"J’aime pas les mariages" - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

« J’aime pas les mariages »

Hélène Bonhomme 24 août 2017
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Il y a des années comme ça, où vous êtes invitée à 12 mariages. Formidable excuse pour s’acheter 12 nouvelles tenues complètes 🙂 Petits fours, sourires brights et piste de danse… Sauf que les mariages, moi, ça m’a longtemps fichu le cafard.

Il y a quelques semaines, j’ai eu la joie et la fierté de la grande soeur qui assiste, émue, au mariage de son frère avec une charmante, belle et fabuleuse personne.

Au cours de la soirée, mon père s’est approché de moi, et on a papoté tous les deux, au milieu de la fête. Il a dit avec un peu de mélancolie : “Lors des mariages des autres, je repense au mien… à mon immaturité de l’époque.”

Avec ces quelques mots, il a résumé précisément le malaise que je ressens à chaque fois que je vais à un mariage, depuis que je suis moi-même mariée : j’aime énormément faire la fête et me réjouir avec les tourtereaux, par contre ce que je n’aime pas, c’est me souvenir des erreurs que j’ai faites à l’époque de notre propre mariage à nous…

Les dernières années, lors des cérémonies où j’étais invitée, je me mettais à me triturer l’esprit avec des regrets concernant notre propre jour J. Et je précise bien que ces regrets ne concernaient ni le choix de la robe, ni le choix de la salle, ni celui du photographe.

Après 8 ans de vie commune, on s’en fout de ce menu qui nous avait tant préoccupé… Après 8 années à sortir ensemble les poubelles, on s’en fout de ce plan de tables qui nous avait tant cassé le cerveau.

En voyant les sourires rayonnants des mariés, j’étais renvoyée à mon immaturité de l’époque, aux couacs relationnels de notre propre grand jour, et puis surtout à tous les autres couacs de couple qui ont suivi, tous ces pétages de plomb qui sont bien loin des voeux que j’ai prononcés, une journée de février 2010, devant plus de 400 personnes.

Quand je revois, sur la photo posée discrètement sur la commode du salon, cette jeune femme que j’étais il y a 8 ans, lisant effrontément ses promesses, j’ai envie de lui dire :

“Tu ne sais même pas de quoi tu parles, jeune Padawan.”

Ce qui me fiche le cafard lors des mariages, c’était d’être ramenée à cette naïveté arrogante de mes 23 ans, où je me voyais en superhéroïne de la vie à deux qui ne ferait certainement pas les mêmes erreurs des autres l’ayant précédée.

Il y a quelques temps, donc, mon frère s’est marié.

Les tourtereaux m’ont demandé de faire une lecture pour l’ouverture de leur cérémonie. J’ai choisi ce texte de Christiane Singer dont je vous copie un extrait :

“Entre le désir profond de se lier, de s’engager corps et âme, et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, d’échapper à tout lien, quel tohu-bohu ! Or, pour vivre ces exigences contradictoires et d’égale dignité sans être écartelé, il n’y a aucun secours à attendre ni de la philosophie, ni de la morale, ni d’aucun savoir constitué. Il est probable que les seuls modèles adaptés pour nous permettre d’avancer sont la haute-voltige et l’art du funambule. Un mariage ne se contracte pas. Il se danse. À nos risques et périls.”

Christiane Singer, Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies

Dans le processus qui m’a conduit à rechercher ce texte, le lire pour moi-même puis le mettre en voix, j’ai réalisé qu’au fond, ce malaise lorsque je vais à un mariage vient de ma déception :
Non, on ne peut pas résumer la vie du couple à des “il faut” et des “il ne faut pas”.

Le couple, c’est de la haute-voltige. Ça demande un entraînement acharné, c’est dur, flou, incompréhensible, décevant, risqué, et parfois ça fait mal, et d’autres fois ça fait vraiment très très mal.

Tout ça, je l’ignorais lorsque je me suis embarquée dans l’aventure. Et ce malaise lors des mariages des autres, au fond c’est du perfectionnisme : m’en vouloir de ne pas avoir su. M’en vouloir d’avoir été arrogante en pensant que tout ceci serait une jolie balade de santé.

Je ne pensais pas que la vie de couple me testerait à ce point. Que la vie de famille me testerait à ce point. Mais ce malaise lors des mariages : 

J’ai décidé de l’ignorer.

Parce qu’en effet, j’ai pas mal de “peut mieux faire” dans le bulletin de mon passé.  Mais si je n’avais pas été testée, pressée comme un citron, parfois dépitée, découragée, insatisfaite, où aurais-je trouvé l’énergie que j’ai déployée pour changer, et que je continue de déployer pour rester en constante évolution ?

Non je ne suis pas parfaite, non mon mari ne l’est pas, oui l’équilibre de notre couple est toujours bancal. 

Mais c’est en marchant sur ce fil, en penchant tantôt à gauche tantôt à droite, que nous découvrons que la vraie vie est une vie de funambule, avec ses moments spectaculaires mais aussi ses potentielles catastrophes.

L’art du funambule demande beaucoup d’entraînement et mine de rien, en m’embarquant dans la vie de couple et de famille, c’est justement dans la difficulté que j’ai progressé. Même si je ne m’y attendais pas (ce qui au final, n’était pas plus mal – sinon je n’aurais peut-être pas tenté l’aventure).

Comme l’a dit Steven Furtick :

We are better under pressure

Je vous laisse en priant pour qu’aucun de mes amis ne regrette de m’avoir invité : j’aime les petits fours, j’aime les belles robes, j’aime les lâchers de colombes et j’aime votre fraîcheur à vous jeunes mariés.



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Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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