Dernièrement, mon mari et moi étions à Montréal pour un séminaire sur la vie de couple. Dans l’auditoire, les questions fusaient… et, fait intéressant, les hommes ne se gênaient pas pour poser les leurs. Il faut dire que la possibilité avait été donnée d’envoyer ses questions par SMS, ce qui a certainement délié les langues masculines 😉
Les questions qui ont été les plus posées par ces Messieurs auraient pu être résumées ainsi : “Ma femme est trop émotionnelle, je n’en peux plus. Ses émotions me polluent. Comment faire ?”
Mon homme, en fin connaisseur, s’est fait un plaisir de répondre à cette légitime interrogation.
Tu l’as compris, je suis plutôt du genre “émotionnellement intense”
et à la maison, je n’ai pas trop de mal à exprimer toutes sortes d’émotions de manière tout à fait théâtrale, voire carrément mélodramatique : pleurer à chaudes larmes et en reniflant le plus fort possible, claquer les portes, taper les murs ou faire la gueule pendant des heures sont des sports que je pratique avec aisance. D’ailleurs, mon mari me traite régulièrement de drama queen.
Lors des thérapies de couple que nous avons suivies les dernières années, ça a été le leitmotiv : “Hélène, arrête de faire le camion benne.” Cette expression me fait sourire à chaque fois que je l’entends : j’imagine un énorme camion jaune, dont la benne est remplie de déchets en tous genre, prêt à déverser la totalité de son chargement avec fracas. Avec en arrière-fond, le signal sonore que font les camions lorsqu’ils entament une marche-arrière : tut-tut-tut…
Bon, j’avoue que si la métaphore me fait marrer, je ne suis pas fière pour autant d’avoir, pendant trop d’années, déversé sur mon mari autant de mélodrames de peur, de tristesse, de colère, d’anxiété…
Au début, je me disais : “Il faut que tu réprimes tes émotions. Tu en as TROP !” Cette stratégie n’a pas fonctionné : au contraire, essayer de faire taire mon bouillonnement intérieur n’a fait que le renforcer (tu sais, comme un ballon de plage que tu essaies de maintenir sous l’eau mais qui à la fin, finit par surgir à la surface comme une bombe incontrôlable).
Mon cheminement a donc commencé par l’accueil de mes émotions :
oui j’en ai, oui elles sont intenses, et oui j’ai été fabriquée de telle manière à avoir besoin de les faire sortir ! Cela ne fait pas de moi une “mauvaise personne”. Mon côté drama queen a même du charme, d’une certaine façon^^
Deuxième étape : j’ai compris que ces frustrations, ces inquiétudes, ces boules dans la gorge et autres pensées qui partent dans tous les sens, je ne pouvais pas me permettre de TOUTES les déverser sur la seule personne de mon mari. Pour lui, c’était TROP. Cela ne voulait pas dire que je ne pourrais plus jamais me confier à lui…
Mais simplement, que j’allais devoir apprendre à doser et surtout, à varier.
C’est à cette période que j’ai commencé à devenir intentionnelle pour me construire un réseau de personnes de confiance qui seraient d’accord de me permettre, de temps en temps, de déverser sur elles mon camion benne à émotions. Tu sais, des personnes qui auraient assez de distance géographique et émotionnelle pour m’aider à vider mon sac de manière saine.
Alors voilà, je me suis trouvée des soutiens. Pas n’importe lesquels : des personnes assez matures pour m’aider à grandir en maturité… tout en m’acceptant comme je suis.
(C’est d’ailleurs comme ça que j’ai commencé à utiliser les messages vocaux sur Whatsapp — super pratique quand toi et ton amie avez une vie trop chargée pour vous fixer des rdv téléphoniques — dans le but de lâcher mes ballons de stress sur d’autres personnes que mon mari… à toute heure du jour et de la nuit. Vous pouvez lui demander : depuis, il dort mieux ! Car j’ai arrêter de le réveiller systématiquement lors de mes crises de panique à 4 heures du matin.)
Mes fabuleuses complices se reconnaîtront et je leur suis infiniment reconnaissante pour cette aide, ces moments d’écoute simple qui sont des lumières sur mon chemin.
Nous sommes si nombreuses à avoir notre conjoint pour seul ami !
Pourtant, la solidarité entre fabuleuses, c’est aussi se soutenir dans nos défis émotionnels. Cela ne signifie évidemment pas désinvestir son couple en passant sa journée au téléphone avec ses copines ; Yolande Ziegler-Schwab nous en parle ici : Mon conjoint est mon seul ami.
Chère fabuleuse, as-tu toi aussi ce côté drama queen qui te fait vivre la vie intensément ?
As-tu souvent besoin de vider ton sac ? Lorsque tu as besoin de déverser le contenu de ton camion benne, as-tu pensé à ne pas le faire exclusivement sur ton conjoint, mais à te constituer, aussi, un groupe de soutien ?
À toutes les drama queen au camion benne : tu as le droit d’avoir des émotions… apprends à les accueillir, apprends à t’aimer avec, apprends à les “sortir”… mais pas n’importe comment^^
Et si tu veux plonger à fond dans la vague, en voyant dans cette situation inédite une magnifique occasion d’apprendre, de progresser, de grandir : sache que les portes du Village sont ouvertes, et que toutes les infos sont par là !