Les deux mots les plus puissants du monde - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Les deux mots les plus puissants du monde

Hélène Bonhomme 13 mars 2018
Partager
l'article sur


Quelque chose de sacré se produit entre deux mères, quand l’une d’elle dit “moi aussi”.

La fameuse scène de la table à langer

Ce scenario effroyable qui n’arrive que chez les autres. Jusqu’à ce qu’un beau matin, on retrouve son bébé par terre.

Option 1, la plus répandue : ne pas en parler, jamais, à personne. Rester seule avec sa honte. Et laisser penser à tous les autres parents qu’eux aussi sont les seuls coupables d’une telle ignominie.

Option 2, la plus terrible : avoir le courage d’exprimer son désarroi et obtenir en retour un “Comment as-tu pu faire une chose pareille ?”, ou, pire, un silence.

Option 3, la plus puissante : ouvrir son coeur et se voir répondre : “Comment va le petit ? Moi aussi, ça m’est arrivé. Incroyable comme on se sent mal après, n’est-ce pas ? Cela va tellement vite. Deux petites secondes, et il est par terre. Quel choc. T’en fais pas, je connais plein de parents à qui c’est arrivé.

Une force immense se dégage lorsque deux personnes se rencontrent vraiment

Lorsque la première a le courage de se raconter et lorsque la deuxième a le courage d’écouter, de ne pas dire une phrase toute faite, mais de dire “moi aussi”. C’est ouvrir un peu la cage qui se forme autour de la poitrine de l’autre, pour lui envoyer une bouffée d’air… C’est lui montrer qu’elle peut faire quelques pas en arrière et ne pas se laisser dévorer par l’émotion qui est à l’intérieur.

Cela fonctionne pour les chutes au bas de la table à langer, pour les ados qui déraillent, les couples qui se disputent, les enfants qui ne savent pas se tenir : c’est incroyable comme on se sent déjà mieux, dès le moment où l’on sait qu’on n’est pas seule à faire face à ces difficultés.

Il y a quelques années, je suis partie en vacances en laissant tourner la machine à laver. Lorsque je suis revenue dix jours plus tard, la machine avait lâché et l’eau n’avait cessé de couler. Pendant dix jours entiers. Les murs, le plancher, les meubles regorgeaient d’eau. Pire encore : nous étions locataires ; j’avais détruit la maison de quelqu’un d’autre et causé des soucis à notre propriétaire. Je le savais, pourtant, qu’on ne laisse jamais tourner une machine en son absence. Pendant plusieurs jours entiers, j’ai cru que j’allais mourir de honte. Jusqu’à ce qu’une personne bienveillante me dise “moi aussi.”

La honte est une émotion qui, en un quart de seconde, nous prend à la gorge, pour nous torturer à vie. Pour commencer à désamorcer la honte, il faut la nommer. Lorsque l’on ose dire les choses, les mots nous libèrent. “Tu sais, je me sens mal, j’ai fait tomber le bébé de la table à langer, j’ai manqué le spectacle de danse de ma fille, j’ai envoyé un message par erreur à la mauvaise personne… et depuis ça me travaille, j’ai comme une boule dans la gorge”.

La honte n’a de prise sur nous que parce qu’on pense être seul, et que si les autres savaient, ils pourraient ne pas nous aimer ou encore pire, nous rejeter.

Et c’est bien pour cela que les mots “moi aussi” sont magiques. Parce que j’appelle au secours, parce que quelqu’un entend, comprend et dit : “Tu peux m’en parler, je sais l’entendre et au lieu de te faire la morale, je peux me tenir là, avec toi, dans cet endroit désagréable et sombre”. C’est ce qu’on appelle l’empathie : “Je cherche à me mettre dans tes chaussures, à reconnaître chez moi le sentiment que tu es peut-être en train de ressentir”.

Je ne dis pas : “Ce n’est pas grave que ton enfant soit tombé de la table à langer”. Je dis : “Je sais que c’est un sentiment de culpabilité terrible, ça m’est aussi arrivé. Non, tu n’es pas un mauvais père ou une mauvaise mère parce que ça t’est arrivé. Tu as fait une erreur et tu n’es pas le seul à faire des erreurs. Merci pour ta confiance. Je t’apprécie toujours autant.

La réussite comme on nous l’a enseignée, c’est faire cavalier seul. C’est même écraser l’autre, juste un peu, pour se donner l’impression d’être meilleure. Être self-made, autodidacte, et ne devoir sa réussite qu’à soi-même. On pense être du côté des bons lorsque tout fonctionne bien, sans que l’on ait eu besoin d’aide extérieure.

“Nous avons divisé le monde en deux camps : ceux qui proposent leur aide et ceux qui ont besoin d’aide. En réalité, nous sommes dans les deux camps.” Non seulement nous sommes dans les deux camps, mais encore il est bon que nous soyons dans les deux camps. Parce qu’en apprenant à être aidée, nous apprenons à aider mieux et avec plus de compassion.

Ce texte est extrait de l’ouvrage C’est décidé, je suis fabuleuse – Petit guide de l’imperfection heureuse (Hélène Bonhomme, Première Partie, 2016)



Partager
l'article sur




Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
femme pont noir et blanc
Nos ponts devenus trop petits
Alors que mon mari et moi roulons dans la ville, il me montre du doigt le vieux pont sur lequel[...]
femme qui se regarde devant un miroir
La tentation du bikini body
À la naissance, nul individu n’est en proie à des complexes sur son apparence physique… Cela paraît même stupide d’imaginer[...]
bientraitance
Bienveillance… ou bientraitance ?
Nous avons tous, enfouie dans un coin de notre tête, la représentation idyllique d’une famille où tous vivraient en harmonie.[...]
Conception et réalisation : Progressif Media