Alors que tout est enfin calme dans la maison, je me glisse sous la couette.
« Ah mon lit ! », je soupire de soulagement, tu me souris.
La journée touche à sa fin, espérons que la nuit sera… bonne ?
Depuis l’arrivée de notre dernière, nous nous souhaitons « bonne chance », comme si le déroulement de nos nuits ressemblait au tirage du loto.
Mon corps commence à relâcher la pression, ma tête essaye de prendre le dessus et toi, tu lis tranquillement. La lumière est tamisée, ta présence m’apaise. Tous les soirs, ces moments me rappellent que la berceuse de mon cœur, c’est toi, à mes côtés, quand le jour s’éteint doucement.
Te savoir là, près de moi.
Mes yeux se ferment doucement, tu m’embrasses et tu murmures « bonne chance ».
Je ris : « toi aussi ».
Je me retourne et je ferme les yeux. Tu lis toujours. Mon cerveau, lui, lutte encore un peu. Les questions qu’il se pose, suspendu au bord du sommeil, m’étonneront toujours.
D’une voix engourdie, je te demande « Où est-ce qu’elles étaient, déjà, les grandes statues de pierre aux portes de la ville ? Tu sais, celles qui ont été détruites ? »
Tu ne t’étonnes même plus de mes questions incongrues et tu réponds en finissant par un « ça va, tu vas pouvoir t’endormir tranquille maintenant ? ». Je marmonne « oui oui » tout en pensant « si aucune autre question géopolitique ou physiologique ne surgit ».
Je crois que si tu n’étais pas là, je devrais dormir à côté d’Alexa.
Ce serait dommage, tellement dommage.
Parce que la mélodie de mon cœur, c’est ta présence pour moi.
Ce sont de tout petits gestes, si souvent répétés, les rires et les sourires partagés discrètement.
Ce sont nos souvenirs et ceux qui s’ajouteront.
Ce sont toutes les batailles que nous avons menées de front. Les cicatrices dont nous seuls connaissons l’histoire.
C’est ta manière de me dire « rendors-toi, tout va bien » quand je sursaute la nuit, quand les peurs qui m’habitent se réveillent alors que je sombre enfin dans les bras de Morphée.
Je te cherche du bout de la main. Tu me tapotes l’épaule. Tu me rassures. Tu es là. Depuis si longtemps déjà. Mon vis-à-vis, mon partenaire, mon allié.
T’aimer est un cadeau, un défi, c’est chercher encore et toujours au fond de nos cœurs notre mélodie commune.
C’est craquer, se confronter, se frotter en désaccord l’un contre l’autre, et comme deux couteaux, s’aiguiser un peu plus. C’est grandir ensemble. C’est changer ensemble et ce sera, je l’espère tant, vieillir longtemps, ensemble.
Je sens tes pieds attraper le coin de ton édredon. Tu te retournes, on ne voit plus rien de toi. Tu t’endors aussitôt, confiant.
La berceuse de mon cœur dodeline au rythme de ton souffle.
Comme les vagues qui ne cessent d’embrasser la plage, tu inspires, expires, tu berces mon sommeil de ta présence. C’est si simple et pourtant beau, fragile et si réel. Le bonheur ancré dans tes petits ronflements.
La berceuse de mon cœur c’est t’aimer encore et me laisser aimer de toi, puiser en toi cette confiance, m’inspirer de ta douceur pour moi. Parce que jour après jour, tu m’apprends à m’aimer aussi, à me faire confiance aussi. Tu es là, tu es encore là. Au moment où je suis ma pire ennemie, envahie par les doutes et l’agitation, tu es là pour me rappeler que la berceuse de mon cœur, c’est l’amour. C’est ton amour pour moi, c’est mon amour pour moi.
Me laisser aimer au jour le jour.
La berceuse de mon cœur suit les envolées de notes que sont nos rides, nos larmes, nos échecs, nos réussites, notre chambre mal rangée, nos milliers de livres éparpillés dans la maison, nos regards complices, nos mains entrelacées et comme au tout premier jour, ma tête, posée sur ton épaule.
Tout a changé et pourtant, tout reste semblable : mes kilos en plus, tes cheveux en moins, le nombre de nos enfants, l’endroit où nous vivons, nos hobbies, nos occupations… tout est en mouvement et pourtant nous sommes là.
Alors oui, la berceuse de mon cœur sera toujours liée à toi, à nos moments, à notre amour, au rythme de ton souffle et aux éclats de mon rire quand tu me fais une blague, le soir au fond de nos lits chauds et douillets.
Je peux m’endormir en te sentant proche, confiant, aimant.
Et entendre encore et toujours tes mots : « Tout va bien, rendors-toi, je suis là… je t’aime ».
Et moi aussi,
Je t’aime.