Ma fabuleuse trousse de secours en période de Coronavirus - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Ma fabuleuse trousse de secours en période de Coronavirus

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Pour être tout à fait honnête, je n’ai aucune idée de combien de temps il va me falloir pour vous écrire ce texte. Avant même d’avoir commencé, j’ai déjà été interrompue 4 fois et la prochaine interruption pointe son nez. Pia, 7 ans, un petit chromosome en plus sur la paire 21 fait de la peinture à côté de moi. Mes 2 grandes sont dans leur chambre, l’une fait ses devoirs, l’autre range son bureau et mon mari travaille porte du bureau fermée (interruption, je reprends, oups, non, interruption de nouveau).

Je respire, je vous avoue que je n’ai aucune envie de vous écrire un truc fleur bleue sur « les bienfaits de changer de rythme, le retour à l’essentiel, le bonheur de ralentir ». Parce qu’en réalité, pour l’instant, je ne découvre aucun d’entre eux pointer son nez dans mon programme. Pour être sincère, je perçois plutôt (que ma fille commence à faire de grosses bêtises avec les couleurs) une situation anxiogène, des amis qui se battent contre la maladie (que ce soit en étant malade ou en étant soignant), je vois des gens à cran sur les réseaux sociaux parce qu’ils « en ont marre du comportement et des plaintes des autres », des familles qui doivent être 24h/24 et 7j/7 ensemble et que ça met à rude épreuve, des parents qui doivent travailler et chaque jour avoir peur de ramener ce virus à la maison, des gouvernements qui rament à essayer de mettre des mesures efficaces en place et qui n’ont pas l’air de réagir adéquatement.

Je vois une une multiplication de conseils inutiles, de live streaming en tout genre, et une liste de gens dont on devrait prendre des nouvelles, et que dans le monde il y a encore tant de souffrance en plus du virus, on est partout et nulle part à la fois, chez soi mais émotionnellement ailleurs…

Bref, (interruption, pardon), je n’ai vraiment pas envie de vous écrire un truc psycho-philo-bobo « regarde les fleurs », « le bonheur est dans ta poche », « tout ce qui compte c’est ta manière de voir les choses », ou « si la vie te donne des citrons fait de la limonade avec ». (interruption).

La situation est difficile pour la majorité d’entre nous…

même catastrophique pour certains et carrément un passage en enfer pour d’autres. On est dans une casserole, avec des ingrédients explosifs, on n’est pas vraiment bien installés et on ne sait pas pour combien de temps on sera coincé là-dedans. Ai-je déjà perdu la moitié de mes lecteurs qui se disent : « Bon ben Rebecca, t’as pas plus sympathique comme manière de voir les choses ? » ?

Allez zou, courage, continue à lire, je vais essayer de te refiler quelques petites idées, conseils, aides à mettre dans ta trousse de secours.

Alors, on y met quoi dans cette trousse de secours ?

1. Accepte tes émotions

…et surtout n’essaie pas de les refouler, de les nier, ou de les cacher au plus profond de ton cœur. Une émotion est comme un boomerang, si tu l’envoies balader quand elle pointe son nez, elle risque de venir t’exploser dans la figure (à toi et à celle de toute ta famille) quand elle fera son retour.

2. Bois, bois assez et régulièrement

…mais évite de fortement augmenter ta consommation de boissons caféinées ou super sucrées (qui risquent de mettre ton système nerveux à rude épreuve)…. Et fais gaffe à l’alcool. Si il calmera bien ton angoisse dans un premier temps, dès que son effet s’atténue, le retour de l’angoisse sera plus fort et, qui plus est, le verre d’alcool peut devenir un maître intransigeant dont tu peux te retrouver esclave contre ton gré.

3. Dors, essaye de dormir assez.

Ne repousse pas ton heure de sommeil, tu vas avoir besoin de forces. Si ton sommeil est troublé, sache que le fait de se reposer dans son lit, c’est déjà bien. Ne te mets pas la pression, s’endormir c’est un processus automatique, et plus on essaye de s’endormir, plus ça foire.

Repose-toi, éteins à temps tous les écrans, oublie les nouvelles, pense à un endroit qui t’apaise (moi, j’ai un bureau de rêve imaginaire, dans une grande maison blanche, le bureau est installé devant de grandes fenêtres avec vue sur la mer… dès fois je m’imagine entrer dans cette pièce, j’imagine le tapis moelleux sous mes pieds nus, le bruit du vent, la vue sur la mer et ça marche, ça me détend SAUF si je pense au fait qu’il faudrait super régulièrement laver les vitres et là POUF, fini la détente… ZUT alors !).

4. Ne compare pas, possède ton histoire et ton présent à toi.

En te comparant avec les autres, tu risques de t’énerver sur eux ou encore sur ta situation. La comparaison n’aide pas. Les cartes ne sont pas les mêmes pour tout le monde et personne n’est dans ta situation : c’est à toi de gérer la donne que tu as reçue au mieux (et oui, je sais, je sais, c’est parfois vraiment très limite).

5. Agis là où tu peux agir.

J’ai réalisé cette semaine que mes actions et leurs effets sont très limités. Je me sens très impuissante quand je lis les témoignages (grosse pause, il m’a fallu nettoyer les traces de peinture sur le mur et les meubles que je venais de voir, juste après avoir parlé au téléphone avec l’instituteur de Pia qui prenait des nouvelles de son élève. Maintenant que j’ai sorti la boîte à poupées dans le salon, je peux continuer à vous écrire).

Donc, oui, les chiffres et les témoignages qui inondent les nouvelles en ligne me rongent. Ils me volent le peu de paix que j’essaye d’éprouver en me concentrant sur mon présent. Notre capacité à l’empathie (nos neurones réflexes aussi) fait que lorsque nous voyons souffrir quelqu’un, nous ressentons aussi les larmes qui montent et le besoin profond de consoler et d’aider cette personne. Mais si la personne que tu vois souffrir est loin de toi et que tu ne peux pas l’aider directement, toute cette émotion s’accumule en toi et risque de t’étouffer.

Alors, comment faire ?

Le mieux est d’éviter de regarder les nouvelles catastrophiques qui te poussent à paniquer intérieurement ou de trouver une manière de canaliser cette émotion en te mettant en action.

Comment ?

Certains cousent des masques lavables, d’autres écrivent des lettres aux personnes dans les maisons de retraite, certains font des courses pour leurs voisins, d’autres applaudissent le soir pour féliciter les membres des équipes médicales. Pour ma part, j’ai décidé d’agir en faisant mon possible pour que mes filles traversent cette situation au mieux (et qu’un jour, elles apprennent un métier qui leur permette d’apporter leur pierre à l’édifice de la société). J’ai compris cette semaine que je ne peux pas changer les chiffres statistiques, je ne peux pas non plus aller aider dans un hôpital, je ne peux pas consoler les familles qui perdent un proche. Mais je peux rester chez moi et faire en sorte que dans la maison, on vive cette situation atypique et pathogène au mieux. Je peux veiller à mon bien-être et à celui de mes filles, je peux essayer de désamorcer les bombes qui sont sur notre chemin. Je peux aussi être polie avec les employés des magasins quand j’y vais, je peux peut-être même envoyer certains de nos jouets et livres à des parents qui pourraient en profiter,… Bref, je reste active face à la crise et ça diminue la panique intérieure.  

6. Décide consciemment de quoi tu veux nourrir ton esprit.

Evite les médias qui font dans le tape à l’œil. Evite les informations qui t’empêchent de rester calme, évite les 3500 conseils qui n’aident pas (nouvelle interruption). C’est un peu l’effet fast food, tu vois ? On a envie de savoir mais ça ne nous nourrit pas sainement. Si tu as vraiment besoin de savoir ce qu’il se passe, cherche des sources d’information valides (de préférence des articles à lire et pas de vidéos ou images qui s’installent à long terme dans ton esprit). Rappelle-toi qu’une grande quantité de chercheurs s’attèlent à la recherche concernant le Covid 19 et pense à la Chine et au fait que depuis quelques jours il n’y a pas de nouveau cas qui se présentent.

7. Observe tes enfants

…et essaye au mieux de répondre à leur besoin de base. Le manque de sport, la distance avec les amis, la pression pour les devoirs, les émotions qu’ils perçoivent dans les adultes : tout cela sont des circonstances qui peuvent leur nuire. Durant mes études, j’ai appris que par exemple, un ado qui arrête d’un seul coup le sport parce qu’il s’est cassé le bras est un ado qui risque de déprimer. Cependant, la dépression ne s’exprimera pas forcément comme chez un adulte. Certains peuvent montrer des signes d’agressivité plutôt que de dépression. 

Bref, si on n’observe pas attentivement, on peut passer à côté de la détresse de nos enfants. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls. Il y a des numéros spéciaux où vous pouvez parler de la situation et recevoir un soutien professionnel. Soyez attentifs aux réactions de vos enfants, parlez-leur et surtout jouez avec eux, bougez dans la maison, mettez-vous au niveau de votre enfant, ce que nous considérons comme de « petits problèmes » sont parfois vitaux pour eux. N’ignorez pas les signes d’appels à l’aide qu’ils lancent. Vous pourrez les aider, vraiment ! Ils vont observer comment vous réagissez face à la crise et ils vont apprendre avec vous : qu’on peut écouter ses émotions, les apaiser, prendre le temps de reposer son esprit, aider, se distraire, appeler à l’aide en cas de besoin, résoudre des problèmes ensemble…

8. Et nos couples ?

C’est du rodéo, les gars ! C’est même un concours de rodéo sur un cheval furieux. En fait, non, c’est plutôt Koh Lanta à la maison. Je pense que nous avons assez vite remarqué les terrains minés, les heures les plus potentiellement explosives, les thèmes qui pourraient nous faire grimper au plafond et les gestes qui nous irritent le plus. Apprenons à stopper les conflits avant que ça n’escalade trop.

  • Apprenons à dire à l’autre : « Please, pas ce sujet maintenant, j’arriverai pas à être constructive ».
  • Apprenons à dire à nos conjoints : « J’ai peur, je ne sais pas comment gérer, j’ai besoin de ton aide »
  • Apprenons à entendre leurs « J’ai peur, je ne sais pas comment survivre, j’arrive pas à être positif ».

Reconnaissons nos disputes classiques et essayons de désamorcer la fin… Prenons le raccourci, posons les armes. Osons l’adage suivant : « À situations exceptionnelles, réponses exceptionnelles ». Créons des zones « neutres », écrivons un traité de paix, soyons assez courageux et culottés pour laisser tomber les batailles inutiles.  

9. Essaye à tout prix de revenir dans ta zone verte.

Parfois, on est dans le rouge, on se sent dans le rouge et on pourrait exploser à tout moment, peu importe la raison : si un truc va de travers on va gueuler, on va pleurer, on va s’effondrer… Mais on peut apprendre à sortir de cette zone rouge. Je ne te connais pas, je ne sais pas te dire ce qui sera la meilleure manière de revenir dans ta zone verte, mais voici quels sont mes trucs à moi  : une playlist good mood, un livre avec des petits textes comiques, un petit café seule, prendre quelques photos, dessiner des petites maisons, me blottir dans les bras de Christoph, prendre une douche bien chaude, m’asseoir au soleil, plier du linge, caresser le chat, m’allonger 10 minutes sur mon lit, regarder un dessin animé avec la petite… À toi de faire ta liste et mets-la en pratique !

10. Prends soin de ta santé et de ta santé mentale.

Bouge assez, ris, bois assez, mange sainement, ris de nouveau, revois tes priorités à la baisse, chante, ris encore un peu, oublie parfois ce qui se passe, médite, prie, dépose ton paquet, pleure, tape du pied, touche un tissus tout doux, regarde un bout de ciel pendant un certain temps, prie, respire, oublie, ris un peu, mange une pomme, médite, vis, dis merci, ferme les yeux, respire…

Je ne sais plus quoi t’écrire, de nouveau, c’est un peu comme une tempête dans ma tête : j’ai vu les chiffres de la France, j’aurais pas dû regarder, j’aimerais tant que les chiffres ne soient ni des familles, ni des médecins concernés, qu’ils ne soient pas vrais… J’aimerais que la distanciation sociale ne soit pas si nocive pour nous, j’aimerais me réveiller et que tout soit passé.

Mais pour l’instant, je dois faire face (nouvelle interruption cette fois de ma grande fille qui a besoin d’une carte et du chat qui a marché dans la peinture et puis sur le sol du salon). J’ai la tête lourde. Toi aussi ? Et le cœur alors, oh le cœur… Mais voilà, nous rassemblons nos forces, pour les dix prochaines minutes, et puis pour la journée, et puis une autre journée, et la prochaine encore.

Surtout, on va faire un pas à la fois, se soutenir et s’accepter comme on est, rester tendre avec soi. C’est une situation exceptionnelle, soyons exceptionnellement conscients de nos besoins et de nos ressources et prenons le challenge à bras le corps, il y aura un après.

Prenons soin de nous, prenons soin des autres.



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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