Aujourd’hui, j’ai 20 ans, et je vois ce gamin qui fait une colère monstre dans le magasin. Je regarde la scène et je me sens terriblement mal à l’aise pour les parents…
J’ai 20 ans, je n’ai pas d’enfants mais je parle, je critique.
Je critique des parents qui ont tentés tant bien que mal de gérer la crise de leur petit. Vous m’auriez entendu dire ces phrases anodines entendues 1000 fois :
« Il y a des claques qui se perdent »
« Ça aurait été moi une bonne fessée et ça aurait été réglé!! »
Bref, des phrases pleines de préjugés et de violence éducative ordinaire… Aujourd’hui, j’ai 31 ans, et je vois ce gamin qui fait une colère monstre dans le magasin. Je regarde la scène d’en haut et je me sens terriblement mal à l’aise du regard des autres sur cette maman et son garçon. Cette maman, c’est moi et le petit, là, celui qui selon certains mériterait une bonne paires de claques, c’est le mien…
Pourtant, il n’en est rien.
Si vous passiez à ce moment-là, vous auriez vu une maman accroupie vers son fils, essayant de résoudre la crise dans l’écoute et le calme.
Je suis ce qu’on appelle un parent « bienveillant », mais je trouve ce terme réducteur et faux… Presque tous les parents sont bienveillants : nous cherchons tous à faire de notre mieux, à ne pas user de la force, à avoir une relation saine et harmonieuse avec nos petits.
Depuis quelques temps, je ressens un profond malaise, je me sens hypocrite… Je lis beaucoup sur l’éducation bienveillante, je suis sur des groupes également mais ne m’y sens plus toujours à ma place.
Parce que je ne suis pas si bienveillante que ça…
Rien qu’hier, après plusieurs tentatives pour ramener le calme avant le coucher, je me suis mise à hurler et menacer mes grands. Alors bien sûr, j’étais fatiguée, les 3 enfants pleuraient en même temps, il était 21h15, je n’avais pas pris de douche et il restait encore tout le linge à ranger. Alors bien sûr, en ce moment, j’ai toujours une bonne excuse pour crier…
Suis-je suis maltraitante pour autant ? Bien sûr que non ou alors seulement avec moi même, à toujours mettre la barre trop haute. Parfois, je me dis : « Oh ça va, j’ai juste crié, certains font pire ! »
Mais le plus souvent, la culpabilité me ronge le coeur. Après coup, je me dis : « Tu aurais dû mieux accueillir leurs émotions, ils se sont tenus tranquille toute la journée, peut-être que tu aurais dû dire oui pour emmener sa petite voiture à la sieste même si pour toi elle était trop grosse pour aller dans le lit… »
Oui, je refais le film mais, sur le moment, je fais surtout comme je peux!!!
Je me sens étouffée par cette pression de la bienveillance que je suis censée prôner et avoir H24 mais non, désolée, je ne peux pas.
Parfois je crie, souvent même. Je n’en suis pas fière, je ne m’en vante pas. Oui, mes enfants écoutent directement quand ma voix s’emporte… Pour autant, je souhaiterais ne jamais recommencer.
Parfois je menace, j’isole et j’attrape violemment… Alors que je voulais mettre des mots et expliquer, je fais tout le contraire. Et pourtant, je reviens, je m’excuse et j’explique que maman est en colère, qu’elle n’aurait pas dû faire mais qu’elle a fait…
Parfois, je devrais m’isoler moi mais pour je ne sais quelle raison, je n’y arrive pas.
Est-ce que cela fait de moi une maman malveillante?
Je cherche à m’améliorer chaque jour qui passe, je lis, je réfléchis et j’observe. Je fais ce que je peux avec mon passé et mes bagages. Je fais toujours de mon mieux avec mes limites qui ne sont pas celles de la voisine ou de la copine. Mes limites bougent au fil de la journée, selon ma fatigue, selon le temps qu’il fait dehors et selon le comportement de mes enfants…
Je suis imparfaite et mes fils le sont tout autant.
Mais cela n’empêche ni l’amour, ni le respect, ni la bonté. Malgré les dérapages, nous sommes humains avec ce que ça implique de forces et surtout de faiblesses…
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Marina.