« J’ai de jeunes enfants, je suis constamment fatiguée… est-ce que ça s’arrête un jour ? »
OUI !
Oui, chères fabuleuses, ça s’arrête un jour. Mais pas aujourd’hui.
Comment savoir si vous êtes en plein dedans ?
Vous avez envie d’étrangler sur le champ les femmes plus âgées, qui, vous voyant avec vos petits, vous disent, avec un petit air supérieur : « Profitez, ça passe tellement vite ! » ? Si oui, alors vous êtes en plein dedans. Cette phase où justement vous aimeriez bien que ça passe plus vite que ça, vous. Vous vous languissez de les voir franchir les étapes une à une, de la marche au mot, du mot au pot ; chaque bougie supplémentaire soufflée est une victoire.
En même temps vous vous en voulez un peu, de vouloir accélérer le temps, d’avoir envie d’aller au square du quartier comme de vous pendre, de prier pour que l’après-midi passe vite. C’est aussi à ce moment-là de votre vie de mère que vous pouvez être « prise » par la culpabilité.
C’est qu’en matière de maternité comme pour tout le reste, nous ne sommes pas toutes égales. Si certaines femmes ont un talent visible pour tenir, parler, s’émerveiller devant les bébés ; d’autres ne vivent les premières années de leur enfant que comme une succession d’inquiétudes, de visites médicales et de tâches inintéressantes.
Alors voici ce que j’aimerais vous dire :
- Un enfant « fait son immunité » entre 1 et 5 ans, et plus souvent au moment où il rejoint une vie en collectivité (crèche, école, garderie). En vivant entouré d’autres, il fait aussi la rencontre de nouvelles bactéries, de microbes jusque là inconnus, et qui le font tomber malade. Oui, c’est une longue période pendant laquelle tomber malade va lui permettre de fabriquer des anti-corps de nature à le protéger de ces microbes par la suite. Il va donc être nettement moins souvent malade à partir de 6-7 ans. Donc vous allez retrouver des nuits tranquilles : les maladies, les otites, les rhino-pharyngites et la palanquée de maladies infantiles que vous avez observées vont s’arrêter.
- Aux premiers âges de l’enfant, l’activité du parent, si elle peut être source d’attendrissement souvent, comporte aussi une part ingrate que j’appelle le « dressage » . Oui, l’éducation comporte une part de dressage. Quand vous répétez vingt fois à votre enfant « non », que vous repoussez tous les jours sa petite main de la casserole chaude, que vous tentez encore et encore de le mettre sur le pot, et que vous devez encore déployer patience et armes de négociation pour qu’il aille se coucher. Ces gestes qui relèvent du « dressage », qui sont aussi ingrats qu’éprouvants pour votre patience, viennent souvent, dans cette période, parasiter la relation affective à votre enfant. Celle-là même dont vous voulez prendre soin, en le guidant dans l’appréhension de ses émotions par exemple, en vous ménageant des moments de jeu avec lui, en le rassurant quand il est la proie de ses angoisses la nuit. Mais que vous vous désolez de ne pouvoir vivre à fond tellement la fatigue et l’énervement prennent le dessus. Pas étonnant que ce soit, pour vous, aussi la période où la culpabilité est la plus forte : « j’ai encore trouvé une menace débile pour obtenir qu’il finisse son dîner, alors que je m’étais jurée de ne pas m’énerver. »
Pas étonnant que vous vous disiez : « vivement qu’il ait un an de plus »
Mais sachez, chères fabuleuses, si vous vous reconnaissez dans ces quelques mots, que ça passe ! Autour de l’âge de 6/7 ans, vos enfants deviennent un peu plus intérieurs, les apprentissages liés à la vie en société sont acquis, ils s’expriment plus facilement et deviennent sensibles au raisonnement. Ils sont moins souvent malades, s’habillent et mangent seuls, n’ont plus besoin d’une sieste pour être d’humeur joyeuse !
En faisant attention à deux choses :
- Renoncer tout de suite à vouloir être un parent parfait. La perfection n’existe pas : vous allez de toutes façons vous épuiser pour un objectif inaccessible puisque inexistant.
- Prendre absolument soin de vous : même si vos nuits sont hâchées, ne pas vous énerver, vous rappeler que «ça passera » et tout faire, nuit et jour, pour vous re-po-ser, même si c’est sans dormir. J’ai écrit précédemment un article sur ce sujet « dormir à tout prix » et vous en trouverez d’autres sur le site. Vous vous rappelez, quand vous étiez enceinte, comme votre mari prenait différemment soin de vous, comme la sage-femme vous incitait à vous reposer, comme votre médecin surveillait votre tension, votre état ? Alors aujourd’hui que vous vous sentez épuisée dès le matin, soyez pour vous-mêmes une sage-femme, un médecin, une attention délicate.
Vous détendre, vous reposer, même plusieurs fois quelques minutes par jour, peut faire une énorme différence dans la façon dont vous vivez cette période. Prenez grand soin de votre énergie, car elle est votre bien le plus précieux.