Ce soir j’ai pleuré. C’est venu comme ça, sans que je m’y attende, au milieu d’une phrase. Ceux qui me connaissent savent que je pleure tout le temps donc ce n’était pas non plus l’événement de l’année. Par contre, habituellement j’ai des signaux avant coureurs : les yeux qui piquent et tout le toutim. Là ça m’a pris en parlant, sans prévenir. On arrête le suspense haletant, les larmes sont apparues en prononçant la phrase suivante : « Et comme moi je ne travaille pas, et bah je sers à rien ».
Soyons clairs, je n’en pense pas un mot. Je suis une joyeuse chômeuse depuis mon diplôme, soit trois petits mois. Et je m’éclate car Pôle Emploi subvient à nos besoins. Nous sommes un couple de trentenaires au chômage avec un enfant : j’ai envie de dire « so Glamour ». Mon fabuleux a été licencié brutalement et fort heureusement, ses indemnités Assedic nous permettent de manger des pâtes plutôt régulièrement mais sereinement. Et encore plus fort heureusement, il ne me trouve ni inutile ni feignante. Bien au contraire.
J’ai donc du temps pour moi et ma « créativité ». Ne rigolez pas, on peut AUSSI nourrir son âme devant un téléfilm de Noël de la six (entre deux virées au musée bien sûr).
En fait, je me sens libre comme je ne l’ai jamais été et j’ai le temps de faire tout ce que j’aime.
En plus ma maison est propre, je fais de la soupe et des compotes, je fabrique mes cadeaux de Noël et je joue avec ma fille (et je m’occupe aussi de mon époux, sois rassuré ô toi, lecteur masculin).
Alors me direz-vous : « pourquoi tu nous saoules avec tes larmes? »
Parce qu’en fait pendant ces trois petits mois, j’avais aussi mes projets professionnels, et ceux-là, ils ne décollent pas. Je ne parle pas des Fabuleuses, hein, votre marathon du like sur Facebook nous a donné des ailes (cœur cœur, lecteur, de tous les sexes). Mais mon activité d’urbaniste est trop lâche, trop distendue et de moins en moins palpable. Quant à me rapporter des sous, hum, bref.
Alors que je suis pleine d’énergie, d’envie (et de compétences), la crise socio-énonomique qui touche notre petit monde m’empêche de me développer puisque pas d’argent public = pas de projets = pas de boulot.
Je ne sais pas pourquoi je vous parle de moi, ça ne sert à rien et ça finit en eau de boudin (spéciale dédicace à Bernard Pivot, « toutim » et « boudin » dans la même chronique, il fallait oser).
Je voulais juste parler en tant que femme, qui passe beaucoup de temps dans sa maison, dont le bureau est au milieu du salon, et qui fourmille de projets qui tardent à voir le jour. En fait je voulais témoigner en tant que maman freelance.
Car au milieu de cette guerre hebdomadaire sur les réseaux sociaux, entre « défenseurs de la femme au foyer » et « chevaliers pro femme au bureau », il y a juste des femmes, qui sont aussi des mamans, qui sont aussi des travailleuses, qui sont parfois des épouses, et qui ont juste besoin d’être valorisées par leur conjoint/ami/parent/société.
J’ai la chance d’être de celles qu’on valorise, j’aimerais partager cette chance avec plus de monde. Parce que je crois qu’une majorité des commentaires excessifs sur la bonne ou la mauvaise situation de vie que je peux lire, sont pour la plupart générés par un manque de reconnaissance.
Reconnaissez les Fabuleuses qui vous entourent, et dites-leur qu’elles déchirent. En toute simplicité. Merci pour elles.