À toi qui connais les crises d’angoisse  - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

À toi qui connais les crises d’angoisse 

femme qui se tient la tete
Maria Balmès 29 janvier 2024
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Tu avais oublié ce que c’était, parce que la vie reprend toujours le dessus.

Mais là, l’émotion commence à te monter à la gorge. Tout te revient. L’impression de te noyer, de ne plus savoir à quoi te raccrocher. C’est une tempête à l’intérieur de ton crâne. Tu essaies de comprendre ce qui a bien pu te remettre dans un état pareil et tu t’accuses. Tu imagines les pires scénarios et tu t’accuses encore. Tu cherches frénétiquement la lumière et tu t’accuses de ne pas la trouver.

Est-ce que tu reconnais cet état ? Respire. Oui.

Ce niveau de panique ne veut dire qu’une seule chose : tu es rattrapée par un bon vieux traumatisme. Respire encore. Ton émotion ne dit pas grand-chose du présent, mais elle dit beaucoup de tes souffrances passées. Si tu y es attentive, tu remarqueras peut-être que de nombreux souvenirs d’autrefois sont en train d’émerger. Tu n’as pas besoin de les visualiser en détail, juste de les situer dans le passé. Quel âge avais-tu quand tu ressentais ça ? Est-ce que c’était il y a quelques semaines ? Quelques années ? Est-ce que c’était dans ton enfance ?

Prends le temps de réconforter celle que tu étais. Ce n’était pas de ta faute à l’époque.

Bah oui, c’était vraiment dur. Et c’était injuste. Ce n’est pas de ta faute maintenant non plus. C’est juste un mécanisme de défense de ton psychisme qui ne veut pas revivre ces situations douloureuses et c’est bien normal ! Prends-toi dans les bras : la main droite sous ton aisselle gauche, ta main gauche sur ton bras droit. Voilà. C’est bien. Tout va bien.

Si tu as encore besoin de ressentir ta panique, fais-le.

Fais-le avec beaucoup d’autocompassion, car tu as besoin d’être réconfortée. Ta panique a besoin de réconfort. Quand tu te sentiras prête, tu pourras te reconnecter doucement avec la réalité. Tu le sais très bien : la bonne nouvelle, quand un traumatisme est réactivé c’est que l’émotion est disproportionnée par rapport à la réalité. Donc la réalité sera ta meilleure alliée. Mais surtout, ne rejoins pas les rivages de la réalité pour nier ton émotion. Fais-le pour prendre soin d’elle, pour lui montrer le chemin du repos. Dis-lui qu’elle aura toujours sa place sur le rivage et que tu pourras même trouver d’autres gens pour prendre soin d’elle.

Alors, qu’est-ce qui, dans la réalité, te ferait du bien ?

Comment pourrais-tu prendre soin de toi ? Qu’est-ce qui t’a aidée la dernière fois ? Ça n’a pas besoin d’être le bain aux chandelles de la décennie. Tu n’as même pas besoin d’en profiter pleinement à ce stade. Tu le sais : tu as juste besoin de trouver quelque chose qui va t’aider à connecter 10 % de ton esprit à la réalité. Parce que ta panique a encore besoin de 90 % d’espace, et on la comprend. Mais ce serait dommage de passer à côté des quelques points positifs potentiels de ta journée. Tu as juste besoin de rallumer une petite flamme de désir à l’intérieur de toi : « Ça, ça va me faire du bien ».

Ça y est. Tu es plongée dans l’activité que tu as choisie et ça va mieux.

Tu respires. La vie commence à reprendre le dessus.

Ton esprit parvient à produire quelques pensées positives. Tu respires beaucoup plus calmement. Fiou ! Savoure ! Tu es détendue et tu vois la lumière du phare !

… Et tu te mets aussitôt à avoir peur d’être rattrapée par la tempête. « Et si je tombais de ma planche de salut ? Ça fait tellement du bien d’aller un peu mieux que je ne veux surtout pas me noyer à nouveau ! » 

Ta peur est normale. Mais ici, il s’agit de l’avenir. Et pour l’instant, rien n’est écrit ! C’est une nouvelle journée, remplie de possibilités. Une nouvelle nuit. Une nouvelle gastro familiale, dispute avec ton conjoint, tâche administrative, semaine de « vacances », grossesse… Ou même une nouvelle épreuve dramatique, comme la vie nous en réserve hélas parfois. Or, si ça se trouve — et c’est une possibilité que tu ne peux pas écarter — la fin de l’histoire sera un peu différente cette fois-ci. Que voudrais-tu apprendre de cette épreuve cette fois-ci ? Quelle blessure vas-tu avoir l’occasion de guérir cette fois-ci ? Que voudras-tu te dire à toi-même une fois l’épreuve passée ?

Pour ancrer dans ton corps cette vision plus positive de l’avenir, tout aussi valable que ta peur, tu peux même sourire !

Oui, oui ! C’est une idée de Bronnie Ware dans Les cinq regrets des personnes en fin de vie : « Souris, et sache que cette période difficile va passer et que de bonnes choses s’en suivront » (Bronnie Ware). Alors, souris encore, encore, encore ! 

Tu étais une Fabuleuse dans la tempête et tu as trouvé le rivage. Tu n’as plus besoin d’avoir peur de la prochaine tempête parce que tu as trouvé le chemin de la plage. Bienvenue ! Tu vas pouvoir passer à l’action et demander de l’aide si besoin. Sur la terre ferme, tout est plus simple.  

P.S. Cette lettre, je me la suis d’abord écrite à moi-même.

Tu n’es donc pas seule si tu traverses des tempêtes de panique ! Je voudrais bien sûr que la tourmente ne fasse plus jamais partie de ta vie ni de la mienne — et peut-être est-ce possible, je n’en sais rien. En attendant, je te promets qu’on en vit de moins en moins au fil du temps si on soigne en douceur ses traumatismes avec un professionnel formé. Je te promets aussi qu’on s’en sort de plus en plus vite à chaque fois, et c’est d’ailleurs un des buts de cette lettre que de partager avec toi mon chemin de sortie de crise. 

Et toi, quel est le chemin qui te ramène sur la terre ferme ?



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Cet article a été écrit par :
Maria Balmès

Maman d’une petite fille, elle a vécu l'épreuve de la dépression post-partum. Ses textes cherchent à apporter beaucoup de douceur et d'espoir aux mamans dans la tourmente. Elle s'appuie sur son expérience thérapeutique (des psys, elle en a vu), sur des concepts philosophiques (c'est son métier) et sur les judicieuses remarques de son mari (qui ne perd jamais le nord dans les tempêtes).

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