Votre conjoint et vous rêvez d’aller vivre ailleurs ?
Dans une région exotique, où tout est découverte, plaisir et volupté ? Vous y pensez depuis longtemps, vous vous dites que c’est une superbe opportunité pour la vie de famille. Ou alors c’est une vie que vous vivez depuis toujours car votre conjoint est militaire.
En tous cas, au moment où le projet d’expatriation prend forme dans la réalité, les choses s’opacifient.
Quitter votre lieu de vie actuel, résilier les abonnements divers, annoncer le départ aux proches, trouver école et maison dans le pays de destination, la charge mentale s’alourdit d’un coup.
Comprendre, pour celles dont c’est le compagnon qui est muté, qu’une fois arrivés sur place, c’est sur vos épaules que repose l’installation de tous, la tâche de re-créer votre nid, de s’assurer que les enfants seront bien à l’école, de soutenir votre conjoint qui démarre un nouveau job, de créer un réseau social, parfois dans une langue étrangère.
Apprendre que votre conjoint et vous, pour les besoins du travail de celui qui est muté, allez être séparés pendant trois mois, et puis vous retrouver avec cette question, tout en bas de la to-do-list :
« Et moi, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire là-bas ? »
Cette question, 3 femmes que j’ai accompagnées récemment y ont trouvé une réponse, chacune à leur façon.
Lise me contacte peu de temps avant son retour en France, depuis une expatriation dans un pays d’Afrique. Pendant ces quelques années elle s’est occupé de ses enfants et engagée dans quelques projets associatifs, elle a noué des liens amicaux et visité la région. La perspective de son retour en France apporte son lot de joie, mais aussi d’angoisses. Parmi ces dernières, une question : Finie la « vie oisive », il va falloir que je me mette au travail. Mais pour faire quoi ?
Aurélie s’apprête à quitter la France pour un pays d’Asie. Elle est enseignante et doit faire face à plusieurs défis. D’abord, son mari est déjà sur place avec peu d’occasions de rentrer en France. Elle est inquiète à l’idée de passer cinq mois loin de son mari, seule avec ses trois enfants et son travail. Ensuite, elle ne sait pas très bien à quoi s’attendre concernant les modes de vie là-bas, et pas à l’aise en anglais. Quand le projet d’expatriation est annoncé, elle m’adresse ses deux plus grandes questions :
- Comment survivre sans mon mari pendant cette période de préparatifs ?
- Et quoi faire de cette occasion qui m’est offerte de vivre autre chose ?
Marine est artiste. Je l’accompagne depuis quelques mois déjà quand elle m’apprend que son mari est muté dans un pays de Méditerrannée. Elle est enthousiaste mais appréhende de devoir « tenir la maison » pendant le temps que durera la prise de poste de son mari, et ainsi de voir son activité, en pleine expansion et dont elle a un besoin vital, mise de côté.
Voici comment elles ont répondu, chacune, à leurs questions et inquiétudes :
Lise se réjouit de ce retour en France, qu’elle attend depuis longtemps, sauf en ce qui concerne son projet professionnel. Elle me dit :
« J’ai la sensation d’avoir vécu entre parenthèses, presque “planquée” pendant ce quelques années, et je me dis qu’en France, personne ne voudra de mes compétences ».
Avec Lise, nous passons du rêve à la réalité : je lui propose de traduire ses questions en réalités bien concrètes. Jusqu’à ses compétences professionnelles. En plongeant dans son parcours et dans ses aspirations, nous faisons émerger un projet qui fait vibrer Lise, et qu’elle ne se sent pas tout à fait capable de mener à bien. Avec mon aide pourtant, Lise parvient rapidement à écrire ce projet et ses différentes phases, jusqu’à se sentir prête et très excitée à l’idée de le mettre en place dans l’année de son arrivée en France.
Aurélie se sent plombée par l’absence de son mari pendant ce bouleversement qu’elle gère toute seule, avec trois enfants en bas âge dans les pattes. Elle a d’emblée une expérience de ce que cette expatriation peut avoir de lourd et de stressant. Elle est également très émue de devoir quitter ses élèves et se sent chamboulée tout le temps. Il me semble urgent de remettre du plaisir là-dedans, et lui pose cette question :
« À quoi cette expérience de trois ans ressemblerait-elle si elle était fantastique pour toi ? »
Je lui propose de faire un exercice qui permet de se projeter dans une situation en faisant appel, non plus à son mental, mais à ses cinq sens. Aurélie produit un travail qui parle en image de tout ce qu’elle aimerait vivre « là-bas ». Le sourire revient sur son visage.
Je remarque que son travail parle de tout ce qui la ressource, et que nous avions identifié lors d’une précédente séance. Aurélie comprend donc, grâce à cet exercice, qu’elle aimerait que cette expatriation rime pour elle avec sport, plaisir et détente. Une parenthèse ressourçante, que je lui suggère de démarrer dès son arrivée en Asie, par au moins une activité de détente régulière. Ce qu’elle a repéré de la destination lui permet de choisir l’activité « détente » la plus facile à réaliser pour elle : elle l’intègre à son planning d’arrivée, en attendant d’être en mesure d’augmenter les plages de ressourcement dans son agenda, une fois que tous auront pris leur marques.
Marine, elle, n’est pas prête à renoncer à son travail d’artiste et craint de le voir englouti dans les tâches liées à l’installation de la famille. Nous déterminons ensemble les formes que pourrait prendre son activité professionnelle, faisons le tri de ses différents projets artistiques. Elle en choisit un sur lequel concentrer ses efforts. Nous déterminons ensemble des occupations qui ont le double avantage de répondre à ses besoins fondamentaux en même temps qu’elles lui permettront de récolter un matériel riche pour son projet professionnel.
Elle souhaite aussi apprendre la langue du pays, et compose son agenda en réservant trois matinées par semaine à son activité professionnelle, axées sur la recherche et la collecte d’informations. Avec la ferme intention d’augmenter les plages de travail au fur et à mesure que l’installation progresse, lui libérant ainsi du temps pour passer à la phase de réalisation.
Quand les femmes que j’accompagne s’apprêtent à changer de vie, je suis toujours attentive à ce qui les inquiète, aux questions qu’elle se posent, nombreuses. Et puis, c’est souvent moi qui leur propose de lever le nez de la montagne de papiers à traiter pour leur proposer de réfléchir à leurs aspirations. Qu’elles partent loin, ou dans la ville d’à côté, quand le quotidien est bouleversé, le risque est toujours de s’oublier dans cette nouvelle vie.
Lise a décidé que ce retour en France serait l’occasion de créer son activité professionnelle sur mesure, Aurélie a choisi de prendre cette expatriation comme une parenthèse ressourçante, et Marine de s’appuyer sur ce qu’elle y vivra pour enrichir son travail artistique.