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Dans ma tête

#metoo le hashtag qui en dit long

Rebecca Dernelle-Fischer 19 octobre 2017
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C’est hier soir que j’ai vu pour la première fois ce hashtag #metoo, posté par une amie et commenté avec la phrase :

« Si toutes les femmes ayant été harcelées ou agressées sexuellement écrivaient ‘moi aussi’ en statut, nous pourrions peut-être montrer aux gens l’ampleur du problème ».

Ma réaction directe, intuitive « Oh non mais non quoi, faut pas l’écrire ». Incroyable comme nous sommes entraînés à chercher des raisons et des causes, des EXCUSES. « Oui mais bon, elle est spéciale, elle a un travail dans l’artistique, ça n’étonne personne ».

J’ai pensé que ce hashtag ne ferait pas beaucoup de vagues.

Jusqu’à, jusqu’à ce qu’une connaissance, pasteure autrichienne vivant en Suède (oui je sais, c’est étonnant), utilise aussi le « #metoo » et me cloue le bec avec son histoire. Elle écrit simplement :

J’avais 16 ans, je marchais de la piscine au bâtiment de l’école, il s’est approché et m’a agressée, j’ai appelé à l’aide, après ça, la police était plus souvent présente dans le coin.

Là mes préjugés ont éclaté, parce que je connais cette femme, parce qu’elle est complètement normale, proche de ce que je suis moi… et elle aussi, elle écrit #metoo.

Et moi alors ? Est-ce que je devrais écrire #metoo…

Je vois mes amies poster leurs histoires ou encore juste ces quelques mots. Ce qui est choquant c’est la banalité de ces agressions. Je réfléchis, en fait, je n’ai pas envie de réfléchir… après quelques secondes je pense « oh merde : #metoo ».

Sur le chemin à la gare à Uccle (à Bruxelles), traversant un petit parc, le gars qui s’avance, ouvre son manteau, exhibitionnisme, je fixe mes pieds, je me casse au plus vite,… quelques secondes, rien de plus sauf ce foutu sentiment qu’on t’a tapé de la saleté dans les yeux, et dans le cœur.

#metoo, un hashtag qui est là pour parler fort, pour mettre en mot l’ampleur du phénomène. Donner vie aux statistiques. Les chiffres sont terribles mais restent lointain. D’ailleurs rien qu’en les cherchant maintenant…

Je suis tombée sur ces 100% révoltants :

100 % des utilisatrices de transports en commun ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d’agression sexuelle. C’est ce que révélait en 2015 le rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais les statistiques, même si elles sont si massives ne couvrent pas les interprétations douteuses qui se cachent en nous. Oui, il est plus facile de penser que les femmes agressées y sont pour quelque chose.

Pourquoi ? Parce que ça me rassure. Parce que j’ai l’impression d’avoir un peu de contrôle sur la situation.

Si je ne me promène pas au mauvais endroit, avec la mauvaise tenue, ni à la mauvaise heure… rien ne m’arrivera.

Et cette injonction me protège de la peur… en SURFACE SEULEMENT parce que la vérité c’est : qu’une victime est une victime et que même dans une situation qui semble sécure, il peut m’arriver d’être la victime. Tous ces hashtags me le rappellent. Quand je les regardent vraiment, ils me font peur.

Mais la peur est une énergie,

elle peut t’aider à te mobiliser pour te battre. Elle peut t’aider à sauter bien plus haut que ce que tu ne crois pouvoir le faire. Utilise la peur pour faire changer les choses.

Comment ?

  • apprenons à gueuler, crier, nous révolter quand quelqu’un dépasse nos limites personnelles et nous harcèle ou nous agresse. C’est le conseil que mon voisin qui est policier m’a donné dernièrement :

« En cas de situation d’agression, que tu sois victime ou observateur, il faut crier le plus fort possible, sortir l’agresseur de sa bulle, gueuler, lui faire peur. Il faut apprendre aux enfants à la faire aussi ».

  • certains apprennent des techniques d’auto-défenses, ou encore des techniques de désescalation des conflits (ce que mes filles ont appris à l’école, apprendre à dire « non », à exprimer ses limites,… et oui et ça va aussi avec la vieille voisine qui veut leur faire un bisous : s’ils ne veulent pas, ils ont le droit de dire non, il n’y a pas à dire « mais enfin ma chérie, tend la joue à tatie Germaine » : non, si elle ne veut pas c’est non).
  • apprendre à engager les autres et leur responsabilité dans la situation. La société ne peut être observateur silencieux, ce sont leurs femmes et leurs filles qui subissent jours après jours les sévices et ce n’est ni comique ni anodin… Il faut ouvrir les yeux, que ce soit sur le problème sociétal que cela représente mais aussi à chaque moment dans la rue, le métro, les chemins, les supermarchés, au boulot,…  Il faut voir les agressions dont nous sommes témoins comme une attaque personnelle. Il ose aller s’asseoir près de la victime dans le métro, il faut bouger et signifier toujours à nouveau « je ne vais pas te regarder faire cela sans réagir ».

L’héroïsme commence par cela

« Mon principe est que je suis prêt à réagir face à ces actes » (c’est ce que Zimbardo appelle l’héroïsme quotidien). Notre plus grand ennemi contre un fléau comme les harcèlements sexuels sont la banalisation et la diffusion de responsabilité (phénomène bien connu en psychologie sociale qui fait que plus il y a d’observateurs à une agression, moins les personnes réagiront).

Alors que ce soit le hashtag #metoo ou encore #balancetonporc en France, nous ne pourrons changer les mentalités que si nous parlons. Mais ceci ne pourra se faire sainement que si la réponse donnée aux victimes est bienveillante et que la société demande des comptes et responsabilise vraiment les agresseurs.



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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