La lune est déjà haute dans le ciel bleu de minuit. Maman hibou écoute à la fenêtre le silence assourdissant de la nuit. Elle n’a pas sommeil. Les yeux grands ouverts, elle se laisse bercer par le tic-tac de l’horloge. Depuis combien de temps est-elle ici ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Maman hibou a perdu toute notion du temps, le sommeil la fuit très, trop régulièrement. Elle sait seulement que dans quelques heures le soleil va darder ses premiers rayons et qu’une nouvelle journée est sur le point d’éclore.
Toutes les femmes du monde, du jour où elles sont devenues mères, font l’expérience de cet éveil à contre-temps. Elles apprennent malgré elles à garder les yeux ouverts, même en plein cœur de la nuit.
Le sommeil, quel sommeil ?
Les réveils de leur nouveau-né rythment leur nuit, elles trouvent toujours le courage de quitter la chaleur de leur lit pour aller nourrir cette toute petite vie déposée au creux de leurs bras. Elles renoncent un temps à dormir sur leurs deux oreilles. Elles ne comptent plus les heures passées à bercer, rassurer, consoler tandis que le reste de la maisonnée dort à poings fermés.
Elles sont capables de :
- retrouver dans le plus improbable pli du lit la précieuse tétine perdue.
- Faire fuir les monstres terrifiants qui transforment les rêves les plus doux en atroces cauchemars.
- Surveiller la température.
- Vérifier le taux de glycémie
- S’assurer qu’aucune crise d’asthme ne vienne perturber le sommeil de leur tout petit…
… tout ceci à la seule lueur de la minuscule veilleuse de la chambre.
Elles ont renoncé à un bien extrêmement précieux dont on ne mesure la valeur qu’une fois qu’on le perd… le sommeil paisible.
Quelquefois elles l’offrent à leur enfant pendant plusieurs semaines, souvent plusieurs mois et dans certains cas plusieurs années.
Parfois, bien que leurs tous petits soient devenus grands et n’aient plus besoin de leur hyper-vigilance, les mamans hiboux, elles, continuent à garder les yeux grands ouverts en attendant le bruit de la clé qui tourne dans la porte de leur foyer. Le pli est pris depuis si longtemps. Leur corps las et fourbu ne parvient plus à baisser la garde et à se laisser aller. Il a perdu le mode d’emploi, ne sait plus lâcher-prise et a désappris à se détendre.
Les mamans hiboux, si douées pour bercer leurs tous petits, aimeraient tant à leur tour se laisser tomber dans les bras de Morphée.
Le manque de sommeil : une souffrance silencieuse
Elles souffrent en silence. Car ne pas dormir, c’est vivre sa vie en apnée. Elles ont le sentiment de vivre sans pouvoir respirer, sans souffler, sans possibilité de remonter à la surface. Elles enchaînent les jours, les nuits, sans répit ni récupération. Elles font face à une grande épreuve de vulnérabilité. Elles se sentent toutes petites, toutes fragiles, exposées aux tempêtes d’un esprit chahuté dont elles perdent le contrôle. Elles sont soumises aux grands vents de l’angoisse, des pensées obsessionnelles qui tournent dans le silence. Elles ont la sensation qu’elles n’ont aucune échappatoire, aucun dérivatif possible tandis qu’autour d’elles, le monde dort, calme et paisible.
Les mamans hiboux savent bien que vivre l’insomnie, ce n’est plus vivre mais survivre.
Que ce fardeau est lourd sur leurs épaules frêles et solides à la fois. L’insomnie est un compagnon encombrant et solidement arrimé.
Les mamans hiboux ont tant besoin qu’on les prenne sous notre aile, qu’on les berce à leur tour, elles qui l’ont tant fait pour ceux qu’elles chérissent. Qu’on leur glisse à l’oreille qu’elles ne sont pas seules, que d’autres traversent elles aussi cette épreuve, quelque part, sur cette Terre.
Ouvrons-leur grands nos bras, pour qu’elles osent s’y lover, pleurer, se laisser consoler.
Inutile de leur dire qu’elles devraient se coucher plus tôt, aller dormir en même temps que leurs enfants, elles n’ont pas besoin de ces conseils qu’on assène en croyant bien faire mais qui sont tellement culpabilisants. On sait toutes combien il est difficile de lâcher prise quand l’esprit est noyé dans les eaux troubles de l’épuisement.
La plus belle chose que l’on puisse faire pour les aider, c’est de les inviter à faire un petit pas vers plus d’amour pour soi. La clé est là, toute proche, au cœur de leur être. C’est un vrai voyage intérieur au cours duquel elles apprendront, avec douceur et bienveillance, à s’écouter, se respecter, reconnaître leurs besoins et prendre davantage soin d’elles.
Le manque de sommeil : quelques outils
Si tu es une maman hibou, peut-être serais-tu heureuse de tester quelques outils ?
Je t’en propose cinq, qui ont fait leurs preuves autour de moi.
- La respiration en carré : elle consiste à inspirer sur 3 temps, garder l’air sur 3 temps, expirer sur 3 temps, puis rester à vide sur 3 temps.
- Le Yoga Nidra (le yoga du sommeil) ou la relaxation.
- Le scan corporel, qui invite à visualiser les différentes parties de son corps, avec bienveillance, et en démarrant par les pieds, les aide. En voici un exemple : 5 minutes pour toi toute seule.
- La méditation, comme celles proposées par Nicole Bordeleau, avec sa voix douce et rassurante et son accent québécois qui invite au voyage : https://nicolebordeleau.com/mes-meditations/
- Un petit moment d’écriture : un joli carnet, une bougie sur ta table de nuit, un stylo qui glisse tout seul et tu savoureras peut être ce moment de relecture de ta journée. Qu’est ce qui t’a fait du bien ? Quel joli souvenir veux-tu garder de ta journée ? Rien de tel qu’une bonne bouffée de gratitude pour se coucher plus sereine.
Le manque de sommeil : se faire aider
Cela ne suffit pas toujours et lorsque la route est longue et sinueuse, d’autres voix sont encore possibles en faisant appel à une aide extérieure.
L’hypnose par exemple permet de modifier les états de conscience, d’accéder à l’inconscient et de libérer du stress, des peurs et des angoisses.
Les thérapeutes du sommeil, grâce à leurs thérapies cognitives comportementales, sont des professionnels précieux et méconnus. Ils proposent des parcours qui permettent en quelques séances de retrouver un vrai rythme de sommeil et de comprendre le sens des insomnies.
Quelle que soit la route, les étapes, les détours, les mamans hiboux sont invitées à cheminer sans se faire violence.
Une vie plus apaisée les attend. Avec de l’aide, du temps et beaucoup d’amour, bientôt elles pourront retrouver le plaisir de croquer la vie à pleines dents… et ça, pour une maman hibou, c’est sacrément chouette !