Nous avons acheté une maison. Il y a un an, en sortie de confinement (le premier, le fameux….) et nous y vivons depuis 6 mois maintenant. Nous l’avons rêvée, cette maison.
D’abord « même pas en rêve », trop citadins et surtout trop fauchés !
Nous avons vécu 10 ans en appartement. Puis on a pu se projeter « chez nous » parce que notre situation professionnelle a évolué. Alors on s’est dit :
« Nous allons trouver une maison et notre maison, c’est sûr, elle sera parfaite, grande, lumineuse, toute rénovée, avec de beaux papiers peints (j’adore les papiers peints), du parquet partout, des cheminées, un magnifique jardin avec des arbres fruitiers. »
Mais surtout surtout, dans ma tête, ma maison, elle sera parfaite tout de suite. Et puis nous y voilà. Notre maison à nous, elle est en fait toute biscornue, tout abîmée. Il faut tout restaurer. Du sol au plafond, de la toiture aux fenêtres.
Il faut tout changer !
Même le jardin n’a pas été entretenu depuis 40 ans… Et tout cela va demander du temps. Mais le pire, c’est que ma maison rêvée… c’est le voisin qui l’a !
Je l’aperçois tous les jours en ouvrant les fenêtres des chambres de mes filles.
Une bâtisse ancienne magnifique, restaurée intégralement l’année dernière, avec sa verrière, ses dépendances, son escalier central monumental, ses cheminées dans chaque pièce et son jardin — que dis-je son parc — dans lequel ils sont en train de se faire construire une piscine !
Mais ce soir, je me dis que ma maison me ressemble bien, finalement. Elle est juste à mon image, elle est juste ce dont j’ai besoin et c’est pour cela que je suis là et que je l’aime.
Fabuleuse, je suis !
Fabuleuse, je sais que je suis aimable avec mes défauts, mes imperfections, mes trucs à restaurer, mes infiltrations, mes courants d’air et je sais qu’il va falloir du temps pour tout réparer, rafistoler, changer, améliorer.
- Alors, je suis pleine de gratitude pour cette grande maison qui accueille les rires de mes enfants, le soleil qui fait pousser les tomates cerises alors qu’il y a un an je faisais mon « temps calme » au bord de la fenêtre de la salle de bain, seul petit endroit de soleil de l’appartement dans lequel nous avons vécu 2 mois de confinement.
- Je suis pleine de gratitude pour les chauve-souris que j’ai aperçues tout à l’heure après le coucher des enfants. Et pourquoi pas aussi : je suis pleine de gratitude pour cette vue magnifique sur la jolie maison de mes voisins que je peux admirer des fenêtres de mes filles !
- Pleine de gratitude pour cette maison qui me demande de l’énergie, de la patience, du lâcher prise.
- Pleine de gratitude pour cette maison biscornue qui me permet d’expérimenter que le chemin est parfois encore plus beau que la destination.
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Claire Lemasle