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Vie de famille

Les 18 ans de mon fils aîné

Hélène Dumont 16 mai 2019
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18, c’est le nombre de bougies que mon fils soufflera demain.

18

Et tout ce que cela représente : la majorité, le droit de vote, le temps des études, des amours,  du permis. Sa vie d’homme ! Moi qui voulais le garder auprès de moi. Juste encore un peu.

L’aîné, le début d’une aventure.

Sans GPS pour me repérer, étayée par mes valeurs, mes croyances ainsi qu’une bonne dose d’intuition plus ou moins titubante, j’ai effectué avec lui mes premiers pas dans cet univers nouveau : celui de la maternité.

Avec son père, nous avons encaissé les nuits blanches, les bobos et autres grains de riz coincés dans les lattes du parquet sans trop nous poser de questions. J’étais comblée d’être mère, probablement rassurée de pouvoir enfanter. Un détail m’avait pourtant échappé : à n’en pas douter, ce petit bout d’homme en devenir avait un chouia plus de caractère que les poupées de mon enfance.

Assez vite, j’ai dû revoir ma feuille de route

…et ensemble nous avons essuyé nos premiers plâtres. Dans mes représentations, une bonne mère posait le cadre. Il est probable que le regard des autres pesait dans la balance. Et pour cause : de toutes les réflexions, je ne retenais que celle qui avait pu me blesser, adressée sur une ton légèrement réprobateur, et qui me demandait pourquoi j’étais « devenue maman si jeune ». Il fallait désormais que je prouve à la terre entière (au moins !) que j’étais capable de relever le défi de façon responsable et consciencieuse.

Je suis donc arrivée dans la maternité tambour battant, haut les cœurs, portant vaillamment l’étendard flambant de la politesse et de l’obéissance. Et parce que je m’étais imaginé que mon Loup serait d’accord en tout point avec ce programme concocté sur mesure, je n’ai pas même pris le temps de le concerter. L’amour maternel suffirait.

Enfin, ça c’est ce que je croyais.

Car mon fils aîné en avait décidé autrement. Il avait décidé d’envoyer balader la pression que je pouvais me mettre et qui devait résonner comme un écho trop lourd dans sa petite tête. Au fil des années, il a interrogé mes limites, bousculé mes principes, malmené mon amour de maman avec la désinvolture d’un gamin sautant dans les flaques pour rigoler.

De mon côté, je tentais de comprendre sa vitalité, de nourrir son imagination débordante, d’accueillir ses éclats de rire quand bien même je n’en avais plus l’énergie. Enfin, je consolais son petit cœur tout mou quand la tristesse s’y installait, sans toujours y parvenir.

Dire et accueillir les reproches

Récemment, il m’a reproché d’avoir été plus sévère avec lui qu’avec le reste de la fratrie et la liste des doléances s’est allongée tout au long de notre discussion.

Je l’admets :

  • J’ai probablement fait des erreurs, puni parfois injustement ou démesurément, mal géré les rivalités fraternelles et perdu beaucoup trop d’énergie sur des assiettes de petits pois qu’il ne voulait pas avaler.
  • Je me suis battue sur des choses aussi futiles que des histoires de gel ou de baskets fluos.
  • J’ai amplifié des problématiques parce que j’étais inquiète qu’il ne sache pas se positionner, faire le bon choix ou qu’il se fasse influencer.
  • Je l’ai sans aucun doute trop responsabilisé à certains moments, peut-être un peu abandonné comme cette fois où sa prof de Judo l’avait puni  pour sa tenue oubliée… alors que j’étais encore à la maternité.

Dire et accueillir l’affection

Je lui ai répondu qu’à 18 ans, il prenait conscience de l’imperfection de ses parents. Une fois de plus, nous avons pris le temps d’explorer les valeurs que nous portions, le négociable et l’incontournable, fait le tri dans nos balises pour ne garder que les essentielles.

Je lui ai dit aussi que je l’aimais (croyez-moi, ce n’est pas évident), rappelé qu’il était un gars chouette, et qu’il était l’aîné : celui qui m’avait fait devenir maman, celui qui nous avait rendu famille.

– Celui avec qui tu t’es fait la main, hein ? m’a-t-il répondu, amusé.

– Oui, si tu veux, on peut dire les choses comme ça.

Puis nous avons évoqué les bons moments de notre relation.

L’aîné trace un semblant de route

dont les frères et sœurs peuvent profiter pour se faufiler avec plus d’aisance et de facilité. C’est vrai. Si la dose d’amour que je lui porte est équivalente à celle que je donne à ma dernière, je dois reconnaître que les 16 années de pratique maternelle qui les séparent m’auront assouplie, fait gagner en sérénité, probablement bonifiée et apporté beaucoup de confiance quant aux ressources qui nous habitent pour continuer de nous frotter les uns aux autres.

Grandir !

À l’aube de ses 18 ans, étape symbolique marquant son entrée dans la vie d’adulte, il aura peut-être fallu passer par ce dialogue, évoquer plusieurs fois nos ratés pour drainer les rancœurs, s’accorder quelques pardons et s’aimer un peu plus.

Comme s’il fallait régler ses comptes avant de partir. Comme s’il fallait vérifier l’amour inconditionnel des parents, celui qui autorise l’envol et non pas la fuite, entre le désir paradoxal d’être encore un peu contenu et celui de prendre sa vie en main librement, avec toute la responsabilité que cela comprend.

L’aîné ouvre les portes en premier, mais celle de la majorité a un goût particulier : celui de nos premières gorgées de bière savourées ensemble et qui me font penser que oui « Tu seras un homme mon fils » !



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Cet article a été écrit par :
Hélène Dumont

Après avoir suivi un parcours de Lettres et Civilisations, Hélène est devenue professeur des écoles puis conseillère conjugale et familiale. Très attachée aux problématiques de l’articulation du maternel et du féminin, elle travaille aujourd’hui en cabinet libéral au rythme de sa vie de famille : un chouette époux et 6 enfants ! Elle est l'auteure du livre Terre éclose : la sexualité au féminin.
https://www.helene-dumont-ccf.com/

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