Le Tour de France de Micheline - Escapade à deux - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Le Tour de France de Micheline – Escapade à deux

micheline en rando
Marie David 2 août 2023
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Cet été, Micheline a décidé de tenir un journal, parce qu’elle a lu quelque part que c’est bon pour la santé mentale, que ça permet de s’exercer à la gratitude comme le conseillent les Fabuleuses, et puis surtout parce qu’elle a trouvé ce magnifique petit carnet à fleurs chez le libraire du coin et qu’il lui fallait une excuse pour l’acheter. Finalement elle trouve ce petit exercice très distrayant et tous les soirs, elle griffonne passionnément avec son beau stylo plume tout neuf (bah oui, elle n’allait pas écrire dans son somptueux carnet avec un Bic mâchouillé. C’est important, le matériel !). 

En exclusivité pour toi, voici les meilleurs extraits.

30 juillet, 10h 

Cher Journal, 

Le retour de Corse s’est plutôt bien passé, je n’ai vomi que deux fois et l’ambiance s’était détendue. À l’arrivée, une surprise m’attendait : les parents ont emmené les enfants chez eux, pendant que Jean-Claude m’enlève pour cinq jours en amoureux ! On en parle depuis longtemps, de ce voyage à deux, et tous les ans on reporte, pour des raisons triviales de budget ou d’agenda… Et cette année il l’a fait, mon soleil, mon étoile, mon héros, mon Claudio ! Je ne sais pas où il m’emmène, et ça me met en joie, parce que j’adoooooore les surprises ! Mais je pressens quand même quelque chose de très romantique… Venise par exemple, ou la Toscane ou l’Andalousie, oh, ou alors un Riad à Marrakech, OUH ! Encore mieux : la Grèce, cinq jours dans un hôtel de rêve où on alternerait farniente et visites culturelles… J’ai tellement HÂTE !

22h 

Bon, je n’y étais pas du tout, Claudio m’emmène faire de la rando dans les Alpes. Voilà. Bon. Après, l’important c’est qu’on se retrouve tous les deux sans enfants… C’est déjà bien…

31 juillet

Cher Journal, 

Je suis une petite capricieuse et je ne mérite pas Jean-Claude : cette idée est merveilleuse ! Premier jour de rando, je suis assez fière de moi, j’ai réussi à marcher sept heures sans me plaindre. Il faut dire que c’est beau, ici, et j’avais oublié à quel point j’aime marcher dans la nature. Alors je ne te cache pas que ça grimpe pas mal, mais de toute manière c’est la descente qui est plus difficile, donc c’est pas plus mal. (Je parle déjà comme une alpiniste confirmée, encore une nouvelle passion découverte, quel été !). Petit pique-nique bucolique au bord d’un lac, entourés de sapins majestueux et de sommets millénaires, on a refait le monde, parlé en marchant toute la journée… Journée parfaite ! Ce soir on dort sous la tente près d’un refuge où on a pu prendre un bon dîner. Jean-Claude est parti prendre une douche, dès qu’il revient je lui saute dessus et on fait l’amour toute la nuit !

32 juillet, 8h 

Cher Journal, 

J’ai dormi comme une souche. Jean-Claude s’est attardé pour discuter avec d’autres randonneurs et je ronflais déjà quand il a regagné la tente. Ce matin réveil horrible, j’avais des courbatures et le dos en compote, mais grâce à un bon petit déjeuner face aux alpages me revoilà d’attaque ! Je me sens prête à vaincre le Mont-Blanc avec mon héros à mes côtés.

18h 

Purée, cher Journal, 

J’en ai plein les pattes : c’est beau mais c’est haut hein ! Pfiou et rien que l’idée de devoir tout redescendre dans les prochains jours me colle le bourdon. Quelle idée pourrie non mais vraiment, on n’aurait pas été mieux, à siroter des Spritz à Venise ? (C’est une question rhétorique, bien sûr qu’on aurait été mieux, on sentirait bon, déjà, on aurait les cheveux et les vêtements propres, au lieu d’avoir une masse graisseuse qui tombe sur un T-shirt en lycra mauve douteux). Je crois que j’en veux beaucoup à Jean-Claude de son idée, mais je ne peux pas lui dire, bien sûr parce qu’il s’est donné du mal, le pauvre chou, en plus il a réussi à gérer la topo sans qu’on se perde (bon, faut suivre les marques bleues, en même temps, c’est pas hyper difficile) mais bref je ne suis pas heureuse et je dois le garder pour moi. Merci pour ces vacances…

22h 

Cher Journal, 

Ne tiens pas compte de ce que je raconte, de manière générale, mais plus précisément tout à l’heure. On a eu un coucher de soleil magnifique, beau comme une symphonie, je n’avais jamais rien vu d’aussi grandiose : les montagnes embrasées de lumière, les nuages rougeoyants dans le feu du ciel, le tout reflété dans un lac en contrebas, j’ai failli pleurer d’émotion. Et comme si le moment n’était pas assez parfait, Jean-Claude a mis un genou à terre pour me demander en mariage sous les vivats des autres campeurs. Oui, parce que même si on avait l’impression d’être seuls au monde, on était une bonne trentaine sur cette montagne. Pour le coup j’ai pleuré, de rire, d’abord, d’émotion aussi parce que même si on est déjà mariés c’était drôlement mignon comme idée, et aussi sans doute de fatigue un peu. En plus il avait une bague, tout à fait sublime. Alors bon, c’est pas Venise, mais je suis quand même la plus heureuse des femmes. Peut-être aussi l’une des plus capricieuses… 

33 juillet

Cher Journal,

Je sais bien qu’il n’y a pas 33 jours en juillet mais je plane, ce n’est pas de ma faute. J’ai mal aux jambes, mal au dos, je pue, mais j’avance et j’en suis assez fière. Jean-Claude aussi, qui m’a avoué avoir eu un peu peur que j’abandonne dès le premier soir. Heureusement que je ne savais pas que c’était possible… J’aurais raté de merveilleuses journées. Je viens de me rendre compte que les enfants ne me manquent pas tant que ça. Et que ça ne fait pas de moi une mère indigne. On parle d’eux la moitié du temps ceci dit, on partage nos inquiétudes, nos idées pour être de meilleurs parents, et comme ces discussions ne sont pas provoquées par une crise, c’est serein et profond, et apaisé… comme c’est bon de passer trois jours sans disputes ! De redécouvrir l’homme que j’ai choisi et épousé, de retomber amoureuse de lui, pas du père ou du mari, juste de Jean-Claude au torse poilu et à l’humour pourri. Ça me permet aussi de constater que ses défauts qui me sortent par les yeux au quotidien ne sont pas dus aux enfants ou à la routine, il est comme ça, c’est tout. Je dis ça parce que nous sommes actuellement perdus. En pleine montagne, à trois heures du coucher de soleil, sans tente. Je sens qu’on est bons pour dormir à la belle étoile. J’ai d’abord eu envie de lui arracher les oreilles et tout ce qui dépasse mais finalement c’est rigolo, c’est une vraie aventure. Au pire, on se fait manger par des loups. 

34 juillet 

Cher Journal, 

Pas de loups hier, ni d’ours, mais une nuit pas particulièrement reposante pour moi. Jean-Claude, lui, a dormi comme un bébé, tout à fait serein au milieu de ce champ sauvage. Quelle force d’âme. Moi j’ai passé la nuit à sursauter au moindre bruit (et les animaux sont incroyablement bruyants, la nuit) et à compter les étoiles qui, il faut l’avouer, étaient de toute beauté. Étincelantes et innombrables. J’ai hâte d’emmener les enfants voir ça. Mais c’est moi qui ferai la topo, je pense…
Nous avons fini par retrouver la civilisation, par miracle, et on n’a même pas eu à descendre de la montagne en se cassant les genoux, on a pris des téléphériques. Un taxi nous attendait en bas, il nous a ramenés à notre voiture et de là Jean-Claude nous a conduits à un hôtel de charme dans un nouvel alpage. Le bonheur de retrouver une douche et un lit confortable… Il nous reste 24 h pour profiter l’un de l’autre et nous reposer avant de retrouver la vraie vie. 

4 août

Cher Journal, 

Fin de la parenthèse enchantée. Aucune envie de partir d’ici, je resterais bien 15 jours de plus. Je crois que ce qui va le plus me manquer, c’est le silence. J’espère qu’on arrivera à garder cette complicité qu’on a retrouvée avec Jean-Claude. Et que j’arriverai à garder l’admiration que j’ai ressentie pour lui pendant ces cinq jours, parce qu’il m’a épatée avec son idée originale, son organisation millimétrée (à une nuit dehors près) et sa patience face à mon caractère de cochon. Maintenant j’ai un peu hâte de retrouver la tribu, j’espère que mes parents ont survécu.

P.S. Tu vas rire, cher journal, mais je crains que l’harmonie de notre couple ne soit rompue plus tôt que prévu : je n’arrive pas à mettre la main sur la bague qu’il m’a offerte. OUPS.



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Cet article a été écrit par :
Marie David

Après des études d’histoire Marie est devenue femme au foyer, elle habite en Corse avec son Fabuleux et leurs 4 enfants. Un jour, quand les planètes seront alignées, elle reprendra un poste d’enseignante. En attendant elle profite de son quotidien pour inventer des aventures à Micheline Muche.

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