Le jour où tu as annoncé à tes parents et beaux-parents que tu étais enceinte, tu as fait d’eux des grands-parents. Peut-être que ce n’était pas la première fois pour eux, peut-être que si (et que tu leur as asséné sans le vouloir un coup de bambou monumental sur la caboche. What ? Nous, papy-mamie ?)
Il existe autant de profils de grands-parents que de profils de parents. Ce qui est certain, c’est que, lorsque tu leur laisses ton enfant pour les vacances, il ne vivra pas la même chose chez Papy-70s et chez Grand-père-du-XVIe. Si tu n’as pas peur des clichés faciles, je t’invite dans ma galerie de grands-parents, pour une petite promenade du rire !
C’est parti pour une semaine chez :
Papy-bricolo et Mamie-gâteaux
Au programme : ramassage des fruits dans le verger, confitures de quetsches et bateau taillé dans un morceau de bois. Loulou et Louloute vivent leur meilleure vie, en tous cas jusqu’à leur treize ans, parce qu’au bout d’un moment, ça commence à les fatiguer de la jouer Laura Ingalls en mode zone blanche. Cependant, toi tu sais bien qu’ils sont en train de se construire les souvenirs qu’ils raconteront dans vingt ans à leurs enfants. Et ça te met un peu la pression, toute cette perfection de grand-parentalité 😉 !
Pépé-la-Bibine et Mémé-qui-pique
Comment dire… Tu n’as vraiment pas eu le choix. Cette année, il a absolument fallu faire appel à ceux qui ne sont pas les grands-parents rêvés. Mémé s’est inspirée de Tatie Danièle et Pépé sort tout droit d’un épisode de Strip Tease. Tu briefes bien Loulou et Louloute : pas de « petite poire » en fin de repas, qu’ils se tiennent prêts à subir quelques coups de canne (portez des chaussettes hautes, les chéris) et, au cas où l’oreiller sentirait le pipi de chat, tu leur glisses de l’huile essentielle de lavande dans la trousse de toilette. Mais oui, ça va bien se passer !
Grand-père-costard et Grand-mère-de Rothschild
Aucune inquiétude : tu sais que tu vas retrouver tes enfants très très heureux… de quitter le palais de leurs aïeux. Ils se tiendront très droits et mâcheront bouche fermée pendant au moins deux semaines. Alors, c’est vrai, tu as un peu le sentiment de les envoyer en maison de redressement, mais ça n’a pas de prix, de faire un stage de savoir-vivre-à-la-vieille-française. Par contre, pour la tendresse, on repassera. Tu leur réserves une double dose de bisous pour leur retour !
Bonne-mam’-agrégée et Bon-papa-marathon
Exceptionnellement, tu n’as acheté aucun cahier de vacances… parce que tu sais que Bonne-Mam va les faire trimer sur le Bescherelle de 9h à 11h, ensuite récré (faire des pompes avec Bon-papa sous le figuier), ensuite un peu de maths, une séance de HIIT+renfo musculaire, déjeuner Protéines – Blé complet – 5 fruits et légumes par jour, puis expression artistique (ce qu’ils préfèrent), et tour du lac en aviron, avec Bon-Papa en crieur à l’avant. Un esprit sain dans un corps sain ! Et toi, tu cueilles les fruits au retour et tu te sens très décomplexée d’offrir à Loulou et Louloute une semaine de télé-dragibus-chat perché jusqu’à 23 heures sur la plage.
Maddy-bosse encore et Paddy-pas dispo
Ta mère a été claire : OK, je les prends, mais je veux une baby sitter pour les levers, les repas, les douches et les couchers. Paddy sera à un tournoi d’échecs du lundi au mercredi, puis il reçoit les Amis de la Pastèque – il en est président -, après il a une conférence à Besançon sur le développement de la chenille processionnaire. Elle, elle compte voir ses petits-enfants entre le goûter et la douche de 18 heures, parce qu’avant, elle télétravaille. Ça va être super.
Granny-dollar et Daddy-cool
Tu le sais, que tu vas les récupérer intoxiqués au sucre, exigeants et ingrats, parce que c’était tellement mieux, chez Granny et Daddy ! Chez eux, il y a toujours le budget pour un douzième tour de manège, la piscine fait 25 mètres et est chauffée à 31 degrés, on ne leur dit jamais non et ils se couchent à minuit. Enfin, ils s’endorment dans la salle de projection. Ce n’est pas ta faute : ils ont des grands-parents riches comme Crésus et laxistes comme… tu ne sais pas. C’est sûr que le retour à la réalité est un peu douloureux pour tout le monde, mais ils ont vécu leur meilleure vie pendant huit jours, ça n’a pas de prix. Vraiment pas.
June-seventies et Roro-syndicat
Attention, ici personne n’appelle personne avec des surnoms de vioques. Tes enfants doivent appeler leurs grands-parents par leur nom de guerre. June a planté du cannabis dans les années 70, Roro tient encore le haut parleur dans les manifs, et ils veulent absolument développer le sens critique de leurs petits-enfants. Tu sais que tu vas les récupérer avec de solides convictions éco-politiques, et même si tu n’as pas toujours les réponses qu’ils te demandent, tu trouves que c’est un solide atout dans la vie, l’esprit critique. En plus, maintenant ils adorent le quinoa.
Mamou-bénévole et Papou-scout toujours
Du temps libre ? Libre de se mettre au service de tous, oui ! C’est génial ! Alors que Loulou et Louloute rechignent à la maison dès qu’il faut mettre la table, ils vont passer une semaine à un rythme d’enfer : emballer des colis alimentaires, tenir une table à la braderie du Secours Pop, vente de bougies à la caisse du supermarché, visite chez madame Michue qui est bloquée chez elle par un lumbago, ça lui fera de l’animation. Tu les retrouves un peu fatigués, certes, mais avec une tonne d’anecdotes à te raconter. Oui, ça a nourri leur empathie et ça a élargi leurs horizons. Merci Papou et Mamou !
Grand-ma-sois serviable et Grand-pa-coup de main
On pourrait croire que ce sont un peu les mêmes que Papou et Mamou, mais pas du tout. Ici, les services sont rendus en vase clos. Il s’agit de désherber les 763 mètres carrés de gravier à la main, ensuite trier les vis et les clous dans l’atelier de Grand-Pa, puis fendre trois stères de bois en prévision de l’hiver, puis frotter les dalles du perron, puis lessiver le portail, puis aspirer la voiture, puis tailler la haie et arracher les ronces. Le petit billet promis en fin de séjour ? Oups, oublié. Du coup, c’est toi qui le leur donne, parce qu’ils ont bien mérité 50 euros chacun. Tu as un peu l’impression de payer tes enfants pour aller chez leurs grands-parents, mais tu te dis qu’au moins, ils deviennent hyper compétents en tenue de maison.
Mamita-bisou et Papito-calin
C’est la maison de la joie et la semaine du bonheur. Ici, on ne gronde jamais (on est pas là pour ça), on câline à foison (il n’y a que ça qui compte, à la fin, tu verras), on rit et on joue au Uno (même que Papito perd un peu trop souvent, c’est suspect). C’est tendre, c’est joyeux et, un peu par magie, ça ne vire jamais au grand n’importe quoi. Tu récupères tes petits épanouis, heureux de te raconter qu’ils se sont promenés, qu’ils ont aidé un papy à pousser sa brouette dans le jardin d’à côté, qu’ils sont allés à l’Aquabulles et qu’ils ont aidé Mamita à aspirer au dessus des placards parce qu’elle avait mal au dos. Que Papito leur a appris à faire des bulles avec une paille et que Mamita leur a montré comment pousser avec un morceau de pain dans leur assiette. Bref, toi aussi, tu te dis que tu voudrais devenir une Mamita, qui sait mélanger tous les ingrédients pour aimer et faire grandir tes petits, dans un océan de douceur.