“J’ai mes règles” : bonne excuse ou bonne raison ? (d’être chiante) - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

“J’ai mes règles” : bonne excuse ou bonne raison ? (d’être chiante)

Hélène Bonhomme 14 juin 2017
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“T’aurais pas tes règles toi ?”

“Ah ben si.”

Je pleure sous la douche. Pourquoi je pleure ? Je ne sais pas. Pourquoi sous la douche ? Ça je sais. Parce que ça résonne. Péter les plombs dans la salle de bains, ça rend les choses encore un peu plus réelles. Croiser ses yeux rougis et son visage bouffi dans le miroir, en voilà un formidable facteur d’accroissement de la complaisance envers soi.

Donc, je pleure sous la douche.

Et je ne sais même pas pourquoi. Il était question des vacances d’été, puis de la réparation de la voiture. Je ne sais pas comment on en est arrivés à parler menu de la semaine. Quoi qu’il en soit, j’ai remis sur le tapis la fois où il m’avait fait une remarque sous prétexte qu’il était fatigué et moi enrhumée. C’est à ce moment-là que ça a dégénéré.

Il y a eu des claquements de porte.

Et depuis, je les laisse tous faire leur vie sans moi. Je suis sous la douche et depuis un bon quart d’heure, je pleure bruyamment, je sanglote expressément, j’enrage lamentablement.

J’ai du mal à croire que je puisse être une telle sorcière des sanitaires. Mais cette petite touche de culpabilité, je la rembarre direct : après tout, c’est pas de ma faute cette outrecuidance masculine d’aller bien alors que moi j’ai envie d’aller mal.

Au fur et à mesure, j’augmente la température de l’eau (oui je sais, c’est mal pour le portemonnaie, pour l’environnement et pour la circulation sanguine.)

Et tout à coup, dans les méandres de mon dialogue intérieur, le chaos s’organise. Enfin, je comprends.

“T’aurais pas tes règles toi ?

Ah ben si.

Tout s’explique.

Enfin une explication rationnelle.

Je sais même pas pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt. »

J’ai mes règles. J’ai mes règles, putain ! Et le premier qui m’adresse la parole, il se prend ma coupe menstruelle dans sa gueule, compris ?”

J’ai mes règles. Mes ragnagna. Mes petites affaires. Mes trucs de filles. Appelez-les comme vous voulez.

Quand j’étais au collège, j’aimais bien écrire “indisposée” comme mot d’excuse pour pouvoir rester sur le bord de la piscine, et pas avoir à montrer mes bourrelets à tous les mecs de la classe.

Sauf que la vie de famille, c’est pas comme les cours de natation.

Tu peux pas mettre un panneau “indisposée” sur la porte de ta chambre. Les enfants savent pas lire. Quant aux fabuleux, ils savent lire, mais ça change rien, ils ne voient pas le problème.

Le problème, tu veux que j’te dise ?

C’est que j’ai le ventre qui se déchire, l’appareil génital qui saigne et la tête en vrac. Faut pas que j’oublie de mettre des tampons dans mon sac en partant, sinon c’est Vaison-la-Romaine. Si y’a pas de lavabo dans les toilettes, je meurs de stress. Ces jours-là, je me trouve dégoûtante.

Mon mari aussi je crois. Me voir saigner, ça lui plaît pas. C’est clair qu’en termes d’attirance sexuelle, c’est pas folichon de penser à ce qui se passe vraiment à l’intérieur. Bref, quand j’ai mes règles, je me sens sale. Et pire encore, je me sens chiante.

“Oui mais même 3 jours avant, t’es tout aussi chiante. Pourtant tu saignes pas.”

“Oui alors ça, c’est le syndrome prémenstruel tu vois. Ouais enfin laisse tomber. Tu peux pas comprendre.”

En effet, mon homme ne peut pas comprendre… et il n’y est pour rien. Techniquement, il ne pourra jamais vraiment savoir. Et techniquement, il ne me juge pas. Alors partons du principe que la solution ne consiste pas à le lyncher. Mais de me concentrer sur la source de mes tourments :

le cycle menstruel.

Ou period en anglais. Cette machination qui porte bien son nom : cycle, période, bref on prend le même utérus et on recommence. Tous les 28 jours. Pendant 35 ans. (Après il y autre chose, la ménochose, j’y suis pas encore et j’ose pas vraiment y penser.)

Bon alors ce cycle, on peut pas vraiment s’en débarrasser.

Alors on fait quoi ?

  1. On enrichit son vocabulaire

Peut-être qu’en fait, on n’est pas chiante. Peut-être qu’en fait, on se sent vulnérable. Un peu plus fatiguée que d’habitude. À fleur de peau. Hypersensible, fragile, un brin abattue ou émotive. Parce que notre corps, fabriqué pour pour abriter la vie, vient d’apprendre qu’il n’abritera pas la vie ce mois-ci. Chimiquement, il a besoin de faire le grand vide intersidéral. Bonnes élèves, les hormones accompagnent ce processus de grand ménage et nous mettent la tête et le coeur en vrac. Voilà, là on est dans les faits. Chiante, ce n’est pas les faits : c’est une interprétation. On est vulnérables. Nuance 😉

  1. On annule ses rendez-vous

Autant que faire se peut, j’entends. Certes, on ne peut pas disparaître de la circulation 5 jours par mois.

Allez expliquer à votre patron que vous ne verrez pas le plus gros client de la boite aujourd’hui, pour raisons d’hypersensibilité due à un ovule non fécondé. Pire, allez expliquer à vos enfants qu’il n’y aura pas de petit-déjeuner ce matin et pas non plus jusqu’à vendredi, quand maman ira mieux.

Cela dit : on n’est pas obligée de faire, pile ces jours-là, des maxi courses dans un supermarché bondé. On n’est pas obligée d’avoir du monde à la maison. On peut s’organiser un peu à l’avance pour ne pas avoir de grosse deadline professionnelle à ce moment-là.

Et peut-être même, parce que Monsieur est en déplacement et que vraiment, on se sent pas d’être seule pour coucher les enfants, appeler une baby sitter à la rescousse pour le fameux 18-20h (en priant bien sûr pour que celle-ci n’ait pas ses règles à ce moment précis. Deux chieuses hypersensibles dans la même pièce, je vous raconte même pas !)

  1. On choisit ses sujets de conversation

Que les choses soient claires : les règles ne sont JAMAIS le moment pour parler : de l’une ou l’autre belle-famille, de la logistique des prochaines vacances, de l’orientation post-bac de l’aîné, de où on passera le 24 décembre, des “on ne se voit pas assez” ni des “tu ramasses jamais tes slips”. On n’a plus rien à se dire du coup ? Eh ben on regarde un film. Et on attend que ça passe. Les bad days sont cycliques : bonne nouvelle, les good days aussi !

En contrepartie de 5 jours de galère, on observe bien : dans une quinzaine de jours, on va péter le feu (pour une raison inconnue répondant au doux nom d’ovulation), et on aura la force de changer le monde.

C’est de ce moment-là qu’on profitera pour régler nos comptes entre partenaires.

Alors, les règles, fausse excuse ou vraie raison ?

Je dirais surtout : bonne excuse pour oser prendre un peu plus soin de soi et bonne raison pour apprendre à se connaître, et peut-être même à s’aimer encore un peu plus.

P.S. Avis au fabuleux : tu peux pas comprendre.

Mais c’est pas grave ! Par contre tu peux quand même regarde ça (en anglais sorry) :

Voilà.

Il paraît que je suis une créature créatrice et fabuleuse ; complexe et mystérieuse. Cool nan ? Parfois, je dois confesser que je suis un peu jalouse. Toi au moins, tu n’as pas à gérer ça. M’enfin, je n’ai pas non plus à gérer (ni à comprendre) ce que c’est d’être dans un corps masculin. Allez bisous mon chéri.

Et fabuleuses règles à toutes !

Dans la joie et la bienveillance… envers soi.



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Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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