Belle-maman,
Je dois te l’avouer, au début, j’avais une certaine appréhension. Entrer dans une nouvelle famille, ce n’est jamais facile, les relations entre belles-filles et belles-mères sont souvent empreintes d’ambiguïté. On peut avoir l’impression de marcher sur un fil, entre la volonté de respecter l’autre et celle d’affirmer sa propre place. Il y a parfois des maladresses, des incompréhensions, des moments où l’on sent que l’on ne partage pas les mêmes codes. De mon côté, j’arrivais dans un univers qui n’était pas le mien, avec des habitudes, des histoires et des liens qui s’étaient tissés bien avant que je n’en fasse partie. Trouver ma place dans ce cadre familial, où tout est déjà établi, a pu parfois me sembler délicat, voire intimidant.
Je savais bien que tu n’étais pas « simplement » la mère de l’homme que j’aime.
Tu es aussi la gardienne d’une partie de son histoire, de ses souvenirs, de ce qu’il est profondément. Et, quelque part, c’était l’idée d’entrer dans cette histoire qui me faisait peur. Comment allions-nous nous comprendre ? Comment allais-tu accepter que je prenne cette place particulière, à côté de ton fils, ton enfant ? Comment allions-nous réussir à trouver un équilibre, avec nos différences, nos visions, nos styles de vie ?
Et pourtant, avec toi, les choses se sont faites en douceur, presque naturellement. Bien sûr, cela n’a pas toujours été simple. Nous avons parfois navigué dans des eaux un peu troubles : les mots étaient hésitants, les comportements pas ajustés, certaines attentes étaient voilées. Mais avec le temps, nous avons appris à mieux nous connaître. Au fil des années, notre relation grandit et les moments que nous passons ensemble, même s’ils sont assez rares, sont devenus de véritables temps de qualité. Ils sont précieux à mes yeux, car ils me permettent de découvrir une femme d’une grande bienveillance et d’une compagnie très agréable.
Tu n’as jamais cherché à t’imposer ou à prendre une place qui n’était pas la tienne.
Tu m’as laissé l’espace nécessaire pour m’intégrer à ma manière, à mon rythme. Tu as su être présente, sans jamais être envahissante, et tu as même su remettre en cause ta façon d’agir avec moi, notamment face à la mère que je suis devenue. C’est quelque chose que j’apprécie profondément. Je sais que ce n’est pas toujours évident, car moi aussi, je continue à découvrir comment me positionner. Mais ce que tu m’as offert, c’est cette liberté d’être moi-même dans une famille qui n’était pas la mienne au départ, mais qui, grâce à toi, a fini par m’accueillir pleinement.
Au-delà de notre relation de belle-mère et belle-fille, tu es aussi un modèle.
J’admire la manière dont tu as élevé tes enfants, dont tu as su être là pour eux, tout en leur laissant la liberté d’explorer et de grandir par eux-mêmes. Cela me guide dans mes propres réflexions sur la maternité et sur la manière dont j’aimerais être présente pour mes enfants.
Entrer dans une famille qui n’est pas la sienne, c’est comme entrer dans un nouveau monde. Cela demande du temps, de la patience, et surtout de la compréhension mutuelle. Je crois que nous avons trouvé ce chemin, petit à petit, et aujourd’hui, même si nos rencontres sont peu fréquentes, elles sont d’une richesse qui compense largement la distance.
Merci d’être cette belle-mère qui sait accueillir avec bienveillance. Merci de m’avoir laissée être moi-même, de ne pas avoir cherché à me changer ou à me juger.
Avec toute mon affection,