’avais besoin de me ressourcer. Je suis partie 2 semaines.

J’avais besoin de silence, de repos et de temps pour me retrouver. Seule.

Mon Fabuleux m’a soutenue dans ce projet, prenant le relais auprès des enfants et m’aidant à franchir le seuil de la porte tandis que je doutais de ma décision. Nos parents se sont occupés tour à tour des enfants. Je suis consciente que ces soutiens ont été une vraie chance.

Ceci étant, certaines personnes de mon entourage m’avaient interrogée :

« Pourquoi tu pars ? Tu ne peux pas faire garder tes enfants et te reposer chez toi, ce serait plus simple et ça te coûterait moins cher ? »

« Pourquoi tu pars ? Tu retrouveras les mêmes problèmes à ton retour, tu sais ! ».

Leurs questions m’avaient bousculée sur le moment et fait douter, évidemment.

A posteriori, je réalise qu’elles m’ont surtout poussée à assumer pleinement ma décision et mes choix. À m’affirmer, tout simplement.

Au fil de ces expériences, j’ai grandi. J’ai appris à me respecter davantage, à écouter cette petite voix en moi qui m’appelle vers de nouveaux horizons. À ne pas attendre que ma batterie soit totalement vide pour la recharger.

Faire une place dans ma vie à ce désir de partir, c’est me donner l’autorisation d’être pleinement moi.

Celle de rester libre. En dépit de mes responsabilités et de mes engagements multiples. Partir quelques jours, quelques heures, pour mieux revenir. Pour être plus détendue, plus épanouie, plus reposée.

Alors à toi chère Fabuleuse, qui rêves peut-être de partir quelques heures ou quelques jours, mais qui peines à te l’autoriser, j’ai envie de te dire : OSE.

Ose écouter cette petite voix en toi, ose respecter tes besoins.

N’attends pas d’être à bout de souffle, d’avoir envie de tout plaquer pour t’offrir une parenthèse salutaire. Il en va de ta santé émotionnelle, de ton bien-être et de celui de ta famille.

Je te le promets, cela ne fera pas de toi une mauvaise mère. La culpabilité n’a pas de prise sur tes désirs et ne doit pas t’empêcher d’avancer. 

Certains ne comprendront pas tes choix. C’est peut-être tout simplement le signe qu’ils formulent les mêmes rêves que toi, mais qu’ils ne s’autorisent pas à les vivre. Ou alors les comprendront-ils plus tard, lorsqu’eux aussi auront plongé dans les vagues tumultueuses de la vie et qu’ils ressentiront à leur tour le besoin de regarder les courants depuis la berge et de reprendre leur souffle. Qui sait…

J’aimerais te rassurer en te disant que tes enfants n’ont pas besoin d’une maman omniprésente,

qui se dévoue H24 pour leur bien-être. Ils ont besoin d’une maman épanouie et équilibrée. Qui ose créer la vie qui lui ressemble, tout simplement.

Afin de t’aider à réaliser ton projet d’escapade, je partage avec toi quelques-unes de mes découvertes :

  • Le premier challenge est de trouver une date. Sors l’agenda familial et regarde avec ton Fabuleux quand cela est possible. Ce sera peut-être difficile, mais ne repose l’agenda qu’une fois la date fixée ! Si tu es maman solo, pourquoi ne pas profiter d’un week-end ou d’une période de vacances où tes enfants vont voir leur papa pour prévoir cette escapade ?
  • Choisis le lieu. Je te conseille de ne pas partir trop loin de la maison si tu pars 48 h. Une destination à 1 à 2 h de chez toi suffira pour te dépayser. Selon ton budget, tu peux choisir un airbnb, un petit hôtel, ou tout simplement la chambre d’amis d’une copine à toi, un lieu sans enfants bien entendu. L’idée n’est pas de quitter ta vie de famille pour en retrouver une autre, on est bien d’accord. 😉 Pour ma part, je préfère choisir un lieu dans lequel j’ai déjà été, car j’y crée plus facilement un cocon dans lequel je me sens bien.
  • Détermine tes besoins, ton intention. Qu’est-ce que je souhaite vivre durant ces quelques jours ? De quoi ai-je besoin ? Ai-je besoin de dormir ? De marcher en pleine nature ? D’écrire ? De lire ? Cela te permettra d’identifier ce qui te fait vraiment envie afin de te donner les moyens de le faire, une fois sur place.
  • Ne te fixe pas d’objectifs. L’idée n’est pas de partir seule 2 jours pour répondre à tes 150 mails non lus ou pour rédiger ce contrat qui attend depuis 15 jours sur ton bureau. Sans quoi tu risques de ne pas décompresser et d’avoir la sensation d’avoir raté ton escapade si tu n’y parviens pas !
  • Dialogue avec ton Fabuleux pour définir ensemble la logistique familiale pendant ton absence. Est-ce qu’il prendra le relais seul à la maison ? Avez-vous besoin de l’aide des grands-parents, d’amis, pour garder les enfants le temps de ton absence ?
  • Entoure-toi d’une ou deux personnes qui te soutiennent dans ton projet. Cela peut être ton Fabuleux, mais si tu sens qu’il est réticent ou dubitatif, voire stressé à l’idée de rester seul avec les enfants, appelle une amie ou un proche qui t’encouragera et te soutiendra pour aller au bout de ton idée. C’est sur elle que tu pourras compter lorsque le doute s’installera en toi et que tu seras à deux doigts de tout annuler. 😉
  • Enfin, pars. Si tu sens la culpabilité t’envahir, repense à tous les efforts que tu as faits ces derniers jours pour réaliser ton projet. L’otite du petit dernier ou la remarque acerbe de ton aîné au moment du départ ne doivent pas te faire dévier de ta route. Quels que soient les imprévus de dernière minute, coûte que coûte, c’est décidé, tu pars ! 

Chère Fabuleuse, je te souhaite de tout cœur d’oser l’aventure !

C’est un cadeau que tu te fais à toi-même, mais aussi à tous ceux que tu aimes. Tu verras qu’en ton absence, le monde ne cesse pas de tourner et que ta petite famille survit très bien. Tu seras accueillie à bras ouverts. Tu réaliseras tous les bienfaits que cette escapade t’aura apportés. Et tu te rendras compte combien c’est bon de réaliser ses rêves. Tu mérites de prendre soin de toi, vraiment. Alors, ose ! 



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CHÈRE FABULEUSE
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Cet article a été écrit par :
Sandra Aubert

Après dix années dans le domaine du développement économique et de l'aide à la création d'entreprise, Sandra a créé "Que rayonne ton talent", un parcours d'accompagnement personnalisé pour les femmes qui veulent entreprendre.

Formée à l'écoute, elle est également fée de la boîte mail et membre de l'équipe de l'Aire Mômes, un lieu d'accueil enfants-parents en Alsace. Amoureuse des mots, elle est contributrice sur le blog des Fabuleuses et écrit des audios pour le Village.

Sandra est mariée et maman de 3 enfants. Elle sait par expérience combien la maternité peut être bouleversante !

https://www.querayonnetontalent.com

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