Dans le cadre d’un service bénévole de relation d’aide, je reçois des personnes qui traversent des tempêtes, des heurts, des saisons de vie douloureuses.
Et je peux dire une chose : la vie n’épargne personne, quel que soit le contexte, le passé ou la maturité émotionnelle. Elle n’a jamais promis d’être un long fleuve tranquille. Même avec un bon agenda, de la bonne volonté et une to-do list colorée, elle reste parfois imprévisible.
Personnellement, j’aime utiliser le mot « défi ».
Il me semble plus positif, porteur d’un élan, d’un sursaut, d’un potentiel de changement. Mais on pourrait tout aussi bien parler d’épreuve, de galère, de cata, d’embûche, de naufrage… Ce genre de moments où tu regardes ton reflet dans le miroir, entre deux lessives, en te demandant :
« Mais… elle est passée où, la fille d’avant ? »
L’autre jour, mon fils de dix ans m’a lancé cette question existentielle :
— « Pourquoi on naît, si c’est pour mourir ? »
Une question d’une simplicité désarmante, et pourtant si profonde.
Ma réponse a été tout aussi simple :
— « On naît pour vivre. »
Mais vivre quoi ? Et pourquoi ?
Quand les difficultés s’accumulent, quand les journées se ressemblent et que les épreuves nous écrasent, on en vient parfois à se demander quel est le sens de cette vie. Pourquoi continuer à avancer quand tout semble nous pousser à nous arrêter ? Comment s’en sortir ? Est-ce que quelqu’un peut vraiment comprendre ? Y a-t-il quelqu’un capable de nous aider ?
Je crois que oui.
Si la vie t’a été donnée, ce n’est pas pour rien. Elle est riche, belle, pleine de promesses. Même si, en ce moment, tu ne parviens plus à en percevoir la saveur, même si tu as oublié ce que ça fait de respirer profondément sans que mille pensées t’assaillent, rien – ni les galères, ni les blessures, ni l’épuisement – ne peut t’enlever ta valeur.
Ni cette petite étincelle de vie qui, même enfouie, continue de briller au fond.
Tu as peut-être vu Thunderbolts – attention, léger spoil –, le dernier film de l’univers Marvel, où Bob, épuisé par ses blessures intérieures, se laisse happer par le néant.
C’est alors que Yelena, elle aussi marquée par ses propres douleurs, choisit de le rejoindre dans ce vide angoissant. Parce qu’elle a compris que taire sa peine ne la guérit pas.
Elle a compris que la vraie force naît souvent d’un lien, d’une présence.
Que parfois, il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que l’autre est déjà là.
Et au moment où tout semble basculer, alors que le néant l’aspire littéralement dans un combat physique, elle le poursuit, le serre contre elle, et lui souffle ces mots puissants :
« Tu n’es pas seule. »
Peu à peu, les autres membres de l’équipe – ces anti-héros cabossés eux aussi, chacun ayant dû apprivoiser son propre chaos intérieur – viennent à leur tour. Leur simple présence rend ces mots vivants. Concrets. Réels.
Parfois, c’est tout ce dont on a besoin.
Quelqu’un qui ose venir dans notre nuit.
Quelqu’un qui choisit d’y croire pour nous, le temps que la lumière revienne.
Moi aussi, je me suis sentie seule. Plein de fois. À en avoir le souffle coupé. À me dire :
« Est-ce que ça va finir par s’arrêter ? Est-ce que ça vaut encore le coup ? »
Il y a eu des jours où le vide, l’épuisement, la tristesse, le ras-le-bol ont pris presque toute la place.
Mais à chaque fois, il y a eu quelque chose. Un détail, une étincelle, une fissure dans l’ombre.
Un rayon de soleil sur le mur.
L’idée que mes enfants allaient bientôt rentrer de l’école.
Un souvenir, une mélodie, une phrase lue quelque part.
Une communauté de fabuleuses mamans.
Le vocal de 3 minutes 47 d’une amie qui arrive toujours au bon moment.
Ou juste un minuscule, tout minuscule « lève-toi » tout au fond.
Rien de spectaculaire. Mais suffisant pour tenir debout. Et repartir.
Alors oui, fais-moi confiance.
Ou mieux : fais-toi confiance.
Parce que ton histoire n’est pas terminée. Parce qu’il y a un après. Un plus loin. Un plus doux. Un plus toi.
Simplement… choisis de croire les paroles qui donnent la vie.
Ce ne sont pas juste des mots mis bout à bout. C’est une réalité puissante.
Je suis convaincue que tu peux te relever, avancer, renaître.
Et si aujourd’hui tu n’en as pas la force, laisse quelqu’un y croire pour toi.
Juste un temps.
Le temps que cette flamme, enfouie mais jamais éteinte… reprenne vie.
