Le voilà qui rôde dans la maison, prêt à sortir les crocs.
Je le sens, il est là, sa forte odeur d’animal sauvage le précède.
Je me cache, en espérant qu’il ne m’a pas vu.
Voilà plusieurs semaines qu’il me traque, il va m’avoir à l’usure.
Étais-je vraiment préparée à tout ça ? Pas vraiment…
Je savais bien qu’un jour il serait temps pour moi de l’affronter, je savais bien que le moment fatidique arriverait bien plus tôt que prévu.
Mais une chose est sûre, je ne me suis pas bien préparée. Et puis, comment aurais-je pu ?
Aucune méthode, aucun livre ne propose de mode d’emploi face à un prédateur prêt à bondir.
J’étais assise sur mes certitudes.
Tout me semblait assez simple jusqu’à présent, je pouvais aller ça et là sans me sentir en danger. À chaque problème existait sa solution. Quand j’y pense, c’est tellement risible à présent. Des gouttes froides ruissellent le long de mes tempes et viennent tremper mon tee-shirt et ce qu’il me reste de dignité. J’ai le trouillomètre à zéro, les chocottes, les foies, les jetons, la pétoche. Marty Mac Fly se serait levé d’un bond, lui, pour dire que « personne, non, personne ne le traite de poule mouillée ! »
Mais moi, je ne suis pas Marty, ni bloquée dans une faille spatio-temporelle, je suis une « jeune » quadra, presque bien dans mes pompes si on ne tient pas compte de l’état de décomposition avancée de ma personne en cet instant précis.
Il approche.
Je retiens ma respiration.
Je crois qu’il m’a vue.
Tapie dans un coin, il ne me reste plus qu’à prier :
« Mon Dieu, voilà… j’ai fait tout ce que j’ai pu, j’ai fait de mon mieux en tout cas, mais aujourd’hui je suis prise au piège, alors donne-moi ta force et ton courage pour affronter ce nouveau combat que je dois mener. Voilà, Amen. Euh et si tu peux opérer un miracle, c’est assez urgent, ce serait pour maintenant en fait, soit pour faire disparaître cette bête féroce qui peut m’attaquer, ou me faire revenir un an en arrière pour mieux potasser le sujet, je te promets de lire tous les bouquins ! Amen bis. »
Ses pas se sont arrêtés devant le rideau où je me suis planquée.
C’est une histoire de secondes à présent.
Je me dis que finalement, j’aurais eu 42 belles années, bien remplies.
Adieu
– Aaaaaaaaaah !
– Mais qu’est-ce que tu fiches là maman ! Ça fait 10 minutes que je te cherche partout, j’ai plus l’âge de jouer à cache-cache, t’es soulante avec tes jeux débiles !
Il est où mon pantalon beige, je l’avais laissé par-terre hier, je le trouve plus !
Je vous laisse.