Maman solo en semaine - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Maman solo en semaine

Marie Chetrit 11 avril 2019
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Chère Fabuleuse,

Peut-être es-tu une maman solo. Ou peut-être que ton chéri est militaire, commercial, sous-marinier, astronaute, travaille de nuit, ou travaille énormément, tout bêtement.

Dans tous les cas, on sait bien ce que ça veut dire : c’est pour qui, la course du matin, le tunnel infernal de 18 à 21h, le pédiatre, les lessives à la pelle et les enfants qui courent en hurlant tout nus et en jetant des jouets ? C’est pour toi.

Alors je voulais te dire que tu n’es pas la seule.

J’ai connu à peu près toutes les situations de maman dans ma vie. Maman mariée avec un enfant, maman divorcée, maman de nouveau mariée avec quatre, ou trois, ou deux enfants (selon les jours et les semaines), et depuis quelques temps, maman mariée mais solo du lundi au vendredi, et un week-end sur quatre.

Après un divorce plutôt houleux, j’ai vécu la garde alternée : une semaine intense et fusionnelle avec ma petite fille, sans rien déléguer. Puis une semaine en creux, sans trop oser lui téléphoner, pour ne pas perturber le cours de sa vie avec son papa. Une semaine de vide, de manque, qu’il me fallait remplir. Une semaine que j’ai appris à utiliser pour moi, pour renouer avec des amis perdus de vue, pour remettre de l’insouciance dans mon quotidien…et sauter à pieds joints jusqu’à la semaine suivante.

Puis j’ai rencontré celui qui partage ma vie.

Nous avons démarré notre vie de couple directement à quatre, puis deux petits lutins sont venus souder et remplir notre famille. Au bout de quatre ans d’amour, mon chéri est parti travailler à 150 km de nous. Pas très loin donc, mais assez pour que ce soit compliqué pour lui de me ramener une baguette pour le dîner. Ayant chacun un adolescent d’une union précédente, nous avions donc plusieurs options à notre portée :

  1. « Je déménage avec toi en emmenant tous nos enfants, et les autres parents se consoleront comme ils peuvent en mangeant des pots de Nutella d’un kilo pendant trois ans ».
  2. « Partons avec nos deux enfants communs, en laissant les deux grands chez leur autre parent. Bisous bisous mes chéris ! On vous reprend dans trois ans sur ce même trottoir, soyez à l’heure ! »
  3. « Bon ben… tu pars tout seul et tu rentres les week-ends ? » OK ? Bon, OK, c’est parti.

Voilà pourquoi je suis, depuis un peu plus de deux ans et demi, maman solo du lundi au vendredi, et un week-end sur quatre. Nous sommes presque à mi-peine, plus que trois ans et demi.

J’entends souvent :

« Qu’est-ce-que ça doit être dur ! Tu t’en sors, avec les petits ? Oh ma pauvre, je te plains ! Avec le boulot, en plus, quelle galère ! Mais comment tu fais, pour tout gérer ? »

Je suis toujours touchée de ces marques d’attention. Et puis je dois bien reconnaître qu’il y a quelque chose de flatteur à voir reconnues mes capacités d’organisation.

Et pourtant, quand j’y réfléchis… Je ne sais pas comment je fais. Je n’ai pas le choix, alors je ne me pose même pas la question, en fait. C’est une variable parmi tant d’autres de l’équation familiale. J’essaye de me souvenir que nous avons pris cette décision à deux.

Quel est le bilan ?

Il y a des points difficiles :

  • Je me tape l’intégralité de la totalité de l’entièreté de tout en semaine.
  • Préparer le dîner avec le petit qui braille, le moyen qui miaule, la grande qui s’en fout et lit sur le canapé ou entretient assidûment sa vie sociale sur whatsapp (il y a des priorités, dans la vie d’une adolescente, quand même) est éprouvant pour mes nerfs, même si le dîner n’est constitué que de coquillettes au beurre. C’est d’ailleurs tout ce que j’ai l’énergie de faire, en semaine.
  • Quand le dernier est pris d’une inspiration contemporaine subite et se met en tête de redécorer le tapis à grands coups de jet de compote de pommes ; Quand avec son frère, ils grimpent sur la table et dansent entre les assiettes… Je peine à garder mon calme.
  • Parfois, je hurle comme une vraie mégère, et je m’en veux. Alors je les laisse prendre leur bain tout seuls pendant que je me pose sur le canapé pour répondre à mes mails (ça c’est le prétexte) ou perdre mon temps à papoter sur les réseaux sociaux (ça, c’est la réalité). Ces quelques minutes me permettent de retrouver mon calme.

Et tu sais quoi ? Je n’ai même pas honte.

Ils sont toujours ravis d’avoir inondé la salle de bains, et je préfère éponger rapidement le sol, que de consacrer mon énergie à les empêcher de faire des bêtises – qui finalement, ne sont pas si graves et feront de bons souvenirs.

J’essaye de me souvenir que si moi, je suis dans le TROP – trop de « Maman ! », trop de « encore une histoire ! », trop de « les bras ! » -, mon chéri, lui, est dans le pas assez, toute la semaine, dans son appartement vide et si calme. Cela m’aide à relativiser l’amour parfois un peu encombrant de ma petite tribu.

Et puis en fait, le plus difficile n’est pas de gérer beaucoup de choses : les mères sont en général des êtres fabuleux et ultra-organisés qui savent emboîter leurs tâches de manière à ce que le temps global nécessaire soit le plus court possible. Je ne suis certainement pas la seule à faire chauffer l’eau des pâtes AVANT de ranger les chaussures et les manteaux éparpillés dans le couloir.

Non, le plus dur, c’est de ne jamais pouvoir passer le relais, surtout quand les enfants me tapent sur les nerfs et que la bienveillance maternelle me déserte.

Alors, j’ai recours à quelques parades :

  • Le bain un jour sur deux. Cela fait toujours un soir où les garçons n’ont pas la tentation d’aller, sitôt sortis de l’eau, faire du vélo à poil sur le palier.
  • La simplification extrême des repas, en déléguant à la cantine la responsabilité des légumes.
  • Le pantalon porté, même un peu tâché (de toute façon, les pantalons chez moi restent propres dix minutes, grand maximum), afin de ne pas périr étouffée sous mon tas de linge.
  • Et puis je ne culpabilise plus de m’offrir, de temps en temps, un baby-sitting pour prendre un verre avec des copines.

J’ai longtemps vécu le week-end mensuel où mon chéri ne rentre pas comme un interminable calvaire… Il m’a fallu du temps pour comprendre que ne pas sortir, au prétexte que gérer seule la logistique d’un déplacement était éprouvant, constituait une fatale erreur. Alors maintenant, je m’arrange pour blinder d’occupations les week-ends où Papa n’est pas là. Le temps passe plus vite, et c’est moins fatiguant, curieusement.

C’est pourquoi je n’ai pas hésité, récemment, à les amener voir un spectacle musical de Tchoupi. C’était éprouvant pour mes nerfs, je ne vous le cache pas, mais cela les a neutralisés un bon moment, et je me suis occupée de ma vie sociale sur Instagram : c’est toujours cela de pris.

Et quand enfin mon chéri rentre, tout le monde lui tombe sur le dos en même temps, comme des brochets affamés sur un jeune gardon. Chacun doit trouver son compte, jouer avec lui et remplir son réservoir à câlins (moi incluse).

Ce à quoi j’essaye de faire attention

  • À force de tout gérer sans Papa, il y a un risque de ne plus avoir besoin de lui. Et ça, ça craint. D’où l’importance de raconter le menu quotidien de la vie, du bobo au genou dans la cour à la dernière histoire du soir en passant par le choix du déguisement de carnaval.
  • L’autre difficulté est de négliger notre couple au profit des enfants durant nos rares moments familiaux. Mais il me semble que c’est le défi de tous les couples, de toute façon.

Ce qui est positif (si si !)

Nous sommes toujours contents de nous revoir ! Sur le temps que nous passons ensemble, nous essayons d’accorder une part réduite aux disputes et tirages de gueule, pour que ces brefs moments soient aussi beaux et précieux que possible. Très honnêtement, nous n’y arrivons pas toujours.

Mais l’imminence du départ nous aide à ne pas faire durer les hostilités. Nous avons d’ailleurs lâché sur certaines choses non-essentielles mais hautement génératrices de conflit, comme la manière de plier le linge ou l’endroit le plus adéquat pour ranger les chaussures : pas de temps à gaspiller pour des futilités.

Parfois, je repense à ma vie de jeune divorcée célibataire et libre comme l’air, et je souris. Le rêve de la plupart des mamans, soyons honnête, est quand même de pouvoir se volatiliser dans la nature, quelques jours, loin de tous ses enfants et même de son conjoint. Du moins, c’est le mien et je l’assume pleinement. Or quand j’avais la « chance » de vivre cette situation une semaine sur deux, force est de constater que je ne trouvais pas toujours cela si génial et que le manque de mon enfant se faisait cruel, certains jours.

Alors les soirs où je sers les poings parce que je les entends hurler ou se disputer encore une fois…

Je respire un grand coup :

  • Je pense à la tisane que je vais me servir, quand ils seront couchés, de nouveau paisibles et émouvants ;
  • Je pense à mon amour qui est tout seul, à 150 km de là ;
  • Je pense aussi à toutes les mamans un peu, beaucoup ou énormément solos, mes compagnes de bain-coquillettes, et je leur souris en secret :

Allez, une journée de plus, et quelle que soit la manière dont elle s’est passée, on a réussi, haut la main.



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Cet article a été écrit par :
Marie Chetrit

Scientifique de formation et de profession mais littéraire de cœur, Marie Chetrit partage sur son blog de petits textes sur les moments rigolos ou exaspérants de sa vie familiale. Elle et son fabuleux époux ont chacun un grand d’une première union et deux petits diablotins ensemble.
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