Je les écoute parler. Les femmes. J’aime leurs interrogations. La maternité les a bousculées. Quand je les regarde partir, je perçois à quel point chacune éprouve, à sa mesure, l’envergure du chantier dont elles sont maintenant responsables : faire grandir un enfant.
Leur questionnement est issu de leur quotidien, de leur expérience, davantage pressant à chaque fois que l’enfant pose un pas vers sa vie d’adulte. Une réflexion traversée par la conscience aiguë d’en faire des hommes. Former les citoyens de demain, pour qu’ils puissent penser l’avenir et construire le monde.
Je les imagine
Fabuleuses, au sein de leur foyer, une entreprise familiale, pépinière de bouts d’hommes en pleine croissance. Si j’ouvre le Larousse, la pépinière est :
« Un terrain où l’on bouture, marcotte, sème et élève des arbres fruitiers, forestiers ou d’ornement destinés à être replantés ».
C’est bien de cela dont nous parlons : les Fabuleuses bouturent les valeurs, marcottent le sens de la vie, sèment de la joie comme elles le peuvent et élèvent des enfants. Tous différents. Mais, tous appelés à donner du fruit, selon leurs talents.
Femmes aujourd’hui auprès des Hommes de demain.
Sœur, amies, cousines, voisines, collègues, consultantes, professionnelles. Quand je pense à chacune d’entre elles, je ne peux m’empêcher de poser le constat suivant : que l’on soit mère ou pas, au foyer ou non, nous sommes très nombreuses à demeurer Fabuleuses auprès de ces jeunes pousses en devenir. Les nôtres comme celles des autres.
Pourquoi ?
Parce ce sont nous, les femmes, qui nous situons le plus souvent auprès de nos enfants, au sein du foyer.
Parce que ce sont nous, les femmes, qui nous préoccupons, le plus souvent encore, des tâches matérielles, ménagères et éducatives, nécessaires au bon fonctionnement de la maison et à la croissance de chacun. Les sociologues appellent cela « la charge mentale » du foyer !
Parce qu’il se trouve enfin que ce sont nous, les femmes, dont les Fabuleuses sans enfants, qui occupons en grande partie les professions maternantes ou éducatives, et qui nous plaçons en première ligne auprès des mères et de leur progéniture : infirmière, professeur des écoles, sage-femme, éducatrice, nounou, assistante-maternelle, orthophoniste…
Je n’oublie pas les hommes, les pères : nos pépinières sont aussi les leurs, elles ne se construiront pas sans eux. Ils ont leur place et leur crédibilité. Mais cela nécessite un autre billet.
Transmettre
Pour ces raisons, nos foyers sont des pépinières infiniment précieuses et nous en sommes responsables. L’enjeu est tout autant privé que collectif. Si cela se nuance d’une pépinière à l’autre, nous transmettons bel et bien une idée de ce que veut dire être et devenir Femme, être et devenir Homme. Le monde dans lequel nous les éduquons est notre monde, celui-même qui les attend. Nous en parlons entre nous. Le sujet nous anime. Dans nos tripes.
Que souhaitons-nous pour nos enfants ? Quel héritage ?
Continuons de vivre…
… de penser, d’échanger et d’être solidaires pour nous adapter à chaque situation, dont la nôtre, et relever notre mission. Ayons confiance en « la bonne mère » qui nous habite, laissons émerger nos intuitions de femmes. Nous sommes douées de cette intelligence, maternelle et féminine, n’ayons pas peur de l’activer.
Il ne s’agit pas de déplacer les montagnes pour aimer nos enfants. Il s’agit d’abord d’être : là où nous sommes. Puis de faire : avec ce que nous sommes.
Si la société, les réseaux, les médias, les discours psy et médicaux influencent notre façon d’être mère et nous donnent de bons repères, ils peuvent nous perdre de la même façon. À nous de prendre et de laisser, de nous positionner.
Nos enfants nous demandent de ne pas tricher.
Nous ne sommes pas des pros, des stars, encore moins leurs copines, nous sommes leurs mères. Ils nous demandent d’être vraies et de répondre -tant que possible- de l’audace que nous avons eu un jour de leur donner la vie sans même les consulter.
Porter les hommes et les femmes d’avenir …
Oui, dans cette perspective, nos foyers sont des pépinières : celles des citoyens de demain. La mission peut être ardue.
Mais elle est noble et elle est belle.