Qui ne s’est jamais retrouvé, avec son conjoint, son enfant, un collègue, dans cette position qui consiste à donner une solution ou un conseil, alors qu’on ne nous a rien demandé ? Attention au syndrome du sauveur !
En psychologie, le terme de sauveur désigne notre propension à vouloir sauver le monde en général ou quelqu’un en particulier. Un élan généreux qui nous pousse à aider une personne malgré elle… Comme lorsque je dis “Laisse-moi t’aider” à mon fils qui nettoie maladroitement ses chaussures de sport dans l’évier.
Il m’envoie illico bouler, gentiment mais sans ambiguïté : “C’est bon, je m’débrouille !”
Et là, je réalise qu’il ne m’avait en effet formulé aucune demande d’aide.
Se comporter en sauveur, c’est par exemple :
- se sentir coupable lorsque nous voyons quelqu’un souffrir à côté de nous
- céder au chantage affectif
- ou venir en aide à quelqu’un qui n’en a pas exprimé le besoin.
Le triangle dramatique
Certaines d’entre vous ont déjà tilté : nous faisons ici référence au triangle dramatique, cette grille d’analyse qui date des années 70 — Stephan Karpmann ayant complété les travaux d’Eric Berne sur les jeux psychologiques — et qui reste un outil très efficace pour comprendre les dynamiques relationnelles.
En y prêtant attention, on remarque que notre quotidien personnel et professionnel fourmille de situations qui mettent en scène les 3 postures du triangle : le sauveur, le persécuteur/bourreau, la victime. On entre dans le triangle par n’importe quel côté et on peut changer de rôle (inconsciemment la plupart du temps !), même si chacun a une tendance souvent dominante. L’enjeu ? Ne pas rester englué(e) dans l’un des 3 rôles !
Être un “sauveur”, c’est mal ?
À ce stade, nous pourrions avoir le sentiment qu’être sauveur est négatif et même dramatique dans le triangle du même nom. Pourtant, il serait dommage de s’arrêter là et de casser cet élan qui me porte à vouloir donner ou redonner.
Bonne nouvelle ! Aider les autres de manière sereine et efficace, c’est possible !
On peut même s’inscrire dans un “triangle bénéfique” — à condition de régler plus finement son envie d’aider en se posant les 4 questions suivantes :
- y a-t’il une demande ?
- suis-je disponible ?
- ai-je les compétences/ressources ?
- suis-je dans l’amour, le plaisir ?
La 1ère de ces questions sert à respecter la liberté de l’autre dans son souhait de profiter ou non de ma disponibilité et bien sûr de préserver son autonomie. Les 3 autres servent à me protéger et à respecter mes propres besoins.
Pour repérer le syndrome du sauveur :
Amusez-vous à repérer, dans votre entourage, les éléments verbaux et non verbaux qui déclenchent votre côté sauveur (on appelle ça un appât… ) : un soupir, une plainte, telle ou telle phrase… En être conscient vous aidera à ne pas tomber dans le panneau !
Bonne chasse !