Il pleut.
Mon chameau est revenu avec la première fraise du jardin cette semaine ; ma morue l’a trouvée infecte. Je veux bien la croire, le soleil joue à cache-cache avec une rare efficacité en ce printemps humide et gris.
Alors moi, je rêve.
Je rêve de soleil et de chaleur. Je rêve de remplacer les soupes par des crudités et de faire déborder le congélateur de glaces à croquer en fin de repas ou au goûter.
Moi, j’adore l’été. Mes talents, avouons-le, limités de cuisinière sont comblés par cette période de l’année :
des salades froides avec ce qu’il y a dans le frigo, des légumes à grignoter, les fruits du jardin (quand les animaux n’ont pas tout mangé), les couleurs et saveurs des légumes et fruits d’été, les crèmes glacées et sorbets… Franchement, c’est simple, c’est frais, c’est facile !
Simple, frais et facile ? Vraiment ?
Bon, j’avoue, il y a eu quelques loupés ces dernières années.
Je ne te reparlerai pas de mes gâteaux d’anniversaire approximatifs, j’ai plein d’autres anecdotes à mon actif.
Dans la catégorie barbecue :
- Sous le soleil, c’est bien trop courant. Sous la pluie, c’est beaucoup plus amusant. À condition d’avoir un grand parapluie bien évidemment.
- Marre des chipos nature ? Pas de problème ! Fais-les tomber dans l’herbe juste avant de les servir, ça ajoutera un petit quelque chose. À éviter, la chute dans les graviers : ça apporte du croustillant, mais ce n’est pas très bon pour les dents.
- Les grillades nocturnes. Sans lumière, à l’instinct, et je te garantis un véritable festin, surtout si tu aimes la viande bien bien, mais vraiment bien cuite. Ah, ce petit goût de cramé incomparable…
Dans la catégorie glaces :
- Celle que tu as attendue longtemps en pleine canicule et que ton enfant fait tomber une minute après l’avoir reçue. Gratitude infinie pour le vendeur qui a de nouveau rempli le cornet gratuitement lorsque cela m’est arrivé.
- Celles aux parfums improbables, du type bubble gum ou schtroumpf, que tes enfants ont trouvés trop drôles et que tu as finalement dû manger parce que ce n’était pas aussi bon que prévu. Et celle au goût concombre-menthe que tu as digérée tout un après-midi, avec tes regrets.
Dans la catégorie « chaud devant » :
- La raclette-canicule pour l’anniversaire de mon homme dans ma famille en Belgique. Ils voulaient me faire plaisir, ça m’a vraiment fait (très) chaud au cœur.
- Le regard éberlué du serveur quand j’ai commandé un welsh, toujours en pleine canicule. C’est de sa faute aussi, il venait de me dire qu’il n’y avait plus de salade fraîcheur !
- La moussaka comme en Crète, avec la recette ramenée de là-bas. À ceci près que les légumes n’étaient pas cuits et le plat immangeable.
Dans la catégorie pique-nique :
- Le grand classique ! L’enfant fait tomber sa nourriture dans le sable et te voilà obligée de te sacrifier pour qu’il mange un peu. Pour que tout le monde soit logé à la même enseigne, je te conseille le pique-nique sur la plage un jour de vent : tout devient merveilleusement croustillant grâce au sable coincé entre tes dents.
- Ma morue, quand elle était toute petite, mangeait le sable à pleines mains. Quand je vois comme elle est difficile maintenant, je me dis presque que c’était le bon vieux temps.
- Et notre invitée surprise : la pluie ! Qu’à cela ne tienne, une nappe par terre dans le salon fera très bien l’affaire. Ou dans la voiture, nous serons bien à l’abri des courants d’air.
Voilà, manger l’été, c’est simple : il suffit d’avoir de l’humour et un bon sens de l’adaptation.
Comme le reste de l’année en fait, mais en beaucoup plus coloré et fruité.
Allez, je vais préparer une soupe en attendant de voir ce qui va bien pouvoir encore m’arriver cet été.