L’école. Chance pour certains, torture pour d’autres. Certains enfants prennent tout ce qu’il y a à prendre à l’école. D’autres s’accrochent à une maîtresse ou un professeur qui leur donne le goût du travail. D’autres encore ne vivent que pour les récréations. Et puis, il y a ceux qui peinent à s’adapter à ce qu’on leur demande, et qui manifestent un malaise, voire des angoisses en rentrant le soir ou en partant le matin.
C’est de ceux-là dont je vous parle aujourd’hui. Ceux qui se couchent avec la boule au ventre, ceux qui se lèvent difficilement. Ceux qui ne sont des joyeux pinsons que pendant les vacances. Ceux qui pleurent, qui disent :
« Je ne veux pas y aller »
Quel que soit leur âge, ces enfants expriment avec des mots ou avec leur corps un malaise, une peur, un rejet de l’école.
Les parents de ces enfants peuvent être eux-mêmes touchés par ce malaise, le plus souvent inquiets. Ce que je leur trouve en commun ? Ils se sentent très démunis. Ils ne savent pas comment aider leur enfant.
Dans les situations de souffrance invalidante, je recommande toujours d’aller d’abord rencontrer la maîtresse, mais aussi de s’offrir quelques séances avec un psychothérapeute.
Mais pour tous les autres cas, je vous propose quelques pistes pour agir sur deux axes différents : celui du travail et celui des relations avec les autres.
Premier axe
Sur le plan du travail, vous pouvez aider votre enfant à comprendre comment il fonctionne et à respecter ce fonctionnement autant que possible.
À mes clientes qui se plaignent de vivre un enfer pendant le temps des devoirs, je propose toujours de faire passer à leur enfant le test des intelligences multiples. Il définit, parmi huit types d’intelligences (dont l’intelligence verbale, l’intelligence logique, l’intelligence spatiale etc..), les trois types préférentiels chez chacun de vos enfants.
Les devoirs à la maison peuvent être l’occasion de travailler en privilégiant le mode favori de votre enfant : je me rappelle cette femme que j’ai accompagnée, et qui m’écrivait l’an dernier :
« Depuis que que j’ai proposé à mon fils de faire ses maths en manipulant des Lego, les devoirs passent comme une lettre à la poste ! »
On peut apprendre les tables de multiplication en jouant au ballon, une poésie en la transformant en bande dessinée, etc..
Un autre exemple, personnel celui-ci : j’ai compris, quand elle était en maternelle, que ma fille fonctionne à l’affectif. Elle a besoin de câlins pour produire un effort. Il lui arrive souvent de s’interrompre pendant une tâche, en panne. Comme on irait remettre de l’essence dans une voiture à la station-service, elle a besoin de l’adulte pour remplir son réservoir affectif.
Une fois que j’ai identifié ce besoin chez elle, j’ai pu lui expliquer que c’était son fonctionnement, et je lui ai conseillé d’oser demander. Chaque année, le jour de la rentrée, nous allons voir la maîtresse pour nous présenter et lui demander si elle accepte de donner des câlins à cette enfant quand elle est en panne. Si non, veut-elle bien établir un code avec elle (une main sur l’épaule par exemple) qui vaille un câlin ?
Pour aider votre enfant à renouer avec le travail, je vous encourage à chercher avec lui quel est son « mode d’emploi ». Bien sûr que les enseignants ne peuvent s’adapter à chacun, mais un enfant qui connaît son mode d’emploi est un petit être :
- qui peut éprouver à nouveau du plaisir dans les apprentissages;
- qui sait s’adapter à l’école, mais qui a compris qu’il peut aussi y exister avec ses spécificités;
- qui peut déjà savourer ce sentiment d’être responsable de sa vie.
Deuxième axe
Sur le plan des relations avec les autres, vous pouvez aider votre enfant, mais pas comme vous le pensez !
Pour certains enfants, l’angoisse porte sur le fait de se sentir malmené, que ce soit par des propos entendus dans la bouche des adultes, ou par des comportements irrespectueux, voire violents, émanant d’autres élèves.
La clé, pour vous, parents, réside dans le fait de l’aider à réagir par lui-même. La grande erreur que nous faisons tous est de vouloir réagir pour lui, à sa place. Soit en projetant d’aller casser la gueule du fils qui a osé attaquer le vôtre, ou pire, de son père. Soit en indiquant à l’enfant ce que vous pensez qu’il pourrait répliquer. Soit en alertant tous les adultes de l’école.
Un exemple : votre enfant vous dit
« Je n’ose pas dire à la maîtresse que j’ai oublié mon cahier car elle va me gronder et je serai très mal à l’aise ».
Au lieu de lui livrer votre solution à ce que vous percevez de son problème, tentez de l’accompagner à la décision. Par exemple, vous pouvez dire :
« Ah .. oui, je comprends ton dilemme. Tu es partagé entre deux options : l’une où tu ne signales rien à la maîtresse et tu risques fort d’être réprimandé si elle le découvre avec une chance qu’elle ne s’en rende pas compte, et l’autre où tu irais lui dire d’emblée que tu as oublié ton cahier, qui diminuerait le risque d’être « grondé » mais qui t’intimide fortement, c’est bien ça ? »
Si l’enfant valide, continuer sur ce mode en l’aidant à prendre conscience des risques et avantages de chaque option. Lui demander aussi s’il pourrait y avoir une troisième piste de solution à cette situation.
Là, vous ne lui imposez pas “votre” choix, ni ne lui suggérez ce qu’il devrait faire. En agissant ainsi, vous prenez au sérieux ses émotions d’enfant, et l’aidez à choisir lui-même l’option qu’il assumerait le mieux.
Chère Fabuleuse, ces 2 axes sont des pistes, à explorer, à moduler, à enrichir…pour aider au mieux votre enfant au fil de son parcours à l’école !