« Tu verras, être mère, c’est renoncer à ta partie préférée du poulet. »
C’est en ces mots que Marion Muller-Colard a été prévenue.
J’ai eu le plaisir de papoter avec elle dernièrement — depuis plusieurs années, je dévore ses bouquins et j’ai trouvé ça assez dingue de me retrouver là, à échanger avec elle à propos de nos quotidiens de mamans de 2020.
« Pendant longtemps, m’a-t-elle raconté, j’étais tendue avec mes enfants car je crois qu’inconsciemment, je leur reprochais de ne pas avoir fait de moi la mère idéale que je voulais être ; je les accusais de ne pas être les enfants qui m’auraient permis d’être une mère patiente, capable de l’abnégation la plus complète. »
« Ce qui m’a sauvée, c’est d’être hyper égoïste », m’a-t-elle confié. L’abnégation, elle avoue ne pas savoir ce que c’est : « Moi je me bats pour ma survie, je me bats pour mon morceau de poulet. Et il m’arrive de manger en douce les goûters des enfants 😇 »
Il faut dire que Marion est sacrément remontée contre le mythe de la mère parfaite :
« La réussite professionnelle perd un peu de son vent en poupe ; on prétend ainsi promouvoir d’autres valeurs que la réussite. Mais du coup, c’est sur la famille que se déplace l’injonction de la réussite ! On ne se laisse pas être. On ne laisse pas nos enfants être. »
Le problème c’est que « c’est justement cette pression, cet auto-harcèlement qui fait qu’on peut devenir une mauvaise mère envers soi-même, et par ricochet, envers ses enfants. Toutes les années où j’avais pour obsession d’être une bonne mère, je crois avoir été une mère particulièrement mauvaise. »
Chère Fabuleuse,
Sais-tu quel est le point commun entre Marion Muller-Colard, écrivaine et théologienne, et Élodie Gossuin, miss France 2001, à la tête de la matinale de RFM ?
Je ne saurais dire si elles ont le même morceau préféré du poulet, mais ce que je peux dire, c’est que toutes deux sont nos invitées dans le mook des Fabuleuses 😉 Et toutes deux nous y racontent comment elles ont fait sauter les verrous du mythe de la mère parfaite dans leur quotidien.
Depuis le début de l’aventure des Fabuleuses, j’ai voulu donner la parole à des femmes toutes différentes les unes des autres, qui chacune à leur façon, ont pu cheminer vers plus de liberté intérieure. Et je suis infiniment reconnaissante à toutes celles qui osent parler de leur vraie vie dans leur foyer, car en quelques années, tant de tabous ont pu être levés !
C’est un peu l’idée de ces mails du matin :
Que chacune se sente un peu moins seule et un peu plus “normale” (car ça fait toujours du bien de savoir que les autres aussi galèrent, n’est-ce pas ? Haha.)