L’histoire commence il y a quatre ans. Enceinte jusqu’aux yeux et pétrie de belles intentions écolo-bobo-écoresponsable-zérodéchets-doityourself, je me lance à l’automne dans la confection d’un calendrier de l’avent home made en tissu, sorti tout droit de mon imagination débordante (non sans quelques coups de pouce Pinterest).
Malheureusement, quoique bien lancée dans mon ouvrage, un accouchement, une suite de couche et un déménagement plus tard, ledit calendrier disparut au fond d’un carton et Noël était déjà loin quand j’envisageai de m’y remettre.
Les mois passèrent. J’avais toujours dans un coin de la tête ce travail inachevé et j’y pensais régulièrement et d’autant plus que la période des fêtes approchait à nouveau.
« Je n’aurais jamais assez de temps pour le finir. »
« Bof et de toute façon, ce n’était pas terrible. »
« Est-ce que cela plaira vraiment aux enfants ? »
Enfin, le discours habituel, quoi ! Mais malgré tout, je trouvais cela un peu dommage. Cette idée me tenait à cœur. Et puis n’est-ce pas triste de ne pas terminer quelque chose de commencé ?
Quoi de pire que l’inachevé, qui nous laisse ce goût un peu amer ?
Comment pouvais-je lâcher l’affaire alors que je suis d’ordinaire assez tenace et obstinée quand il s’agit d’obtenir quelque chose ? En même temps, ce ne serait pas la première fois que je ne finirais pas quelque chose, cela m’arrive tellement souvent…(il n’y a qu’à voir le nombre de « brouillons » dans ma boîte mail !).
Et puis 2020 arriva. Un samedi après midi pluvieux et confiné de Novembre, la petite à la sieste et mon conjoint au boulot, ma grande me sollicita pour faire « une activité » comme elle dit (comprenez : s’occuper avec les mains pour fabriquer un truc en ayant ma maman pour moi toute seule). Venant tout juste de réinstaller mon matériel à couture, je sortis sous ses yeux émerveillés une aiguille, une chute de tissu, du fil à broder et lui montrai comment faire ses premiers points. Seulement voilà, une fois ma fille installée et concentrée sur sa broderie,
je me retrouvai donc seule et désœuvrée face à… ce (maudit) calendrier.
« Allez ma vieille, courage ! Il faut le finir. »
Je sortis presque comme une relique et avec appréhension la toile sur laquelle j’avais épinglé les coupons servant à faire les pochettes.
À ce moment, je ne pus réprimer un petit rire nerveux.
Il était (quasi) fini. Pas à moitié ou au trois quart, hein. Il était fini à 95%.
Il ne restait que ces 5 petits pourcents, que je connais bien, qui paralysent et qui me pourrissent la vie tant ils paraissent insurmontables.
Bref, il ne me restait presque rien à compléter pour qu’il soit triomphalement accroché au mur 2h plus tard, ce qui fut fait, bien entendu.
Mais pourquoi donc ai-je cette si terrible manie de ne pas mener à bien ce que je commence ?
Suis-je moins douée que les autres ? Qu’est-ce qui est si difficile dans le « finir » ?
Une partie de la réponse est venue de mon fabuleux, comme très souvent.
« C’est simple, le moment où tu termines quelque chose, c’est le moment où tu t’exposes à ce que l’on porte un regard critique sur ce que tu as fait et où tu ne peux plus le rendre parfait ».
Hmm. Effectivement. Vu comme ça. Cela explique certaines choses…
Mais la bonne nouvelle c’est qu’il y a de l’espoir ! Je pense que nous avons toutes quelque part un « calendrier de l’avent » qui traîne dans nos vies et nos foyers.
- Un beau projet professionnel abandonné en route ou laissé de côté à cause d’un événement de vie ou simplement d’un « ce n’est pas fait pour moi »,
- une association à laquelle on s’est inscrite sans finalement oser y aller,
- un tableau commencé pour une amie de longue date, sans avoir eu le courage de l’offrir…
Mais finalement, ce qu’il faut retenir
c’est qu’il n’est jamais trop tard pour mener à bien ce qui nous tient à cœur.
Que parfois la solution vient parfois plus tard d’elle-même, de même que le temps et le courage. Et qu’un renoncement peut être temporaire et ne signifie pas toujours un échec !
Patience, tu vas y arriver, peut-être pas aujourd’hui ni même demain,
mais un matin tu sauras qu’aujourd’hui c’est le bon jour pour oser.
- Oser faire aboutir ce projet qui t’avait tenu les tripes avec tant d’entrain il y a 5 ans,
- prendre le temps de terminer ce livre que tu as en tête depuis des mois et que tu n’oses pas faire relire à tes amis,
- finir et oser porter cette robe que tu as confectionnée l’été dernier.
Oser ne pas être parfaite en somme !
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Mathilde D.