Faire l’amour.
Avec le cœur, avec le corps, avec les mots, avec le sexe.
Désirer, vouloir, choisir, être pénétrée. Ouvrir sa porte pour accepter la rencontre.
Inviter le sexe d’un homme et apprendre à l’aimer.
Chère Fabuleuse,
Aujourd’hui, je voudrais te parler du sexe masculin. Peut-être te sens-tu intimidée ou mal à l’aise à ce propos parce que, dans ton histoire, c’est tabou, douloureux ou sale. Peut-être que tu ne connais pas très bien cette partie du corps et que tu hésites à t’en approcher, pour de multiples raisons. À moins que tu ne fasses partie de celles qui en raffolent !
Peu importe. Je voudrais t’inviter à agrandir, approfondir ou changer le regard que tu portes sur le sexe de ton homme, sans fausse pudeur. T’inviter à (re)découvrir, au gré de ton intuition, de ta spontanéité, l’une des expressions de la virilité, mais pas de toute la virilité.
Pour vivre une sexualité épanouie, connaître le sexe de l’autre est incontournable : il fait partie de son corps, de ce qu’il est, de son identité. Cela passe par le langage et par les sens. C’est pourquoi je te propose de le regarder avec douceur, de te familiariser avec lui, afin de tisser une alliance amoureuse qui autorise une parole de consentement :
« Maintenant que je te connais, tu peux entrer en moi. Je veux bien te recevoir, te contenir, t’envelopper. Je n’ai pas peur de ta force, ni de ta vulnérabilité. Ni du plaisir que tu saurais, ou non, me donner. »
Aimer le sexe de l’autre,
c’est apprivoiser sa forme, son mouvement, son tempo, ses courbes changeantes. Chère Fabuleuse, laisse tes mains devenir curieuses en effleurant la verge de ton bien aimé au repos. Ne cherche pas à ce qu’elle réponde aux sollicitations de tes caresses. Ton compagnon n’en sera pas « moins homme » pour autant. Accueille sa capacité à vivre une érection, à son allure, rapide ou lente, sans pour autant penser à la pénétration.
Laisse-toi toucher par l’expression de son désir et prends le temps de faire connaissance avec lui :
« Quand l’homme sent que son sexe est aimé, il est rassuré . Et son pénis devient plus sensible, plus vivant, plus libre. »
« Le Slow Sex: Faire l’amour en pleine conscience », Anne et Jean-François DESCOMBES, Poche.
Je te propose d’examiner ce pénis : la finesse et le grain de sa peau, sa couleur rosée, brune ou noire, plus ou moins nuancée, les poils qui s’y trouvent en désordre, les testicules qui l’accompagnent, aussi délicats que du papier de soie, le gland plus ou moins décalotté, sa taille – la sienne, unique – loin du fantasme idiot du « grand pénis » qui donnerait plus de plaisir.
Accorde-toi le privilège de parcourir le périnée d’où il jaillit. Devine son odeur, couvre le de baisers. Le pénis de ton homme doit devenir le meilleur ami de ton vagin :
- Si vos sexes dialoguaient, que pourraient-ils se raconter ? La joie des retrouvailles ?
- Que pourraient-ils se répondre, se partager, se confier ?
- Au-delà de la friction des peaux, peux-tu faire confiance au langage de leur délicatesse, à leurs taquineries complices, à l’intimité secrète de leurs mots poétiques, familiers, et parfois un peu vulgaires ?
Appréhende l’éjaculation autrement. Elle fait partie du processus sexuel de l’homme. Certaines femmes me confient se dépêcher de la produire en frottant hâtivement la verge afin d’écourter un rapport sexuel qu’elles consentent à vivre avec amour, mais qu’elles ne savent pas recevoir. Pour un homme, cette attitude est profondément blessante. Son sexe n’est pas considéré comme une partie de lui à aimer pleinement, mais comme un organe quelconque habité d’une tension qu’il faudrait apaiser sans la comprendre et l’accueillir. Une éjaculation « arrachée » en somme, pour dormir tranquille et acheter la paix au sein du foyer.
Pour d’autres femmes, le signe visible de l’éjaculation – le sperme- est problématique quand celle-ci a lieu en dehors du vagin, le sperme étant perçu comme l’expression d’un plaisir égoïste dès lors qu’il n’est pas relié au désir « plus noble » de la procréation. Pour d’autres encore, seul le vagin doit être le réceptacle d’un sperme que l’on ne devrait pas voir. L’homme devrait-il se retenir d’éjaculer ? Se priver d’orgasme quand la pénétration n’est pas possible ? Culpabiliser de ne pas avoir su se retenir et avoir honte de montrer ce qui sort de lui ?
La sexualité masculine, comme la sexualité féminine, sont faites de flux, de secrétions, visibles et odorantes, un mécanisme du corps bien rodé, signe de bonne santé, qui fait partie de la vie et qui n’est donc pas sale. S’ouvrir au sexe de l’autre dans sa réalité physiologique, anatomique, charnelle, lucide, est un chemin de maturité et de croissance positive au sein du couple, un chemin possible de joie partagée.
Chère Fabuleuse, voici quelques devoirs de rentrée :
- Je t’invite à faire le point par rapport au sexe de ton homme : où en es-tu ?
- Qu’est-ce que cela vient dire de ton histoire, de la sienne, et de la vôtre ?
- Saurais-tu nommer ce qui te freine (tes croyances, tes rancœurs, tes blessures… ?), et ce qui t’enthousiasme ?
- Oserais-tu lui partager ce texte comme un message personnel à approfondir ?
- Oserais-tu l’aimer, tel qu’il est, tout simplement, et le lui murmurer à l’oreille ou l’affirmer franchement : « Oui, j’aime ton sexe ! » ?