Je nourris à mon égard une grande… - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Je nourris à mon égard une grande…

femme devant un miroir
Aurélie Gonzalez 19 mars 2023
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Il y a quelques semaines de cela, je participais à un temps d’échanges fort intéressant sur la difficile thématique de la prévention face aux abus sexuels. L’une des intervenantes, professionnelle de l’enfance, dégageait une grande sérénité. Elle dévoila alors sans détour ni gène une anecdote éducative. Alors que l’objectif de cette réunion était  d’apprendre à sensibiliser les enfants à leur corps et à la notion de consentement, et donc de ne pas forcer les gestes d’affection, elle raconta avec un petit rire facétieux qu’à une époque elle avait promis un billet à son fils… pour qu’il embrasse sa vieille tante mourante. La tante ravie, pouvait s’en aller en paix, l’enfant riche de ses nouveaux deniers se réjouissait de son futur achat, et la mère soulagée, se félicitait de cette bienheureuse affaire. L’assemblée a ri de cette entorse manifeste au principe de consentement. Au lieu de se confondre en justifications coupables, cette femme incroyable a dit alors

« Mais je me suis pardonnée cela, car voyez-vous, je nourris à mon égard une grande amitié »

J’en suis restée toute chamboulée, et aujourd’hui encore je repense à cette phrase magnifique, pleine de bon sens et de douceur, en me retournant la réflexion : mais oui, pourquoi, t’es pas ta meilleure pote ? Kiffe-toi un peu plus, diantre !

J’ai donc essayé, dans notre contexte actuel difficile personnel de grippes et gastro infantiles cumulées et répétées, de nuits hâchées, d’occupation professionnelle quelque peu avortée, de patience mise à rude épreuve, d’entretenir ce si doux et empathique discours. Tandis que je commençais à me fustiger d’avoir envie de fuir les brassées de linge souillé, les pics de fièvre ponctués de sempiternels « Mamaaaaaan », et de rendez-vous chez le médecin réguliers,

j’ai entendu la voix de ma meilleure amie (et pas la mienne) :

« Hey, mais c’est normal, c’est pénible les enfants malades : 10 jours que tu sors pas de chez toi, HS, que t’as pas trop d’espace, et que tu prends un retard considérable au boulot… Mojito ?? »

Sur quoi, rassérénée et parce-qu’il était 08h30, je pris une tisane de thym citronnée, espérant chasser les mauvaises particules qui tenteraient de s’emparer du peu d’énergie qui me restait pour combattre la morosité ambiante (bien qu’un mojito ou un grog fut de toute évidence bien plus efficace).

Alors pourquoi est-on si dure avec soi-même ?

Offrir les plus intelligentes et ludiques activités à nos enfants, frotter les carreaux avec le sourire et briller au boulot tout en chassant le bout de gras… Non-stop ? Sérieux ? Impossible, tu ne souhaiterais pas cette pression constante à ta meilleure amie : « Nan mais laisse tomber, t’es une fille géniale, mais t’es juste humaine ! »

Chercher la perfection dans tous les domaines, tout le temps, c’est Don Quichote et ses moulins, ça ne rime à rien. Tu écopes probablement d’une profonde blessure narcissique si tu penses que tu n’es digne d’intérêt et d’être aimée que si tu brilles sur tous les tableaux, et pas si tu es juste toi-même. Peut-être qu’on ne t’a jamais appris à t’aimer juste pour ce que tu es, que la barre était toujours plus haute, que les exigences étaient toujours plus grandes ?

Mais la clef de la sérénité, c’est l’acceptation de soi, et la confiance en soi et en la vie.

C’est pouvoir penser et se dire quand ça ne va pas toute une farandole de gentillesses aux couleurs pastels :

– Hey, hammam – coupe de champ’ ? Tu le mérites bien ma beauté, t’en chies un peu, là ! ;

– M’enfin, don’t worry, ta fille ne retiendra pas que tu l’as trainée 10 mètres par le bras parce-que ça faisait 20 min que tu négociais la sortie du parc, qu’elle avait décidé qu’elle ne bougerait pas d’un iota et que tu avais eu une dure semaine… Meuf, t’as fait de la pâte à sel pendant une heure après, tu étais toute dispo pour elle toute la journée et la plupart du temps t’es hyper patiente ! ;

– Non mais, t’as lâché et t’as opté pour un MacDo, y a pas mort d’homme pour un fast-food occasionnel ! :

– T’as super bien réussi ton trait d’eye-liner ce matin, c’est canon !

– Sois pas si dure avec toi-même, coupine, on a tous le droit de se tromper et tu feras mieux demain.

Et encore tant d’autres…

S’accepter dans son imperfection, se pardonner ses écueils :

c’est un exercice difficile qui demande d’abord de faire un arrêt sur image et de prendre conscience de ce mécanisme sapeur de moral. C’est se dire et s’autorise d’être déjà « bien assez ». Bien assez là, bien assez aimante, bien assez soucieuse de bien faire. Ça demande de s’entrainer dur quotidiennement, au même titre que des affirmations positives répétées inlassablement ; mais c’est salutaire, pour pacifier les rapports à soi et aux autres. Bonus : donner l’exemplarité de cette douceur envers soi permettra peut-être à tes enfants de ne pas courir après cette perfection irréelle, moteur déraisonnable d’une course infernale avec épuisement moral assuré.

Alors keep calm and love yourself, bestie ! Parce-que t’es Fabuleuse mais que tu ne le sais pas encore 😉



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Cet article a été écrit par :
Aurélie Gonzalez

Maman trentenaire de jumelles nées en janvier 2018, Aurélie s’interroge sur tous les changements liés à la maternité, sous l’œil bienveillant de son Fabuleux depuis bientôt 10 ans. Logisticienne de formation et d’expérience mais littéraire de cœur, elle confie ses doutes, ses craintes, ses coups de gueule mais aussi ses bonheurs simples sur son blog personnel.
https://ohreillyandherself.wordpress.com

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