Micheline contre l’univers - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Micheline contre l’univers

Micheline contre l'univers
Marie David 18 mai 2023
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Aujourd’hui, allez savoir pourquoi, l’univers en veut à Micheline.

Pourtant il ne lui semble pas avoir fait quoique ce soit contre lui : elle ne ment pas, ne vole pas, ne triche pas. Elle trie consciencieusement ses déchets et aide les petites vieilles à traverser, mais c’est indéniable : l’Univers lui en veut et s’acharne contre elle. Micheline sait lire les petits signes que l’Univers met sur son chemin. Pourtant, à part un rêve curieux où elle perdait ses dents à table chez Clara Luciani, il n’y a pas eu de signe annonciateur de désastre. D’ailleurs, pour être tout à fait honnête, il n’y a pas vraiment eu de gros désastre non plus. Juste une série d’embûches sur le chemin de Micheline

…comme si l’Univers s’amusait à mettre des bâtons dans les roues de notre héroïne. 

Ça a commencé après les vacances. Qui ont été longues, c’est fou… Quinze jours à la maison avec les enfants, elle avait déjà fait, mais cette fois, elle a trouvé ça interminable et s’est demandé comment elle avait survécu au confinement, solo. Elle a tenu bon, réussi à faire chaque jour une activité manuelle et une balade ou sortie culturelle (oui, on peut l’applaudir) à finir les devoirs avant le dernier dimanche soir, à faire des gâteaux maison un jour sur deux et des légumes à chaque repas, et même à faire manger du fenouil à Jean-Claude (y a pas de petite victoire). Bref elle était crevée mais contente d’elle, et elle attendait le lundi de la rentrée (qui était un mardi, mais c’est pareil) avec impatience.

Elle s’était fait un programme aux petits oignons :

un peu de sport, un peu de paperasse, un peu de ménage, et surtout un bon bouquin, un petit restau vietnamien avec une copine et une petite sieste pour couronner le tout. La kiffance, quoi.

Mais le matin du lundi qui est un mardi, Gudule débarque à 5 h du matin pour vomir dans le lit de ses parents. Jean-Claude change les draps pendant que Micheline se dépatouille avec sa fille dans la salle de bain, quand Dagobert s’invite à la fête, lui aussi le bide en vrac.

Distribution générale de Smecta. 

À 6 h Micheline se recouche avec une grosse toux, la tête en feu et le nez bouché (c’est pas plus mal en temps de gastro, ceci dit). 30 minutes plus tard, son mari la réveille, Frédégonde est malade aussi, il va bientôt partir au boulot, il a besoin d’aide. Micheline gère, malgré une migraine de plus en plus lancinante. À 9 h les enfants, munis de bassines, sont installés devant un dessin animé, quand le courant est coupé par les travaux dans la rue. Micheline part se renseigner. Il y en a juste pour deux petites heures ma bonne dame, d’accord, on va tenir le coup. On étend les draps qui ne sécheront pas sans sèche-linge dans le salon, c’est rigolo, ça fait une cabane géante, et en plus ça sent bon hein maman. Micheline ne sent rien, mais elle croit ses enfants.

Elle a dit adieu à sa journée de rêve, mais tout est sous contrôle. 

À 11 h on s’aperçoit qu’on est à court de médicaments et de couches pour Gudule (qui n’en a plus besoin en temps normal mais avec une gastro c’est utile, je ne vous fais pas de dessin…) Tout le monde dans la voiture, y en a pour 20 minutes, facile. Vomis dans la voiture, c’est moins facile. L’odeur est insoutenable, d’après Frédégonde. Micheline ne sent toujours rien. J’ai de la chance dans mon malheur, dit-elle à la pharmacienne en rigolant. La pharmacienne rigole moyen et lui tend un autotest covid.
Le test est positif, d’accord, c’est pas la fin du monde, mais c’est un petit peu rageant, quand même. Surtout que ça veut dire qu’on ne peut pas aller passer le prochain week-end de 3 jours chez la grand-mère qui sort d’une embolie pulmonaire, ce ne serait pas sérieux.

Micheline envoie donc une photo du test à Jean-Claude qui l’appelle aussitôt, paniqué :

« Mais comment c’est arrivé ? Mimiche ce n’est pas possible voyons ! Tu m’envoies ça comme ça, en pleine réunion, mais il faut qu’on en parle ! C’est la crise là, comment on va faire ? Ohlala mais il va falloir changer de voiture, peut-être même déménager ». Quand Jean-Claude s’interrompt pour reprendre son souffle, sa femme lui explique que non, ce n’est pas un test de grossesse, qu’elle a juste le covid et qu’a priori ça ne va pas bouleverser toute leur vie, juste leur week-end. Elle rit en raccrochant mais son rire s’étrangle dans sa gorge parce que dans le salon, il y a le chat Pô, enroulé dans un drap humide sur lequel il a laissé des poils et des traces de boue. 

Oui, parce qu’évidemment il pleut. Des cordes.

Et ça tombe mal, parce que ce week-end, justement, Micheline a procédé au changement de vestiaire et ressorti les vêtements d’été, trié les vêtements d’hiver qu’elle a ensuite bien rangés en hauteur. Pendant les vacances il a fait beau, plus de 20°C tous les jours, mais bien sûr à présent il fait 12°C et les enfants voudraient leurs gros pulls. Pas grave, on s’enroule dans des plaids, on fait du riz pour le déjeuner et comme le courant est revenu on se réinstalle devant la télévision. Micheline s’écroule sur son lit pour une sieste réparatrice quand le vacarme dans la rue la réveille. Léger problème : une tractopelle vient d’embrasser langoureusement sa voiture.

D’accord. C’est donc vraiment une journée pourrie.

Adieu la sieste, bonjour le constat. Le conducteur de l’engin est vaguement confus et essaye de dérider Micheline « après tout, on conduit très bien sans rétro ma petite dame, et puis j’ai abîmé qu’une porte, il vous en reste 3 ! » Merci Roger. Micheline n’est pas particulièrement rancunière, mais elle aimerait bien que Gudule aille vomir dans la tractopelle du monsieur, juste comme ça, pour le plaisir.

Quand elle rentre chez elle, c’est la guerre, les enfants ont trop regardé la télé,

ils sont surexcités et font une bataille de couches dans leur chambre (propres, les couches, heureusement). Les choses dégénèrent, le chat qui passait par là se prend une couche sur le museau, de surprise il saute au visage de Dagobert qui bascule sur l’étagère, qui fait tomber l’aquarium sur la tête de Frédégonde, qui s’écroule en hurlant, trempée et le crâne ouvert. D’accord, murmure Micheline, c’est de pire en pire, donc. Pendant qu’elle tient la tête de son aînée en appelant les pompiers (attention en vous garant dans la rue, il y a une tractopelle dangereuse) Gudule récupère les poissons, les met dans la baignoire et leur fait couler un bain bien chaud. Adieu les poissons.

Heureusement les pompiers sont gentils, la plaie de Frédégonde n’est si grave, des strip vont suffire, au revoir madame, prenez soin de vous. J’essaye, répond Micheline.

Jean-Claude appelle, grosse réunion au boulot.

Il va rentrer tard, couchez-vous sans moi. D’accord.

Le livreur du supermarché appelle, ils ont un problème informatique, les courses seront livrées demain. D’accord.

Le chat a récupéré un poisson (mais comment ?) et joue avec sa tête sur le canapé. D’accord.

Il fait nuit, les enfants ont mangé une banane et se sont couchés dans des draps propres (5 machines aujourd’hui…), ils n’ont plus mal au ventre, Micheline se dirige vers son lit. Apparemment un enfant a oublié de prévenir qu’il avait à nouveau vomi dessus. D’accord.

Micheline agrippe à deux mains ce qui lui reste de courage pour changer ses draps (ça fera une sixième machine, super), elle tire, elle secoue, ses bras n’ont plus de force, elle a un peu envie de pleurer, mais pourquoi c’est si compliqué, quelle galère, et puis soudain, elle réalise que la couette a tourné dans la housse de couette. Ça fait un gros paquet au milieu. Là, Micheline voit rouge. La couette qui tourne c’est sa kryptonite à elle, avec les coins de porte dans les pieds.

Jusque là elle a fait bonne figure, elle ne s’est pas effondrée,

elle n’a même pas crié (miracle), elle peut endurer les virus, les coupures de courant, les blessures d’enfant, les mille galères que l’univers lui envoie, mais la couette qui tourne dans la housse, pas d’accord. Alors son visage se convulse et devient cramoisi, sa bouche s’ouvre en grand et elle hurle sa rage à la face de l’Univers. 

Casimir, le voisin, se recroqueville dans sa cuisine, pétrifié. (Oui Micheline a une voix qui porte)

 « Vraiment ? Là, maintenant ? Tu vas me faire ça, à MOI ? J’ai pas assez ramassé aujourd’hui peut-être ? Ça t’amuse de me torturer, c’est ça ? Mais Cordel de Bouille qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu t’acharnes comme ça ? Tu as gagné, je n’en peux plus, je suis à bout, alors maintenant écoute moi bien mon petit coco, c’est ter -mi-né. Fini les farces, on arrête de jouer, je déclare forfait, amuse-toi sans moi !”

Soulagée par sa tirade, elle balance la housse et la couette dans le salon, récupère les plaids et s’enroule dedans, prête à dormir du sommeil du juste.
Et puis elle rouvre les yeux subitement. 

Oh flûtain. 

Demain, c’est mercredi.



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Cet article a été écrit par :
Marie David

Après des études d’histoire Marie est devenue femme au foyer, elle habite en Corse avec son Fabuleux et leurs 4 enfants. Un jour, quand les planètes seront alignées, elle reprendra un poste d’enseignante. En attendant elle profite de son quotidien pour inventer des aventures à Micheline Muche.

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